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Productions végétales

Un bon départ, c’est déjà ça

Fabrice Genin, responsable des productions végétales annuelles à la Chambre d’agriculture, évoque la fin des semis en Côte-d’Or.
Par Aurélien Genest
Un bon départ, c’est déjà ça
Les levées sont bonnes dans la plupart des cultures.
Tout ce qui devait être semé l’a normalement été. «Le retour des pluies était annoncé la semaine dernière, les agriculteurs se sont dépêchés de tout finir à temps» retrace le Côte-d’orien Fabrice Genin. Les cultures d’hiver sont aujourd’hui ensemencées dans leur très grande majorité et force est de constater que tout s’est assez bien déroulé. «Au début, il y avait beaucoup d’interrogations sur les semis de colza avec le sec du mois d’août. Les parcelles n’avaient pas été faciles à travailler et les levées se faisaient attendre. Heureusement, les pluies de début septembre ont tout arrangé. Aujourd’hui, le colza pousse bien, peut-être même un peu trop par endroits» poursuit le responsable professionnel de la Chambre d’agriculture.

Les semis de blés, orges et moutardes se sont déroulés quant à eux dans de très bonnes conditions : «c’est forcément un bon point», poursuit Fabrice Genin, «dans certains secteurs, cela assure déjà un bon potentiel pour la prochaine récolte. Pour d’autres, notamment les plateaux, il ne faut surtout pas s’enflammer car il peut se passer beaucoup de choses d’ici le passage de la moissonneuse. Nous l’avons constaté ces dernières années : les cultures peuvent être magnifiques jusqu’au 30 mai et finalement ne rien donner si un pépin climatique survient».

De plus en plus tard
Une nouvelle attitude des exploitants se dégage cette année : celle de semer de plus en plus tard. Fabrice Genin détaille d’ailleurs ce dernier point : «cette tendance ne date pas d’hier mais elle est effectivement de plus en plus marquée. Toutes nos organisations professionnelles nous poussent dans ce sens. Les dates de semis sont retardées dans un but bien précis : favoriser une levée et une destruction préalables des adventices. Vulpins, bromes, ray-grass: tout ce qui peut lever avant le semis peut être plus facilement éliminé. Nous avons de moins en moins de solutions de désherbage chimique alors il faut s’adapter. Cela n’est pas sans risque car en semant tard, nous retardons la moisson et nous nous exposons davantage à un coup de sec ou à un coup de chaud pouvant survenir en juin. Il est également moins facile de travailler en octobre avec des journées plus courtes et un temps parfois moins propice, mais nous ne pouvons pas faire autrement devant un certain nombre d’impasses techniques. Tout semer avant début octobre est devenu un suicide d’un point de vue désherbage».

Statut-quo dans l’assolement
La sole de Côte-d’Or ne devrait pas beaucoup changer cette année selon l’élu de la Chambre : «je pense que le blé représentera encore 35 à 40% de la sole de la plupart des exploitants. Le colza est peut-être la culture qui a livré les meilleures surprises lors de la dernière récolte mais il devrait rester entre 20 et 25% de la sole. Je ne pense pas qu’il y en ait davantage cette campagne. Ceux qui en feront le plus en auront près de 35%. À ce niveau-là, le colza revient dans les mêmes champs tous les trois ans, ce qui est déjà très court». Fabrice Genin ne pense pas à un allongement significatif des rotations  : «sur le plateau, sortir du traditionnel colza-blé-orge représente une importante prise de risques. Avec le contexte pédo-climatique que nous connaissons depuis plusieurs années et la nouvelle moisson décevante réalisée par de nombreux exploitants en 2017, je ne suis pas certain qu’il s’agisse de la période la plus propice pour tenter des coups de poker. Sur la plaine, où les résultats ont été nettement meilleurs cette année, l’heure est davantage au colmatage des brèches de 2016. Je ne pense pas qu’il y ait de véritables révolutions cette année. De toute façon, les possibilités sont plus que limitées».

L’hiver pour se former

Convaincu des bienfaits de la formation, Fabrice Genin invite le plus grand nombre d’exploitants à s’inscrire dans une ou plusieurs sessions proposées par les organisations professionnelles cet hiver  : «le travail dans les champs est moins dense durant cette période et il est plus facile de se libérer. Le monde agricole est en pleine évolution et a constamment besoin de se former. La capacité des agriculteurs à prendre les bonnes décisions devient une notion de plus en plus capitale dans le métier. De nombreux domaines sont concernés, il y a beaucoup à apprendre sur les marchés, la gestion de son exploitation, les investissements, la comptabilité, la compréhension du bilan la connaissance de son seuil de rentabilité et j’en passe... il ne faut surtout pas hésiter à se former».