Assemblée générale d’Interbev Bourgogne Franche-Comté
«Travailler tous ensemble» pour «que l’argent aille au bon endroit»
L’assemblée générale d’Interbev Bourgogne Franche-Comté s’est déroulée à Chailly (21). Une AG élargie qui a permis de réfléchir sur les conditions d’une montée en gamme et du développement des labels, pour booster le produit viande. Avec comme toile de fond, la nécessaire révision de la formation du prix fait au producteur et l’élargissement de la contractualisation.

C’était une grande première pour Interbev Bourgogne Franche-Comté qui a décidé d’ouvrir les portes de sa dernière assemblée générale, le 27 juin dernier à d’autres publics. Il faut dire que depuis les Etats Généraux de l’agriculture et de l’alimentation les rebondissements n’ont pas manqué. Les enjeux se sont aussi précisés au fil des mois et à mesure que le plan de filière viande bovine BFC se construisait. «Ce plan a le mérite d’exister» convient Jean-Pierre Fleury, président d’Interbev Bourgogne Franche-Comté «mais encore faut-il qu’il soit appliqué...» «La commande publique doit montrer l’exemple en orientant mieux ses achats» alors «qu’il y a beaucoup trop d’import dans le haché», au détriment de la qualité, comme le dernier scandale du marché du steack polonais vient malheureusement de le démontrer. «On voit là une des conséquences d’une dérive européenne dans les appels d’offres» martèle le président d’Interbev BFC rappelant que les professionnels français ne sont pas surpris : «ce qui devait arriver arriva...» et confirme «la nécessité de s’attaquer sans attendre à la révision des appels d’offre européens».
Inquiétude face à la stratégie européenne
Le dossier européen n’est donc pas exempt de sérieuses inquiétudes mais la filière bovine française est aussi confrontée à une multiplication des attaques de groupes d’activistes qui cherchent à saper les bases mêmes de l’élevage et «visent les éleveurs et tous les professionnels de la filière au coeur» comme l’explique Jean-Pierre Fleury.
Pas facile sans ce contexte perturbé et perturbant d’évoquer la montée en gamme du produit viande, alors que l’on se trouve confronté au dictak d’accords internationaux de libre-échange comme le Mercosur, qui font voler en éclat les grands principes sur la qualité et la sécurité sanitaire... La signature de cet accord remue encore un peu plus le couteau dans la plaie. Quand on voit comment l’Europe se trouve débordée en interne sur la seule question des appels d’offre ont peut tout craindre quant au respect des engagements internationaux.
«Bosser ensemble» pour que «l’argent aille au bon endroit»
Le marché de la viande bovine résiste en France, mais les modes de consommation évoluent et la nécessaire adaptation à l’évolution des demandes pose question à l’ensemble des maillons de la filière. La table ronde organisée entre Pierre Cabrit (président de Fil Rouge, la fédération interprofessionnelle des viandes label rouge), Vincent Picq (groupe Shiever), Flavien de Voghelade (groupe coopératif Super U) et Emmanuel Bernard (vice-président de la FNB) sur le sujet de la montée en gamme et des labels, a mieux éclairé ce contexte franco-français. Le consommateur est en attente de tendreté, de qualité et de réassurance. La question toute simple, mais riche d’enseignements, posée à ces quatre professionnels aguerris : «Est-ce que ça va ?», montre dans toute la diversité des réponses, que la montée en gamme peut effectivement concourir au maintien de la consommation, voire participer à la reconquête de certains consommateurs. En GMS, le rayon traditionnel fait recette car justement il joue à fond la carte de la reassurance et de la proximité commerciale entre le client et le boucher. Le dialogue est essentiel et les démarches déjà engagées dans ce sens comme «Eleveur et engagé» contribuent à tisser des liens plus directs entre la filière bovine et les consommateurs. Le label rouge comme d’autre signes de qualité sont bien intégrés et reconnus par les consommateurs.
Tout le monde est d’accord pour «bosser ensemble», «se mettre autour d’une table», mais encore faut-il que les choses avancent et qu’enfin «l’argent aille au bon endroit». La transparence n’est toujours pas de mise dans une filière où «le producteur reste la variable d’ajustement du marché et des prix», comme le rappelle Emmanuel Bernard.
Les prix à la consommation augmentent régulièrement, les charges aussi, chacun répercute à son niveau les hausses, sauf le producteur. Chacun aussi peut jurer la main sur le coeur faire le maximum, mais dans la salle des vois s’élèvent : «on attend, on attend...» surtout la construction d’un prix plus «équitable». La notion de consommation et de prix équitable est maintenant bien intégrée par la plupart des consommateurs. Ils sont tout aussi sensibles à cet argument qu’à celui de la qualité et de la tendreté.
Une urgence économique
Les solutions existent pour adapter l’offre à la demande, fluidifier les échanges au sein de la filière bovine. Elles apparaissent au travers du plan de filière bovine : la montée en gamme, la revalorisation du haché, l’attachement au 100% muscle, l’engagement sociétal de la filière dans le cadre notamment du changement climatique, l’amélioration des pratiques d’élevage, la conclusion d’accords professionnels sur la base de contrats équitablement négociés, la défense de l’origine France.
Mais pour que l’on passe de la déclaration de principes à des actes concrets qui se traduisent par une augmentation du revenu des éleveurs, il faut vraiment se mettre autour d’une table et «travailler ensemble» à la définition d’un prix producteur qui prennent en compte les coûts de production en élevage.
Un peu de transparence ne devrait pas nuire à l’ensemble, comme le souligne Christian Decerle, président de la Chambre régionale d’agriculture BFC, qui relève que «ce grand rendez-vous collectif devient urgent et que ce sont des sujets à porter collectivement». Vincent Favrichon, directeur de la Draaf se veut «optimiste» dans sa conclusion «quant à la capacité des professionnels de la filière à relever ce défi collectif» alors que «26% des éleveurs se trouvent désormais sous le seuil de pauvreté». Ce chiffre révèle une situation d’urgence économique qui nécessite autre chose que des déclarations d’intention.
Inquiétude face à la stratégie européenne
Le dossier européen n’est donc pas exempt de sérieuses inquiétudes mais la filière bovine française est aussi confrontée à une multiplication des attaques de groupes d’activistes qui cherchent à saper les bases mêmes de l’élevage et «visent les éleveurs et tous les professionnels de la filière au coeur» comme l’explique Jean-Pierre Fleury.
Pas facile sans ce contexte perturbé et perturbant d’évoquer la montée en gamme du produit viande, alors que l’on se trouve confronté au dictak d’accords internationaux de libre-échange comme le Mercosur, qui font voler en éclat les grands principes sur la qualité et la sécurité sanitaire... La signature de cet accord remue encore un peu plus le couteau dans la plaie. Quand on voit comment l’Europe se trouve débordée en interne sur la seule question des appels d’offre ont peut tout craindre quant au respect des engagements internationaux.
«Bosser ensemble» pour que «l’argent aille au bon endroit»
Le marché de la viande bovine résiste en France, mais les modes de consommation évoluent et la nécessaire adaptation à l’évolution des demandes pose question à l’ensemble des maillons de la filière. La table ronde organisée entre Pierre Cabrit (président de Fil Rouge, la fédération interprofessionnelle des viandes label rouge), Vincent Picq (groupe Shiever), Flavien de Voghelade (groupe coopératif Super U) et Emmanuel Bernard (vice-président de la FNB) sur le sujet de la montée en gamme et des labels, a mieux éclairé ce contexte franco-français. Le consommateur est en attente de tendreté, de qualité et de réassurance. La question toute simple, mais riche d’enseignements, posée à ces quatre professionnels aguerris : «Est-ce que ça va ?», montre dans toute la diversité des réponses, que la montée en gamme peut effectivement concourir au maintien de la consommation, voire participer à la reconquête de certains consommateurs. En GMS, le rayon traditionnel fait recette car justement il joue à fond la carte de la reassurance et de la proximité commerciale entre le client et le boucher. Le dialogue est essentiel et les démarches déjà engagées dans ce sens comme «Eleveur et engagé» contribuent à tisser des liens plus directs entre la filière bovine et les consommateurs. Le label rouge comme d’autre signes de qualité sont bien intégrés et reconnus par les consommateurs.
Tout le monde est d’accord pour «bosser ensemble», «se mettre autour d’une table», mais encore faut-il que les choses avancent et qu’enfin «l’argent aille au bon endroit». La transparence n’est toujours pas de mise dans une filière où «le producteur reste la variable d’ajustement du marché et des prix», comme le rappelle Emmanuel Bernard.
Les prix à la consommation augmentent régulièrement, les charges aussi, chacun répercute à son niveau les hausses, sauf le producteur. Chacun aussi peut jurer la main sur le coeur faire le maximum, mais dans la salle des vois s’élèvent : «on attend, on attend...» surtout la construction d’un prix plus «équitable». La notion de consommation et de prix équitable est maintenant bien intégrée par la plupart des consommateurs. Ils sont tout aussi sensibles à cet argument qu’à celui de la qualité et de la tendreté.
Une urgence économique
Les solutions existent pour adapter l’offre à la demande, fluidifier les échanges au sein de la filière bovine. Elles apparaissent au travers du plan de filière bovine : la montée en gamme, la revalorisation du haché, l’attachement au 100% muscle, l’engagement sociétal de la filière dans le cadre notamment du changement climatique, l’amélioration des pratiques d’élevage, la conclusion d’accords professionnels sur la base de contrats équitablement négociés, la défense de l’origine France.
Mais pour que l’on passe de la déclaration de principes à des actes concrets qui se traduisent par une augmentation du revenu des éleveurs, il faut vraiment se mettre autour d’une table et «travailler ensemble» à la définition d’un prix producteur qui prennent en compte les coûts de production en élevage.
Un peu de transparence ne devrait pas nuire à l’ensemble, comme le souligne Christian Decerle, président de la Chambre régionale d’agriculture BFC, qui relève que «ce grand rendez-vous collectif devient urgent et que ce sont des sujets à porter collectivement». Vincent Favrichon, directeur de la Draaf se veut «optimiste» dans sa conclusion «quant à la capacité des professionnels de la filière à relever ce défi collectif» alors que «26% des éleveurs se trouvent désormais sous le seuil de pauvreté». Ce chiffre révèle une situation d’urgence économique qui nécessite autre chose que des déclarations d’intention.
Les ressorts de la montée en gamme
Annick Jentzer, intervenante de la section bovine d’Interbev, est revenue sur la mise en oeuvre du plan de filière et ses enjeux. Un plan dont les engagements et les contours ont été définis collectivement au sein de la filière. Au centre du dispositif, la montée en gamme porte bien des espoirs de développement et de valorisation du produit viande.
La montée en gamme s’identifie visuellement par la recherche de plus de persillé, elle doit s’accompagner d’une revalorisation du haché, d’un travail technique sur les pratiques d’élevage et d’une plus grande présence à l’export. La reconquête du persillé répond à l’attente d’une plus grande tendreté du produit, mais il va falloir travailler à trouver des compromis entre l’aspect visuel (plus gras) et la tendreté. Une grille de mesure du persillé de la viande est à l’étude, certaines pratiques d’élevage favorisant aussi le développement harmonieux de ce persillé. La montée en gamme s’appuie également sur une grande ambition vis à vis du développement du label rouge. Ce label, synonyme de qualité est largement reconnu.
La contractualisation apparaît aussi comme le socle indispensable à toute démarche qualité, l’objectif en 2023 étant de parvenir à 30% de contractualisation. Un guide de la contractualisation devrait encadrer ces nouvelles règles du jeu commerciales. Parmi les grands points du plan de filière, le soutien à l’origine France en restauration hors domicile apparaît comme essentiel avec l’ambition d’atteindre en 2023 80% de viande française dans ce secteur important de la consommation de viande.
La montée en gamme s’identifie visuellement par la recherche de plus de persillé, elle doit s’accompagner d’une revalorisation du haché, d’un travail technique sur les pratiques d’élevage et d’une plus grande présence à l’export. La reconquête du persillé répond à l’attente d’une plus grande tendreté du produit, mais il va falloir travailler à trouver des compromis entre l’aspect visuel (plus gras) et la tendreté. Une grille de mesure du persillé de la viande est à l’étude, certaines pratiques d’élevage favorisant aussi le développement harmonieux de ce persillé. La montée en gamme s’appuie également sur une grande ambition vis à vis du développement du label rouge. Ce label, synonyme de qualité est largement reconnu.
La contractualisation apparaît aussi comme le socle indispensable à toute démarche qualité, l’objectif en 2023 étant de parvenir à 30% de contractualisation. Un guide de la contractualisation devrait encadrer ces nouvelles règles du jeu commerciales. Parmi les grands points du plan de filière, le soutien à l’origine France en restauration hors domicile apparaît comme essentiel avec l’ambition d’atteindre en 2023 80% de viande française dans ce secteur important de la consommation de viande.