« Se faire entendre »

Si le but des jugements de bétail est souvent la convivialité et le rassemblement des générations, celui des JA de Châtillon-en-Bazois, du 1er mars, ne dérogeait pas à la règle. Organisé dans l'exploitation de Cédric Émile à Fertrève, l'événement permit aux plus anciens d'accompagner les plus jeunes pour prodiguer quelques conseils sur la manière d'aiguiser leur « œil ».

Pour le président des JA du canton, François Loiseau, cette rencontre est donc une occasion de « transmettre cette passion » mais aussi un moment important durant l'hiver afin « de permettre aux éleveurs de se retrouver pour partager une journée et une soirée en dehors des fermes ; un bol d'air frais, surtout pendant la période de vêlage ».

Constater pour agir

Outre ce point, il revient sur un autre pan transpirant des jugements de bétail : « Comme ils sont ouverts à tous, ils nous permettent de présenter nos exploitations et la façon dont nous pouvons travailler. Cette transparence est nécessaire pour rappeler à tous que l'agriculture française est l'une, voire la seule, agriculture la plus saine du monde. Pour nous, ces jugements de bétail, ou les concours de labour, sont une manière un peu différente de se faire entendre sur nos problématiques du quotidien. Parmi elles, je pense notamment à la prédation, qui est un véritable problème sans solution viable apportée aux éleveurs. Et, je ne saurais le marteler assez fort : les moyens de protection proposés ne sont pas adaptés à nos systèmes de production. Cela engendre d'ailleurs une grande angoisse pour la mise à l'herbe prochaine des animaux (veaux et agneaux), au vu du nombre d'attaques ayant eu lieu en 2024. En parallèle, aujourd'hui, beaucoup d'élevages sont touchés par la FCO, avec une véritable perte sèche de revenus. Là encore, aucune perspective n'est présentée pour combler cela et nous avons malheureusement le sentiment d'être laissés à notre sort… À mon sens, les élus sont les seuls à pouvoir défendre notre survie et nos intérêts auprès des instances décisionnaires, mais faut-il encore qu'ils écoutent le terrain lorsqu'ils se rendent dans nos exploitations et qu'ils agissent en conséquence… Cela est valable pour nos métiers mais également pour la ruralité de manière générale, qui semble pour de nombreux sujets laissée-pour-compte (désert médical, etc.) ». Malgré un discours teinté d'inquiétude, il explique : « je ne perds pas l'espoir de voir les choses changer et évoluer pour le mieux pour pérenniser notre profession, car je suis un passionné, comme tous ceux qui ont choisi de se lancer dans cette voie professionnelle ». Cette passion pour l'agriculture continue donc d'être un moteur pour les JA de Châtillon-en-Bazois. D'ailleurs, ils participeront au comice de leur canton les 9 et 10 août. Ainsi, le 9 août, ils proposeront un concours de labour et le 10, ils défileront avec un char fait maison lors du défilé, alors rendez-vous à Châtillon-en-Bazois durant ces deux jours pour les rencontrer.