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Assemblée générale de la Safer de Bourgogne

Safer : priorité à l'installation... et aux projets viables

La Safer de Bourgogne a tenu son assemblée générale à Pouilly-en-Auxois. L'activité 2008 reste correcte, mais 2009 pourrait voir une baisse de l'activité. Pour mieux affronter l'avenir, la fusion avec la Safer de Franche-Comté est à l'ordre du jour. Le contexte foncier reste toujours aussi tendu.
Par Anne-MArie Klein
Si l'assemblée générale de la Safer de Bourgogne, qui s'est tenue le 3 juin dernier à Pouilly-en-Auxois, a dressé le bilan d'une activité plutôt satisfaisante en 2008, elle a aussi permis de comprendre comment s'oriente les choix lors des arbitrages. Fidèle à la volonté exprimée par son président, Jean-Louis Desbrosses, "de contribuer au développement équilibré des territoires bourguignons et de leurs exploitations", la Safer Bourgogne a présenté plusieurs cas de rétrocessions dans le cadre d'installations nouvelles.
Bon an, mal an, 37% des surfaces rétrocédées par la Safer le sont dans le cadre d'une installation, et c'est la plupart du temps le seul moyen pour un porteur de projet de trouver des terres en vignes ou des terres agricoles. Hors surfaces forestières, la part réservée aux installations atteint même 47% en Bourgogne. 170 dossiers ont ainsi été montés en première installation, pour près de 3000 hectares.
Avec une difficulté récurrente : on dénombre quatre demandes pour un hectare disponible. Un déséquilibre qui n'est pas prêt de se combler et qui oblige la Safer à raisonner au plus juste la répartition des rares terres disponibles. Le président a rappelé à cette occasion que [I]"l'installation demeurait la première mission de la Safer et le premier objectif du droit de préemption"[i]. Les outils sont toujours les mêmes : les acquisitions amiables et quand rien de va plus, la préemption... Toutefois, cet ultime recours "doit rester l'exception". Avec un objectif : stocker des terres quand c'est possible, pour anticiper les demandes et faciliter les montages. Car la plupart du temps -et les témoignages l'ont bien démontré- les techniciens conseils de la Safer doivent être capables d'envisager de délicats et savants montages pour optimiser une ou ou plusieurs installations.
En matière d'installation, rien n'est simple et il faut toute l'habileté et la force de persuasion des représentants de la Safer et des organisations professionnelles, pour éviter l'éclatement des exploitations. Sur le terrain, la concurrence est vive entre agrandissement et installation, la pression locale s'exerçant la plupart du temps en faveur de l'agrandissement. Difficile d'établir des règles strictes, mais certains critères orientent la réponse et encadrent la décision : la capacité professionnelle, la capacité financière, la situation du porteur de projet, le cadre dans lequel s'exerce l'activité, son intégration dans l'activité rurale... tout compte.
Les différents cas proposés à la réflexion de l'assemblée témoignent de cette ouverture à une analyse multi-critères qui n'intègre plus seulement l'orientation agricole de l'activité.

[INTER]Villeberny (21) : priorité à la maîtrise du foncier[inter]
En Côte-d'Or, Thomas, jeune agriculteur nouvellement installé, a pu mener à bien son projet et saisir l'opportunité de la reprise d'une exploitation "difficile à caser" et menacée d'éclatement. Dans ce cas particulier, la priorité a été donnée à la maîtrise d'un foncier atomisé, afin de faciliter la reprise de la totalité de l'exploitation. L'enjeu pour Thomas, c'était de disposer d'une exploitation mixte polyculture/bovins allaitants et bovins lait, viable. Pour le cédant, il s'agissait de valoriser un important investissement dans un bâtiment d'élevage aux normes. Un "plus" certes, mais qui fait singulièrement grimper le prix total de la cession. La réussite du projet efface les moments de doute intense, mais Thomas et sa mère, exploitante elle-même, reconnaissent que "sans un accompagnement exemplaire et un total engagement de sa famille aux côtés du jeune éleveur" rien n'aurait été possible.

[INTER]Langeron (58) : l'investissement, roue de secours de l'installation...[inter]
La situation du département de la Nièvre (fermages élevés, prix du foncier contenus et domaines étendus) est favorable aux investisseurs. L'un d'entre eux n'a pas hésité à investir ses fonds dans l'acquisition du Domaine de Rubis. Un domaine rendu "habitable" pour faciliter l'installation d'un jeune éleveur sélectionneur. En quelques mois, Guillaume a pu mener à bien son installation, non sans protéger son outil de travail par un bail de carrière de 35 ans. Déçus par les aléas boursiers, les investisseurs se tournent à nouveau vers la terre. La rentabilité n'est pas très élevée (environ 3%) c'est le foncier qui produira sa plus-value sur le long terme, à la fin du bail. Ce regain d'intérêt des investisseurs pour les terres agricoles encourage la Safer à détecter via internet les "bons" candidats à l'investissement, qui représentent autant d'opportunités d'installation pour de futurs fermiers.

[INTER]Saône-et-Loire : une chance pour deux projets[inter]
La Genete-Propriété Vieux étaient à prendre. Mais il s'est vite avéré impossible de remettre l'intégralité de la ferme et des bâtiments. La Safer s'est alors résolue à faire deux heureux à partir d'une situation pour le moins complexe (126 ha de SAU pour 52 propriétaires, une belle maison et deux poulaillers). Au final, Virgil, salarié agricole hors cadre familial, a pu s'installer en double activité en grandes cultures (une originalité en Bresse louannaise) ; un couple avec trois enfants a réalisé son rêve équestre (tout en assurant l'avenir de la petite école du village) et le solde de l'exploitation transmise a fait quelques heureux, en attente de surfaces complémentaires. En prime, les poulaillers pourraient reprendre du service, l'élevage des poulets apparaissant comme un complément possible à l'élevage des chevaux...

[INTER]A Saint-Privé (89) on a joué la carte de la ruralité[inter]
Il était séduisant de vouloir redonner vie à la ferme de la Planderie (Saint-Privé), mais tous les projets butaient sur la rentabilité économique de l'élevage porcin. Une partie du domaine a donc servi à une confortation, une autre partie a favorisé une installation en lait et enfin le reste du domaine et les bâtiments de la ferme ont permis l'ouverture d'une ferme pédagogique, "la ferme des Grenouillères". Depuis le projet initial à fait des petits. L'activité agricole initiale n'a pas pu être sauvée, mais la ruralité y a gagné et l'économie locale aussi : 4 couples et 5 enfants animent le domaine, deux emplois ont été créés, la Cuma profite de l'activité, le tourisme local est stimulé. La ferme pédagogique tourne a plein régime. Derniers projets en cours de réalisation : une micro-brasserie et quelques yourtes en plus...