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Ensilages de maïs

Que peut-on attendre de la récolte 2019 ?

La campagne de récolte 2019 des fourrages est une nouvelle fois atypique. Perturbée par le froid printanier et la canicule estivale, cette campagne est surtout marquée par un déficit hydrique important d’avril à septembre.
Par Thierry Crespo et Jean-Louis Deck, Alysé
Que peut-on attendre de la récolte 2019 ?
Les taux de MS des ensilages récoltés se situent entre 31 % et 35 % de MS contre 38 % l’an denier.
Les ensilages de maïs se sont terminés vers le 25 septembre. En général, les maïs sont restés «verts» en milieu de champ jusqu’à cette période dans les secteurs les moins pénalisés par le déficit hydrique. Dans les secteurs les plus sensibles, les récoltes se sont étagées du 15 août au 15 septembre. En règle générale, les conditions de récolte ont été satisfaisantes et les taux de MS des ensilages récoltés se situent entre 31 % et 35 % de MS contre 38 % l’an denier, c’est l’optimum et la conservation du fourrage devrait être bonne.
C’est au niveau des rendements que cette campagne se distingue des précédentes. En effet, le cumul de conditions climatiques peu favorables au printemps et en été a pénalisé la culture du maïs et notamment les semis les plus précoces. À «dire d’expert», on constate une forte hétérogénéité entre petites régions naturelles sur le département et en moyenne le niveau de rendement des ensilages de maïs sur le département est 40 % inférieur à celui d’une année normale (tableau 1).
Les premières analyses réalisées (110 résultats) montrent un taux d’amidon (présence de grain) inférieur de 10 points par rapport à celui de l’an dernier. Toutefois, en moyenne, le fourrage dispose d’une digestibilité (dMO) plutôt élevée grâce à une bonne digestibilité tige/feuille ce qui permet de maintenir une bonne valeur énergétique (tableau 2).

Un mini-laboratoire d’analyse chez Alysé
Depuis le 20 septembre, Alysé réalise des analyses de fourrages à Migennes, dans le cadre de la SAS Alliance Expertise Élevage avec l’appareil AgriNIR. C’est Jean-Michel Hugot, conseiller lait en Côte-d’Or, qui, tous les jeudis, traite les échantillons d’ensilage d’herbe, d’enrubannage et de foins, ainsi que les échantillons d’ensilage de maïs fermenté.

L’objectif de la coopérative est d’avoir des résultats d’analyse envoyés sous 48 heures après analyse, soit dans un délai de moins de sept jours après départ de l’échantillon de l’élevage.
Les autres types de fourrages (méteils, ensilage de maïs en vert…) sont envoyés au laboratoire Cesar dans l’Ain.
Depuis la mise en place du service, 80 analyses ont été réalisées.

« Qu’elle est votre analyse des premiers retours d’échantillons ? »

Pour une analyse plus approfondie nous avons posé la question à Thierry Crespo, nutritionniste chez Alysé : « On distingue deux profils de maïs : les «faibles digestibilité» et «tiges digestibles avec moins de 10% d’amidon». On retrouve seulement 7 % des analyses à plus de 23 % d’amidon. La digestibilité sur ces deux catégories est meilleure de trois points par rapport à l’année dernière avec cinq points de moins en amidon. Il serait intéressant de voir si les maïs peu digestibles correspondent aux maïs sur sol superficiel qui ont fortement souffert ? Si l’amidon n’est pas présent, les taux très élevés de sucre font penser que les maïs ont été ensilés alors qu’ils n’avaient pas atteint leur maturité. Les matières sèches correctes à 32 % et 35 % pour les deux premières classes montrent que les éleveurs ont su réagir à temps et ensiler avant que la plante ne soit complètement desséchée. On verra avec les prochaines analyses si ceux qui ont attendu pour gagner en amidon n’ont pas perdu en digestibilité. La conservation semble être optimum cette année grâce à la teneur élevée en sucres. On peut penser retrouver une partie de ces sucres dans les ensilages et donc de bonnes valeurs énergétiques. »