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Filières locales

Projet Perrigny, c’est parti

Le Conseil départemental vient d’acquérir 20 hectares de terres agricoles en périphérie dijonnaise. L’implantation d’une activité maraîchère biologique est dans les cartons, tout comme un centre d’expérimentations.
Par Aurélien Genest
Projet Perrigny, c’est parti
François Sauvadet a présenté les différents objectifs de la démarche. La part du bio dans les assiettes des collégiens et des personnes âgées hébergées en établissement atteindra 20% d’ici 2020.
Rendez-vous très attendu, lundi 23 octobre à Perrigny-lès-Dijon. Le Conseil départemental de Côte-d’Or a officiellement signé l’acquisition de 20 hectares de terres agricoles et présenté son projet innovant par la voix de son président François Sauvadet : «Le Département a fait le choix de s’impliquer dans des pratiques inédites, de s’inscrire dans un mouvement novateur, d’imaginer des solutions pour améliorer nos modes de vie».

Projet Perrigny s’inscrit dans le soutien de la collectivité aux filières agricoles locales et sera conduit dans le cadre du dispositif Futurs 21. «Il est également la préfiguration d’un territoire tel qu’on l’imagine pour nos enfants. Un territoire solidaire et attractif où il fait bon vivre» poursuit François Sauvadet, «alors que nos concitoyens sont de plus en plus nombreux à vouloir des produits locaux de qualité dans leurs assiettes, il n’y a pas suffisamment de légumes produits en Côte-d’Or pour satisfaire tous les consommateurs. Et notamment les usagers des services de restauration collective des collèges et établissements sociaux et médico-sociaux gérés par le Département. Le Conseil départemental a donc décidé d’agir pour structurer la filière, sécuriser une partie de l’offre et faciliter la mise en relation entre l’offre et la demande».

Un fonctionnement bien ficelé
Le parcellaire est doté d’un équipement d’irrigation. La future activité de maraîchage s’étendra sur environ 15 hectares et respectera le cahier des charges de l’agriculture biologique.

Des travaux d’aménagement et d’équipement des parcelles seront prochainement réalisés avec un bassin d’irrigation, des serres froides, un bâtiment pour stockage des légumes et un remisage de matériel. Un espace test dédié à l’apprentissage du métier de maraîcher sera créé sur deux hectares : un cadrage juridique et matériel sera proposé à de futurs agriculteurs qui pourront ainsi se confronter à l’expérience et aux réalités de ce métier.
Un espace d’expérimentation en permaculture sera également aménagé sur un hectare : celui-ci contribuera à l’amélioration et à la diffusion de connaissances sur cette technique adaptée à de petites surfaces agricoles en milieu urbain. «Le concept est d’utiliser les principes de l’écologie et le savoir des sociétés traditionnelles pour reproduire la diversité, la stabilité et la résilience des écosystèmes naturels» communique le Conseil départemental.

Un appel à candidatures sera lancé aux agriculteurs début 2020 pour répondre au cahier des charges de la production de légumes bio.

Le parcellaire, jusqu’à présent dédié aux céréales, va être converti ces deux prochaines années. La future légumerie Désie assurera la gestion et le suivi opérationnel pour l’approvisionnement de la restauration collective.

Le Département adhère à la plateforme Agrilocal et lancera prochainement Agrilocal21 pour faciliter la mise en relation entre l’offre et la demande.

La position de Vincent Lavier

Le président de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or, présent le 23 octobre à Perrigny-lès-Dijon, salue l’initiative du Conseil départemental, qui s’inscrit «pleinement» dans la continuité du partenariat initié il y a une dizaine d’années entre les deux organismes. «A l’heure où les finances des collectivités sont en berne, trouver un Département qui soutient l’agriculture comme vous le faites mérite d’être souligné» s’exprime Vincent Lavier. Si la zone «historique» des maraîchers côte-d’oriens se situe davantage dans le val de Saône, ce projet a «toutes les chances» d’attirer des jeunes à proximité du bassin de consommation dijonnais.
Vincent Lavier souligne la valeur expérimentale de l’opération : «nous n’avions pas de lieu test pour le maraîchage et ce sera chose faite avec Perrigny. Nous sommes confrontés à énormément de demandes de la part de porteurs de projets potentiels dans ce type de production qui nécessite un investissement humain considérable et énormément de rigueur. Ce site permettra d’éprouver leurs motivations». Les objectifs seront « similaires » avec les expérimentations dédiées à la permaculture, sujet «dont on parle beaucoup sans en connaître vraiment les tenants et les aboutissants».
Il n’y a pas de «bon, mauvais, petit ni grand projet» rappelle Vincent Lavier : «tous méritent d’être considérés. Nous avons été élus pour accompagner toutes les productions et tous les types d’agriculture. Nous allons continuer. Nous avons des systèmes historiques qui doivent pouvoir évoluer, de nouveaux systèmes qui émergent et qu’il faut accompagner. Nous voulons le plus grand nombre d’agriculteurs sur ce territoire pour assurer le renouvellement des générations».
Le président de la Chambre d’agriculture profite de l’occasion pour aborder l’accès à l’eau à la fin de son intervention : «il faut mobiliser l’ensemble des acteurs pour que le stockage de l’eau sur des projets raisonnables devienne une réalité en Côte-d’Or. C’est un sujet sur lequel nous devons avancer».