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Musée de Laduz

Passeur de mémoire

Créé il y a près de 30 ans, par les époux Humbert, le musée de Laduz, dans l’Yonne, abrite une collection sans pareil, dédiée au patrimoine rural, à travers les métiers et les objets de la vie quotidienne du siècle passé
Par Dominique Bernerd
Passeur de mémoire
Jacqueline Humbert, fondatrice, avec Raymond, son mari aujourd’hui disparu, du musée des arts populaires de Laduz
«Je me suis baissé pour ramasser des choses qui étaient par terre et sur lesquelles on allait marcher avec indifférence…» Ces mots de Raymond Humbert pourraient suffire à résumer l’œuvre de toute une vie. Après des études aux Beaux-Arts, à Paris, avec son épouse Jacqueline et un séjour de trois ans en Italie, pensionnaires de la Villa Médicis à Rome, sous la direction du peintre Balthus, c’est en 1962 qu’ils acquièrent une maison à Laduz, petit village de l’Aillantais, entre Auxerre et Joigny.
Collectionneurs depuis toujours, ils avaient déjà accumulé nombre d’objets d’art populaire, mais c’est en parcourant les villages de la région, qu’ils découvrent tout un passé d’artisans aux ateliers fermés et abandonnés et décident d’en préserver la mémoire. Le début d’une véritable chasse au trésor, à la recherche d’outils ou d’objets du quotidien, parfois récupérés dans des décharges ou chez le ferrailleur du coin. Jacqueline Humbert se souvient : «dès qu’un atelier menaçait de disparaître, on assistait à la vente des maisons sur place, pour y trouver des objets. Au moment de la fête des pères, les enfants, encore petits, partaient sur les décharges, à la recherche de «cadeaux» La maison familiale s’est révélée bien vite trop petite pour accueillir ces milliers d’objets, d’outils et documents, dont l’histoire s’était parfois perdue au fil du temps. C’est en 1977, que Raymond Humbert eut l’idée un peu folle de se lancer, avec l’aide de toute sa famille, dans la construction d’un musée pour y présenter ses trésors. Ouvert à Pâques 1986, il n’a depuis cessé de s’agrandir et, véritable espace de mémoire, abrite aujourd’hui une collection de plus de 100 000 objets tirés du patrimoine rural et de la vie quotidienne, collectés sur tout le territoire national. Après la disparition de Raymond Humbert, en septembre 1990, son épouse Jacqueline et leurs trois enfants ont perpétué l’œuvre accomplie. La route était tracée, ils l’ont suivie.

Soulever le voile du temps
Le musée des arts populaires de Laduz, compte aujourd’hui quatre bâtiments ouverts à la visite. Répartis par secteurs d’activité, ils racontent l’histoire de ces artisans et leur empreinte dans la vie rurale : forgerons, bourreliers, tailleurs de pierre, sabotiers, tuiliers… La liste est longue et il faut savoir prendre son temps au fil des salles pour s’imprégner de l’âme des outils et objets présentés. Autrefois, raconte Jacqueline Humbert, «les gens vivaient en autarcie et se réunissaient, créant des choses pour leur quotidien, sans savoir qu’il faisaient de l’art. C’était le grand père fabricant sa canne, le berger gravant les colliers de ses moutons, tout le monde faisait quelque chose…» Avec parfois, au détour d’une vitrine, comme surgi de nulle part, le souvenir de sa propre vie : «une dame déjà grand-mère, a retrouvé ainsi un jour, l’abécédaire de son aïeule. Parfois, c’est toute sa famille que l’on redécouvre, sur la photo jaunie d’un mariage» Ne serait ce musée, qui se souviendrait aujourd’hui encore, d’Alfred Chanvin, «fabricant d’animaux en bois pour manèges», à Seignelay, ou de ces sabotiers qui s’insurgeaient contre l’arrivée de la modernité : «tous debout ! Luttons contre le sabot de caoutchouc !  Vive le bon sabot de bois de France» Arnaud Montebourg a eu des précurseurs ! Jouets à un sou, jouets de l’imaginaire, jouets transformés…
Une salle au 1er étage est dédiée à ces trésors oubliés, tirés des malles du passé. Dans un autre bâtiment, est contée la «mémoire des campagnes», à travers les grands évènements de la vie d’alors : robe de baptême, coiffe de deuil, sabots de mariage, cocardes de conscrits… Autant d’objets et documents pour se remémorer des moments oubliés. A chacun d’y trouver sa «madeleine», Laduz vous y invite, en soulevant le voile du temps.

Horaires et tarifs

Musée des Arts Populaires - 22 rue du Monceau 89110 Laduz
Tél 03 86 73 70 08 - Site Internet : laduz.com
En juin (du 1er au 30) : ouvert les samedis et dimanches de 14 h 30 à 17 h 30
En juillet et août, ouvert tous les jours de 14 h 30 à 18 h
En septembre ((du 1er au 30) : ouvert les samedis et dimanches de 14 h 30 à 17 h 30
Week-end de Pâques et Pentecôte
Visite possible sur demande, hors jours d’ouverture
De mars à octobre inclus, le musée est ouvert sur réservation, aux groupes d’enfant et adultes, tous les jours, y compris le mardi. Visite guidée pour les groupes
Tarifs (individuels et familles) :
Plein tarif : 7 € (hors jours d’ouverture et sur rendez-vous : 10 €)
Tarif réduit : 5 € (étudiant, demandeur d’emploi, enfant + de 11 ans)
Tarif enfant : 3 € (de 4 à 11 ans)