Le Gaec des Quatre Communes a choisi une solution économe pour un outil productif
Stéphane, Christophe et Fabien Latrasse sont à la tête d’une exploitation de 365 vêlages sur Uxeau et La Chapelle-au-Mans. Pour installer les trois frères, la structure s’est développée en reprenant plusieurs sites. Et le Gaec a fait évoluer le parc bâtiment pour optimiser la productivité à moindre frais.

Le Gaec des Quatre Communes regroupe trois associés : Stéphane, Christophe et Fabien Latrasse. Aidés d’un ouvrier à mi-temps et d’un apprenti à mi-temps aussi, les trois frères exploitent 553 hectares principalement sur Uxeau et La Chapelle-au-Mans. Chaque année, ils mettent 380 vaches à la reproduction pour 365 vêlages nécessitant pas moins de 29 taureaux ! Ces vêlages se répartissent sur deux sites principaux ; l’un à Uxeau où Stéphane et Christophe hébergent 220 vaches et l’autre à La Chapelle-au-Mans où Fabien en fait vêler 140. Le siège d’Uxeau abrite également l’atelier d’engraissement. Vaches de réforme et génisses sont en effet engraissées, les broutards repoussés et des laitonnes alourdies. Le Gaec cultive une centaine d’hectares de céréales.
Fabien a rejoint la structure en 2016 en s’installant sur le site de La Chapelle-au-Mans. Sur place, il y avait un bâtiment pour 80 vêlages. Ce n’était pas assez pour Fabien qui devait se rendre sur le site d’Uxeau pour « avoir de quoi s’occuper » où ses deux frères avaient à gérer 220 vêlages. Le souhait de Fabien était d’augmenter le nombre de vêlages à La Chapelle-au-Mans d’où un premier agrandissement d’une stabulation existante à 104 places de vaches.
Douze vêlages en 13 heures !
En 2022, le Gaec a fait construire un nouveau bâtiment pour 34 vaches, ce qui a permis de porter la capacité du site à 140 vêlages. Entre le 15 novembre et le mois de mars, Fabien fait ainsi naître 140 veaux sur son site. Au pic de vêlages entre le 15 novembre et le 15 janvier, il lui est arrivé d’avoir 12 vêlages en 13 heures de temps ! Pour atteindre un tel niveau de productivité, les associés ont fait en sorte de réunir les meilleures conditions de travail, corrigeant les défauts de l’autre site de vêlage.
Pour limiter les investissements, les associés ont opté pour un bâtiment à toiture photovoltaïque dont ils sont hébergeurs (lire encadré). La charpente, la couverture ainsi que la centrale solaire appartiennent à Irisolaris. Le Gaec a à sa charge les aménagements intérieurs. Fabien a réalisé lui-même ses croquis à l’échelle qu’il a soumis à Eric Forêt, technicien bâtiments à Feder. Ce dernier a accompagné le projet en réalisant plan, demande de permis de construire, dossier de subvention.
Un couloir central avec cases « en papillon »
L’éleveur s’est adapté aux dimensions spécifiques du bâtiment conçu par le producteur d’électricité solaire. Ainsi n’a-t-il pas voulu aménager de couloir longitudinal, ni devant ni derrière les cases d’animaux. « Cela aurait pris trop de place », justifie Fabien qui ne voulait pas non plus donner à manger côté long pan ouvert, d’autant plus que la hauteur ne permettait pas d’ajouter un haut-vent. À la place, c’est un couloir d’alimentation central de 5 m, perpendiculaire à la longueur du bâtiment, qui a été choisi, lequel dessert deux grandes cases de 17 vaches allaitantes. Plus court qu’un couloir longitudinal, il a nécessité moins de béton et il permet à l’éleveur d’avoir un bon coup d’œil sur ses animaux. « Le soir, je leur distribue les minéraux à l’auge bête par bête. Cela me permet d’observer les vaches et leurs veaux », confie l’éleveur.
Cases de vêlage et cases à veaux
Chaque case de vaches jouxte une case à veaux couplée à une case de vêlage. Ces dernières donnent sur le couloir central au fond du bâtiment. La case de vêlage donne sur le cornadis équipé d’un système anti-pendaison. Elle dispose d’une barrière à césarienne qui sert aussi à l’éleveur pour vacciner ses veaux. La case à veaux est située derrière la case de vêlage, mais un petit couloir permet d’y accéder directement. À la place des passages d’hommes, Fabien a préféré de véritables portillons plus pratiques pour le vétérinaire muni de son matériel. Le bâtiment est équipé de caméras pour la surveillance des vêlages.
Tous les taureaux à l’abri
Quatre cases à taureaux complètent le bâtiment à son extrémité. Elles sont équipées de cornadis adaptables au format des taureaux. Le même système équipe une place de cornadis pour chaque case de vaches dont la reproduction est assurée en saillie naturelle dès le 10 février. Les parois séparant les cases de taureaux sont pleines et plus robustes que la moyenne. Les associés du Gaec des Quatre Communes ont pour règle de rentrer leurs taureaux en hiver. Cela leur évite d’aller leur porter à manger au pré. « Ils ont droit à la même ration que les vaches ; ils sont traités, vermifugés et sont ainsi fins prêts pour la reproduction », explique Fabien.
Une stabulation et un stockage pour 120.000 €
Les associés ont investi 120.000 € pour aménager cette stabulation pour vaches et taureaux. Ce coût comprend le bardage sur deux côtés, une porte au fond du couloir central, l’éclairage, la caméra, les tubulaires, les poteaux, les abreuvoirs, les bétons, les murs. Un « algeco » sera installé au bout de ce bâtiment (côté taureaux). Il servira de local technique avec eau chaude. À côté de ce premier bâtiment, le Gaec a fait construire, cette fois à son nom, un second de dimension identique (45 m). Lui aussi supporte une couverture photovoltaïque exploitée par Irisolaris. Plus haut que le premier, il sert exclusivement au stockage de paille et de fourrage.
Des bâtiments supplémentaires « sans trop endetter l’exploitation »

En faisant visiter leur réalisation de La Chapelle-au-Mans, les associés du Gaec des Quatre Communes n’hésitent pas à parler de « bâtiments gratuits ». En dehors des aménagements intérieurs et extérieurs qu’ils ont bel et bien financés pour 120.000 € (terrassement, bétons, murs, bardages, électricité, tubulaires…), la structure du bâtiment ainsi que sa toiture ne leur ont rien coûté. « C’est la simplicité pour avoir un bâtiment sans trop endetter l’exploitation », estime Stéphane Latrasse. Le Gaec a un autre projet sur son site principal pour lequel il reprendrait la formule de location de toiture. Prévu pour une centaine de vaches, ce nouveau bâtiment ferait 82 m de long par 31 de large pour une surface de 2.500 mètres carrés. Il reviendrait à seulement 400.000 € au Gaec, confie Stéphane Latrasse. Les associés n’ont pas souhaité investir eux-mêmes dans les panneaux solaires, car ils se disent « éleveurs et non producteurs d’électricité ».
Le photovoltaïque offre plusieurs options

Trois grandes options s’offrent aux agriculteurs pour un projet de bâtiment à toiture photovoltaïque. L’agriculteur peut faire le choix d’investir lui-même dans une centrale solaire. Il finance ses propres panneaux, devient producteur d’électricité verte et revend cette énergie à EDF. Mais l’agriculteur peut aussi s’en remettre à un « tiers investisseur ». Soit, il loue son terrain à un producteur d’électricité solaire qui prend à sa charge la construction d’un bâtiment à toiture photovoltaïque. Soit, il loue seulement le toit de son bâtiment au producteur d’électricité. Partenaire de Feder, Irisolaris propose deux « solutions de financement » aux adhérents de la coopérative. Avec le « bail à construction », l’agriculteur dispose gratuitement d’un bâtiment financé par le producteur d’énergie. L’agriculteur loue son terrain pour une durée de 30 ans. Irisolaris finance le bâtiment dont il reste propriétaire pour la durée du bail. Le producteur d’électricité verte se charge de l’obtention du permis de construire ; son partenaire constructeur réalise le bâtiment et Irisolaris installe sa centrale solaire.
Irisolaris propose aussi un bail emphytéotique par lequel l’agriculteur reste propriétaire de son bâtiment. Le producteur d’énergie installe sa centrale solaire sur la toiture et verse un loyer annuel pour une durée de 30 ans. Il peut s’agir d’un bâtiment existant ou bien d’un nouveau bâtiment. Dans ce dernier cas, Irisolaris met en relation avec ses partenaires constructeurs et accompagne l’agriculteur dans les démarches. Si ces formules sont moins intéressantes pour l’exploitant que s’il investissait lui-même dans sa propre centrale solaire, elles ont le mérite d’offrir une alternative pour s’équiper d’un bâtiment à moindres frais. « Tout ce que l’éleveur ne dépense pas dans la structure du bâtiment, sa toiture, il peut le consacrer à des aménagements fonctionnels, à des améliorations ou à d’autres postes. Et les investissements réalisés par l’éleveur restent subventionnables », complète Eric Forêt.
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