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Cultures dérobées

Le choix entre un bon engrais vert et une mauvaise culture dérobée

Impliquées déjà depuis plusieurs années dans le non labour et le semis direct sous couvert, les associés de la SEP de Bord, à Bligny-en-Othe, ont testé des cultures dérobées de tournesol, soja et sarrasin.
Par Dominique Bernerd
Le choix entre un bon engrais vert et une mauvaise culture dérobée
Semis direct sous couvert
Les associés de la Société en Participation installée à Bligny-en-Othe, en périphérie de Brienon sur Armançon, ont l’habitude des pratiques innovantes : assolement en commun, non labour, semis direct sous couvert… Le dernier défi en date qu’ils se sont lancés, aura été de tester des cultures dérobées de tournesol, soja et sarrasin.
Si en ce qui concerne le tournesol, des essais avaient déjà été menés il y a quelques années, c’était une première pour les deux autres cultures. Thierry Desvaux, l’un des co-gérants le reconnaît : «du fait de la SEP, nous n’avons pas de problèmatique de main d’œuvre, pendant que l’un est en train de moissonner l’orge, un autre peut semer en même temps…» On est depuis longtemps ici, habitué à semer des engrais verts entre deux cultures d’automne : «le fait de faire des semis sous couvert nous permet de semer 15 jours plus tôt, vers le 1er juillet, gagnant ainsi 15 jours de végétation, pour obtenir une biomasse plus importante. Et derrière, on sème du blé en direct, qui profite ainsi de l’engrais vert…» Ici, l’assolement est inversé : colza, blé, orge. La question s’est rapidement posée de savoir s’il ne serait pas plus intéressant de s’engager dans une 2e culture plutôt qu’un couvert. Une pratique assez courante dans le sud de la France, mais encore peu utilisée dans notre région. Trois  cultures ont ainsi été testées : tournesol, soja et sarrasin. Les résultats suivants sont nets de toutes charges, y compris séchage et récolte.

Une expérience à renouveler
Si le sarrasin est une dérobée intéressante, de par son faible salissement et une récolte précoce, sa fécondation dépend en partie des abeilles. Les 15 ha implantés ont souffert cette année d’un manque de chaleur en août et d’une fécondation insuffisante, en dépit des 215 ruches implantées sur la parcelle. Avec au final une moyenne de 10 quintaux, bénificiant toutefois d’un rapport de 210 €/ha. L’expérience sera renouvelée, la récolte du sarrasin le 15 octobre, dans l’essai pratiqué, permettant de semer un blé en direct derrière.
Le résultat économique du soja, sur une parcelle de 10 ha, s’est trouvé pénalisé par un coût de semences très élevé cette année, avec au final un gain de 20 € à l’ha, pour un rendement moyen de 11 quintaux, là où en culture principale, il est de 25 q. Là aussi, l’expérience sera renouvelée, mais avec de la semence de ferme. En revanche, le tournesol, déjà difficile à gérer en culture principale, du fait des limaces, corbeaux et sangliers, sera abandonné, s’étant soldé par une perte de 90€/ha. Pour comparaison, l’engrais vert obtenu à partir de 80 kg de féveroles, 40 kg de pois fourragers, 2,5 kg de phacélie, 5 kg de tournesol et 1 kg de moutarde, a donné cette année des résultats exceptionnels, (40 tonnes de matière verte + 5 tonnes de matière sèche, pour 80 unités d’azote et 160 de potasse), permettant la restitution d’éléments nutritifs pour la culture suivante. Notamment pour les blés en semis direct sous couvert particulièrement réussis et sans dégâts de limaces, contrairement à ce que l’on peut entendre de ci de là…
Faute de résultats probants, l’expérience sera reconduite en partie l’an prochain, mais la question pour les associés de la SEP de Bord est posée : « Vaut-il mieux un bon engrais vert ou une mauvaise culture dérobée…?