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Confort

La ventilation naturelle, pilier du bien-être animal

L’ouverture des bâtiments d’élevage pour faire circuler un air de qualité reste incontournable afin de garantir le bien-être animal et de bonnes conditions de travail pour l’éleveur, à condition d’être bien pensée. Rencontre avec Bertrand Fagoo, chef de projet en bâtiment d’élevage à l’Institut de l’élevage (Idele).

Par Charlotte Bayon
La ventilation naturelle, pilier du bien-être animal
Bertrand Fagoo, chef de projet en bâtiment d’élevage à l’Idele.

« La ventilation naturelle est fondée sur la circulation du vent, une ressource gratuite, pour renouveler l’air et garantir sa qualité à l’intérieur des bâtiments », explique Bertrand Fagoo, chef de projet en bâtiment d’élevage à l’Institut de l’élevage (Idele). « Contrairement à la ventilation mécanique, qui peut venir en appui ou en rattrapage, le recours au naturel reste la base de la conception de bâtiments d’élevage, notamment pour les ruminants », précise-t-il. 

Solution adaptée aux ruminants

« Moins sensibles au froid que les espèces monogastriques, les ruminants supportent bien les variations de température, nous avons donc moins besoin d’isoler les bâtiments, contrairement à des bâtiments conçus pour les élevages de monogastriques qui ont parfois besoin d’être chauffés. Les ruminants doivent être à l’abri de l’humidité et des vents forts, des conditions qui leur sont davantage inconfortables que le froid ou les variations de températures », explique Bertrand Fagoo. L’objectif étant de préserver une qualité d’air au maximum similaire à l’air extérieur. Contrairement aux espèces monogastriques le ruminant apprécie dès ses premiers jours de se trouver dans un environnement entre 5 et 15 °C. Un stress thermique peut rapidement être atteint si la circulation de l’air n’est pas bien assurée. « Le ruminant craint davantage la chaleur que le froid. L’idéal pour sa santé et son bien-être, c’est de conserver une température fraîche tout en permettant à l’animal d’être en mouvement, dans un environnement sain, bien aéré. »

Prévenir des problèmes de santé 

Les jeunes animaux, eux, sont davantage sensibles à ces variations de température : Bertrand Fagoo préconise l’ouverture des bâtiments, mais une isolation de la toiture, pour éviter le rayonnement du froid l’hiver et du chaud l’été. « Notamment au printemps, ces variations de températures sont très marquées, avec du gel pendant la nuit et des journées à 25 degrés », précise-t-il. « Il est nécessaire de gérer les ouvertures en les alternant selon les conditions météorologiques. » Des recommandations qui permettent de se prémunir de problèmes sanitaires et de s’assurer du bien-être animal. « Les ruminants produisent une quantité importante de gaz et beaucoup d’humidité, qu’il faut évacuer. Si l’air n’est pas correctement assaini ou ne circule pas assez, ils risquent de développer des maladies respiratoires, notamment chez les plus jeunes », prévient le spécialiste. Au sein des élevages laitiers, les vaches risquent de développer des mammites d’environnement, un problème sanitaire qui impacterait directement la qualité du lait. « Il faut également penser au fait qu’une mauvaise circulation de l’air en bâtiment aura des conséquences sur son vieillissement, sur la préservation des équipements et un impact direct sur le bien-être de l’éleveur, notamment en ce qui concerne la présence d’ammoniac ou de poussière en trop grandes quantités », assure-t-il. Pour la conception ou la révision des bâtiments d’élevage, l’Idele a créé l’outil Shelt’air, afin d’aider conseillers et éleveurs à connaître les recommandations en matière d’ouverture des bâtiments et de les accompagner dans la prise de décision. « Nous recommandons un bâtiment bien orienté par rapport aux vents, pas trop large, les conditions structurelles doivent être bonnes dès le départ. Autrement, difficile de compenser avec la seule ventilation mécanique, » assure-t-il. « Le plus important reste de cibler correctement les besoins de ses animaux. Il faut un projet global, s’appuyer sur des spécialistes du bâtiment et de la zootechnie. Une approche technique mais incontournable pour le bien-être des animaux et des éleveurs », conclut-il.