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Pollinisation

L’importance des abeilles dans la culture de sarrasin

Afin d’allonger la rotation de différentes cultures sur la même parcelle, certains agriculteurs choisissent de produire du sarrasin. Une plante, qui résiste très bien au sec et qui a besoin de la pollinisation des abeilles pour pouvoir fleurir. Des ruches sont alors installées près des parcelles à l’apparition des premières fleurs.
Par Christopher Levé
L’importance des abeilles  dans la culture de sarrasin
Pour que le sarrasin fleurisse, les abeilles doivent impérativement polliniser la fleur.
«Faire du sarrasin a un intérêt pour l’agriculteur qui veut le faire. Ça entre dans la rotation de différentes cultures sur la même parcelle, car c’est une culture de printemps », indique Fabrice Polette, agriculteur à Arces. «Ça me fait une coupure dans ma rotation qui était souvent faite en cultures d’automne, colza, blé et escourgeon ».
Depuis trois ans maintenant, ce dernier cultive du sarrasin sur ses terres et depuis cette année en sarrasin CRC (Culture raisonnée contrôlée, voir par ailleurs). «À la base, la coopérative Ynovae a demandé à développer le sarrasin dans le but d’honorer des contrats avec des meuniers bretons, car la récolte est destinée à faire des galettes de sarrasin», explique Fabrice Polette. Deux variétés de sarrasin sont adaptées à la production de farine pour les galettes, le sarrasin lileja et le sarrasin zita.
Aussi, l’agriculteur avoue avoir un intérêt agronomique à faire du sarrasin. «Je coupe ma rotation d’automne et en même temps je nettoie mes champs. Et le sarrasin se sème au mois de mai donc on n’a plus du tout les mêmes adventices qu’en culture d’automne», poursuit-il. «Sur le sarrasin, il n’y a pas de gros insectes ravageurs comparé au colza par exemple avec les charançons, les altises, les méligèthes. Et c’est une plante qui développe elle-même des toxines pour permettre le désherbage du champ ».

Des ruches installées près des parcelles
Mais pour que le sarrasin puisse fleurir, il y a un impératif. «Il faut absolument que la fleur soit pollinisée. Et il n’y a que les abeilles qui peuvent faire ça», confie Fabrice Polette. «C’est pour cela qu’on a une entente avec les apiculteurs pour qu’ils installent des ruches près des parcelles, dès les premières apparitions de fleurs. En plus de cela, les autres cultures n’étant plus là (les moissons étant faites, ndlr), hormis le tournesol qui est en fleur, ça permet aux abeilles de venir presque uniquement sur le sarrasin. Du moins en théorie car elles voyagent beaucoup », rit-il.
Le miel provenant du sarrasin sert à la confection du pain d’épices, « et à nourrir les abeilles en hiver ».
Quant aux conditions climatiques idéales pour la culture du sarrasin ? «Il faut de l’eau au moment de la floraison comme toutes cultures, mais c’est une culture qui résiste très bien au sec mais mal à la chaleur. Il ne lui faudrait pas plus de 25° car au-delà, les fleurs avortent. C’est une culture de Bretagne au départ, où la température dépasse rarement les 25°», détaille Fabrice Polette.

L’utilisation d’un andaineur pour la récolte
La récolte du sarrasin n’est pas faite par l’agriculteur. Celui-ci est chargé du labour, de la préparation des sols et des semis. C’est la coopérative Ynovae qui s’occupe de récolter le sarrasin. «Le problème, quand on le récolte en octobre, c’est qu’il est humide. Alors, il faut le passer en séchoir comme le maïs ou le tournesol», affirme Fabrice Polette.
La meilleure solution est donc l’utilisation d’un andaineur. «Pour faciliter la récolte et mieux maîtriser l’humidité des graines au moment où on va récupérer la plante avec une moissonneuse», complète Mathieu Gruet, responsable qualité à Ynovae. «L’humidité est à prendre en compte pour éviter le développement bactérien. Il faut aller assez vite après la récolte pour qu’il n’y ait pas de fermentation ni de moisissure qui se développent», conclut Mathieu Gruet.

La réglementation du sarrasin CRC

Faire du sarrasin CRC nécessite un respect de quelques règles de bases, pour être conforme à l’appellation. «Au niveau de la production, on ne va pas pouvoir mettre du sarrasin CRC sur n’importe quelle parcelle», assure Mathieu Gruet. «Il s’agit déjà de savoir où elle se situe car il faut qu’elle s’éloigne de certaines zones à contamination environnementale possible. On va s’éloigner de 250 mètres des routes (sur lesquelles circulent plus de 5 000 véhicules par jour, ndlr), des anciennes décharges à ciel ouvert et des zones industrielles». Aussi, lorsqu’il y a un passé de fertilisation organique avec des bouts de stations d’épuration, les parcelles sont refusées. «Et quand on sème, l’agriculteur doit être capable de tracer ses semences », ajoute-t-il. « On va aussi demander que le dispositif de fauchage-andainage soit équipé d’un système qui va effrayer les animaux qui va être dans le champ ». Une traçabilité de l’expédition jusqu’à l’agriculteur, en remontant par tout ce qui s’est fait dans les champs, est aussi faite.