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IGP Charolais de Bourgogne

L'IGP Charolais de Bourgogne veut provoquer un électrochoc

Le Charolais de Bourgogne est dans une situation délicate. Son volume d’activité ne cesse de diminuer depuis 4 ans, ne parvenant pas à se placer dans la restauration collective que devrait être son débouché naturel. Alors que les politiques ne cessent de prôner le « local », les défenseurs de l’IGP espèrent un électrochoc. 

Par Marc Labille
L'IGP Charolais de Bourgogne veut provoquer un électrochoc
Avec le renfort de la Région et de la Chambre Régionale d’agriculture, un groupe technique retreint doit construire un scénario d’évolution d’ici la fin de l’année, annonçait Vincent Pommery.

L’association Charolais de Bourgogne a tenu son assemblée générale le 18 juin dernier à Vitry-en-Charollais. Il y a un an, au même endroit, elle dressait le bilan d’une année 2023 déjà difficile pour l’IGP avec une baisse d’activité de — 21 %. Cette mauvaise pente s’est confirmée en 2024 avec — 27,5 % d’activité ce qui correspond à 493 bovins (227 tonnes) pour 617 élevages. Le coup est rude pour l’association qui voit ses ressources diminuer significativement d’où un déficit de — 11.400 €. Et ce en dépit d’un travail de restructuration par lequel Charolais de Bourgogne avait allégé considérablement sa structure grâce aux appuis d’Interbev BFC, de Qualinéa, de l’ACLR.

Le Covid a laissé des traces

Mais les causes du déclin d’activité de l’exercice précédent ont eu les mêmes effets en 2024. Toutes les filières de qualité accusent le coup depuis deux ans, fragilisées par la baisse du pouvoir d’achat et alors que le prix des animaux ordinaires a explosé. Les difficultés du Charolais de Bourgogne remontent à la crise du Covid qui a laissé de lourdes traces, expliquait Vincent Pommery, président de l’association. « Le Covid a été défavorable à l’IGP » qui se destine en priorité à la restauration collective. La loi EGAlim aurait dû « mettre l’IGP sur un plateau », espéraient ses défenseurs. Mais le débouché cible (la restauration collective) n’a pas été au rendez-vous et « nous avons souffert de la communication nationale pour les labels rouges ».

Malgré l’obtention de l’appellation en 2017 et les espoirs qu’il avait suscité depuis ses débuts il y a plus de vingt ans, le Charolais de Bourgogne est aujourd’hui absent des boucheries traditionnelles, très peu présent en GMS et trop peu connu auprès des collectivités, constate-t-on. Avec son cahier des charges et ses volumes potentiels, l’IGP Charolais de Bourgogne était pourtant taillé pour la restauration collective. Mais ce marché est décidément très difficile à percer. Les défenseurs de l’IGP s’en sont à nouveau désolés lors de leur assemblée générale.

Le politique décisionnaire…

En dépit des discours, les restaurants de collectivités ne changent pas vraiment leurs habitudes. Le code des marchés publics, les impératifs économiques, des mauvais réflexes tenaces font que la viande de qualité trouve trop peu d’écho auprès des gestionnaires de cantines. Et les efforts de communication et de promotion déployés n’y font pas grand-chose. En septembre dernier, le Charolais de Bourgogne avait réuni 75 chefs de cantines de collèges pour une « masterclass »… La journée a été appréciée, mais, elle n’a débouché sur aucune commande, regrettaient les responsables de l’association. Et lorsque des collectivités font un geste, cela ne profite pas forcément au Charolais de Bourgogne. Les autres signes de qualité sont sur les rangs aussi. Quand les Plans alimentaires territoriaux (PAT) semblent faire bouger les choses, des produits locaux sans signe de qualité dament le pion au Charolais de Bourgogne… À tel point que certains redoutent que les EGAlim ajoutent ces produits locaux aux produits sous signe officiels de qualité dans l’objectif de 50 % dans la restauration collective… Objectif bien loin d’être atteint soit dit en passant.

Dans cette cacophonie où tout part dans tous les sens sans que grand-chose n’avance au final, c’est bien une question de décision politique qui prévaut, résume Vincent Pommery.

L’IGP répond à tout cela…

L’avenir de l’association est en jeu et, par cet « appel du 18 juin », le président a voulu provoquer « un électrochoc ». Le premier constat est que la mobilisation a été à la hauteur des circonstances puisque la salle manquait de chaises pour accueillir tous les opérateurs, élus, représentants de l’État qui avaient fait le déplacement. Parmi les personnalités présentes, Alexandre Meige de la DDT 71 a affirmé, dans un plaidoyer, que « l’IGP était importante pour les services de l’État ». Vantant « la notion de terroir, le savoir-faire local, la valorisation d’un produit » inhérente au Charolais de Bourgogne, Alexandre Meije estimait que l’IGP était « l’outil pour répondre à la loi EGAlim et à la restauration collective et même privée ». Et le représentant de l’État d’ajouter que « les élus souhaitent de la qualité et du local et l’IGP répond parfaitement à cela ». Le représentant de la DDT rappelait enfin que « les signes officiels de qualité demeurent des amortisseurs de crises dans une filière viande instable ».

Des perspectives pour remonter en volume

Heureusement, certaines initiatives redonnent de l’espoir. Ainsi le chevillard de l’abattoir d’Autun André-Raze a-t-il augmenté de + 170 % son volume de Charolais de Bourgogne en répondant à une demande de la Communauté Urbaine qui voulait de la viande locale. Présent à la réunion, Christian Morel, vice-président de la Région en charge de l’agriculture, a évoqué le projet test de fournir de la viande charolaise IGP à 23 lycées de Bourgogne-Franche-Comté. Le représentant de la Région fait d’ailleurs partie des personnes qui viennent de rejoindre le groupe de travail restreint censé réfléchir à l’avenir du Charolais de Bourgogne. La Chambre régionale d’agriculture en fera partie aussi. « Ce groupe technique doit construire un scénario d’évolution concret à soumettre d’ici à la fin de l’année », présentait Vincent Pommery. Refusant la résignation, il espère « trouver des perspectives pour remonter en volume ». Le président appelle à envisager l’avenir « sans tabou », imaginant plusieurs pistes dans lesquelles « l’association a un rôle à jouer, y compris dans des projets collectifs. C’est un appel à la responsabilité collective ; à notre capacité à faire évoluer notre modèle », concluait Vincent Pommery.

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