Mobilisation syndicale
L'épreuve de force est engagée pour obtenir «la vérité sur les marges»
La FNSEA et les JA appellent tous les agriculteurs, toutes productions confondues, à bloquer les centrales d'achat sur tout le territoire. Le bras de fer est engagé pour obtenir la vérité sur les marges et plus de transparence sur la formation des prix.
Le ras-le bol est général et l'exaspération des producteurs, toutes productions confondues, de plus en plus difficile à contenir, face à l'opacité des marges de la grande distribution. Les derniers avatars de la production laitière s'ajoutent au mécontentement latent exprimé maintes et maintes fois par les éleveurs bovins, porcins, les producteurs de légumes... Tous lassés de se voir bercer par les promesses d'un observatoire des prix et des marges qui n'a jamais fonctionné de fait, faute d'une réelle volonté de transparence des derniers maillons des filières et surtout du réseau de distribution des GMS.
Lassés de prêcher dans le désert, la FNSEA et les JA ont lancé le 8 juin un mot d'ordre national appelant au blocage des plates-formes de distribution sur tout le territoire à compter du jeudi 11. Les fédérations départementales ont saisi la balle au bond pour engager le mouvement sans attendre et la mobilisation a été décrétée dès le mercredi soir dans nombre de départements.
La pression syndicale semble le seul levier capable d'obliger le gouvernement à infléchir la position inflexible de la grande distribution dans son refus de participer à la mise en place de l'observatoire des prix et des marges. La FNSEA, par la voix de son président, Jean-Michel Lemétayer, demande un arbitrage du gouvernement sur ce dossier et l'intervention de la DGCCRF pour faire appliquer les dispositions relatives à l'observatoire. Dans la foulée, tous les parlementaires sont impliqués et invités à relayer les exigences de la profession.
[INTER]Deux poids, deux mesures...[inter]
La colère est à la mesure des attentes, dans un contexte où l'on exige de plus en plus de transparence chez les producteurs, force est de constater que les mêmes règles ne s'appliquent pas à certains maillons des filières.
Le blocage des plates-formes est décrété pour deux jours, mais sans avancée rapide et notable, le mouvement est reconductible sans limites. L'opération «Vérité sur les marges des grandes surfaces» se justifie par un malaise profond de tous les producteurs, convaincus qu'en matière de fixation des prix à la production, c'est l'arbitraire qui dicte sa loi, le consommateur et le producteur se trouvant le plus souvent sacrifiés sur l'autel du profit.
Les exemple de marges jugées excessives ne manquent pas. La marge nette du distributeur d'un kilo de jambon représenterait 2,55 euros le kilo, soit près du double de ce qui revient à l'éleveur. Avec la pomme, les grandes surfaces dégageraient une marge de 36 à 55%, pour un bifteck, la marge du distributeur atteindrait 6 euros le kilo, soit deux fois le prix payé au producteur, la marge sur le lait UHT représenterait 40%, selon certaines données.
Face à ces taux de marge chez les distributeurs, les secteurs en crise ne cessent de se multiplier. Le prix à la production des porcs a baissé depuis un an de plus de 1%, selon l'INSEE, alors qu'il a augmenté au détail de plus de 3%. Et depuis plus de deux ans, les éleveurs peinent à dégager un revenu suffisant pour faire face à un endettement considérable. Côté fruits et légumes, le paysage n'est guère différent. Sur février-mars-avril, les prix des fruits s'emballent pour le consommateur, alors qu'ils sont en nette baisse pour les producteurs. La Fédération nationale bovine dénonce des hausses de charges incessantes, alors que les cours chutent de 10%... Dans le même temps, les prix de la viande restent étonnamment stables pour le consommateur final.
Pour le moment la Loi de modernisation de l'économie a surtout profité aux grands circuits de distribution qui se sont vus accorder d'office un plus grand pouvoir de négociation. Avec pour conséquence des dégradations de prix encore plus fortes et sans réelles contreparties. Ce déséquilibre aggravé empoisonne les relations au sein des filières. Il sera difficile de revenir sur des pratiques bien ancrées dans les moeurs commerciales. Mais les professionnels souhaitent qu'à défaut de moralité on instille quelque régulation dans un jeu par trop déséquilibré et qu'on fasse au moins respecter les règles existantes.
Dans chaque département de Bourgogne, les FDSEA et les JA appellent les producteurs, toutes productions confondues à se mobiliser. L'ampleur du mouvement sera seule capable d'infléchir l'attitude de la grande distribution, touchée au coeur même de son système : ses plates-formes de distribution.
Lassés de prêcher dans le désert, la FNSEA et les JA ont lancé le 8 juin un mot d'ordre national appelant au blocage des plates-formes de distribution sur tout le territoire à compter du jeudi 11. Les fédérations départementales ont saisi la balle au bond pour engager le mouvement sans attendre et la mobilisation a été décrétée dès le mercredi soir dans nombre de départements.
La pression syndicale semble le seul levier capable d'obliger le gouvernement à infléchir la position inflexible de la grande distribution dans son refus de participer à la mise en place de l'observatoire des prix et des marges. La FNSEA, par la voix de son président, Jean-Michel Lemétayer, demande un arbitrage du gouvernement sur ce dossier et l'intervention de la DGCCRF pour faire appliquer les dispositions relatives à l'observatoire. Dans la foulée, tous les parlementaires sont impliqués et invités à relayer les exigences de la profession.
[INTER]Deux poids, deux mesures...[inter]
La colère est à la mesure des attentes, dans un contexte où l'on exige de plus en plus de transparence chez les producteurs, force est de constater que les mêmes règles ne s'appliquent pas à certains maillons des filières.
Le blocage des plates-formes est décrété pour deux jours, mais sans avancée rapide et notable, le mouvement est reconductible sans limites. L'opération «Vérité sur les marges des grandes surfaces» se justifie par un malaise profond de tous les producteurs, convaincus qu'en matière de fixation des prix à la production, c'est l'arbitraire qui dicte sa loi, le consommateur et le producteur se trouvant le plus souvent sacrifiés sur l'autel du profit.
Les exemple de marges jugées excessives ne manquent pas. La marge nette du distributeur d'un kilo de jambon représenterait 2,55 euros le kilo, soit près du double de ce qui revient à l'éleveur. Avec la pomme, les grandes surfaces dégageraient une marge de 36 à 55%, pour un bifteck, la marge du distributeur atteindrait 6 euros le kilo, soit deux fois le prix payé au producteur, la marge sur le lait UHT représenterait 40%, selon certaines données.
Face à ces taux de marge chez les distributeurs, les secteurs en crise ne cessent de se multiplier. Le prix à la production des porcs a baissé depuis un an de plus de 1%, selon l'INSEE, alors qu'il a augmenté au détail de plus de 3%. Et depuis plus de deux ans, les éleveurs peinent à dégager un revenu suffisant pour faire face à un endettement considérable. Côté fruits et légumes, le paysage n'est guère différent. Sur février-mars-avril, les prix des fruits s'emballent pour le consommateur, alors qu'ils sont en nette baisse pour les producteurs. La Fédération nationale bovine dénonce des hausses de charges incessantes, alors que les cours chutent de 10%... Dans le même temps, les prix de la viande restent étonnamment stables pour le consommateur final.
Pour le moment la Loi de modernisation de l'économie a surtout profité aux grands circuits de distribution qui se sont vus accorder d'office un plus grand pouvoir de négociation. Avec pour conséquence des dégradations de prix encore plus fortes et sans réelles contreparties. Ce déséquilibre aggravé empoisonne les relations au sein des filières. Il sera difficile de revenir sur des pratiques bien ancrées dans les moeurs commerciales. Mais les professionnels souhaitent qu'à défaut de moralité on instille quelque régulation dans un jeu par trop déséquilibré et qu'on fasse au moins respecter les règles existantes.
Dans chaque département de Bourgogne, les FDSEA et les JA appellent les producteurs, toutes productions confondues à se mobiliser. L'ampleur du mouvement sera seule capable d'infléchir l'attitude de la grande distribution, touchée au coeur même de son système : ses plates-formes de distribution.