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À Dijon

« L'enseignement agricole est l'école de la réussite »

La ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire s'est rendue au congrès national des Maisons familiales rurales (MFR), à Dijon. L'occasion de réaffirmer son soutien à un modèle scolaire qui fait la part belle à l'apprentissage et l'alternance notamment dans les métiers agricoles, et de revenir sur des sujets d'actualité.

Par Berty Robert
« L'enseignement agricole est l'école de la réussite »
A son arrivée au parc des expositions de Dijon, vendredi 4 avril, la ministre Annie Genevard a pu saluer les personnalités rassemblées, notamment Vincent Lavier, nouveau président de la Chambre régionale d'agriculture, et Jacques de Loisy, président de la Chambre de Côte-d'Or.

30 % d'apprenants supplémentaires d'ici 2030 : c'est l'objectif fixé à l'enseignement agricole par la Loi d'orientation promulguée le 24 mars. Un objectif rappelé par Annie Genevard, la ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, lors de sa venue au congrès national des Maisons familiales rurales (MFR) le 4 avril à Dijon. Les MFR étaient appelées à prendre leur part de cet effort nécessaire. « C'est un défi très fort que nous pourrons relever en actionnant deux leviers, poursuivait la ministre devant près de 2000 congressistes : la sensibilisation et l'attractivité. La sensibilisation fait l'objet d'un plan dédié qui se déploie du primaire au lycée afin que les élèves du pays prennent conscience de l'étendue et de la qualité des carrières agricoles. Sur l'attractivité, nous devons étendre notre périmètre d'action : c'est tout l'objet du volontariat agricole qui permettra aux personnes non issues de ce milieu de découvrir les 200 métiers du vivant qu'on trouve en France, et d'apprécier le sens qu'ils sont susceptibles d'insuffler dans une vie ». Des propos qui résonnaient de manière encourageante aux oreilles de Dominique Ravon, le président de l'Union nationale des MFR, qui ne manquait pas de rappeler « qu'un élève formé et diplômé en MFR coûte moins cher à l'État. Je sais que lorsque nous rappelons cela, nous agaçons parfois, mais les chiffres parlent d'eux-mêmes ».

Terrain ni inconnu, ni hostile

L'image d'un enseignement aux coûts maîtrisés n'empêchait pas de profiter de la venue de la ministre pour rappeler que les besoins sont réels et que ce secteur de l'enseignement agricole admet de moins en moins qu'on lui oppose des arguments de nécessaire économie : « Depuis trop longtemps, poursuivait Dominique Ravon, nous travaillons à moindre coût, nous privant des investissements nécessaires, voire de la création de nouvelles MFR. Pourtant, nous en ouvrons, vous les reconnaissez, donc les choses vont dans le bon sens ». Au congrès des MFR, Annie Genevard n'était ni en terrain inconnu, ni en territoire hostile : « je connais bien les MFR, j'en avais plusieurs sur la circonscription du Doubs dont j'étais la députée, et chaque année, j'assistais à leurs journées portes ouvertes. En arrivant sur le congrès, j'ai été frappée par l'enthousiasme, le dynamisme. Les taux d'admission aux examens et d'insertion professionnelle, la réputation d'excellence qui s'y forge le montrent : l'enseignement agricole est véritablement l'école de la réussite. Ces résultats sont le fait du plein engagement de chacun, dans un collectif fort et soudé au sein duquel les MFR jouent un rôle essentiel face au défi du renouvellement des générations ». La ministre réaffirmait sa volonté de défendre et de promouvoir « ce modèle singulier et fécond des MFR ». Une défense inscrite dans un contexte de renouvellement et d'élargissement des missions dévolues à l'enseignement agricole, à commencer par la prise en compte croissante, dans les formations, des transitions climatiques et environnementales.

« Principaux contributeurs au mouvement de reconquête »

Pour Annie Genevard, il n'est pas question d'opposer les deux. « La prise en compte de ces transitions n'exclut pas la formation économique ou sociale. Cette nouvelle mission est une avancée significative pour tout l'écosystème de l'enseignement agricole et l'avenir de notre agriculture ». La ministre mettait à cette occasion en avant la création d'un bachelor Agro destiné à devenir un niveau de formation de référence dans les métiers de l'agriculture et de l'agroalimentaire. De la même manière, Annie Genevard refuse d'opposer le système des MFR, qui fait la part belle à l'apprentissage et la pédagogie de l'alternance, avec d'autres secteurs de l'enseignement agricole plus classiques dans leur forme. « Formation initiale et apprentissage sont deux voies différentes mais très complémentaires, y compris dans les formations agricoles. MFR, lycées agricoles, enseignement supérieur : on a besoin de tout le monde ! ». Sans trancher de manière claire sur des questions d'accompagnement budgétaire forcément sensibles dans la période très contrainte que nous connaissons, Annie Genevard a conclu sa visite en distribuant un satisfecit aux MFR. « Les efforts que vous avez accomplis ces dernières années ont payé, comme le montre l'augmentation du nombre d'apprenants dans l'enseignement agricole, au plus haut niveau depuis dix ans. Vous êtes les principaux contributeurs à notre mouvement de reconquête de notre souveraineté alimentaire. Grâce aux MFR de très nombreux jeunes ont trouvé leur voie et parfois ont retrouvé l'envie d'étudier. Votre implication pour former tous les jeunes, quel que soit leur profil ou leur projet, est remarquable et se vérifie dans tous les territoires. À la rentrée 2024, vous avez affiché la plus forte progression des effectifs de toutes les familles de l'enseignement technique ».

Taxes Trump et vaccins FCO

En marge de son intervention lors du congrès national des MFR, la ministre Annie Genevard a répondu sur quelques questions d'actualité.

Sur les taxes Trump : « Vouloir imposer une démarche protectionniste au mépris de ce qu'est le commerce international, c'est faire courir de grands risques à l'économie mondiale ainsi qu'aux économies nationales. Je ne crois pas que ce soit une bonne façon de réduire le déficit commercial, je pense même que c'est tout le contraire. Pour ma part, je dois veiller à ce que ces taxes ne compromettent pas l'équilibre agricole de notre pays. C'est ce à quoi je m'emploie ».

Sur la disponibilité des vaccins contre la FCO : « Les éleveurs peuvent disposer depuis un moment de vaccins contre la FCO 3. Sur la FCO 8, le laboratoire qui les fabrique n'est pas français, nous avons pris nos précautions pour pouvoir réserver des doses mais l'Europe entière en cherche également. Nous éprouvons là le manque de souveraineté sanitaire. Le laboratoire en question nous a promis les vaccins contre la FCO 8 dans les meilleurs délais, en mai ou juin, soit deux mois plus tôt que la vaccination faite en 2024 ». Le 7 avril, le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire annonçait par ailleurs que, pour anticiper la progression du sérotype 1 de la FCO, présent en Espagne, l'État va commander des vaccins afin de former un « cordon sanitaire » protégeant les cheptels français. Sur la FCO 8, l'État a commandé 7 millions de doses de vaccin.