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Droits de plantation

L'€™appel à la résistance

Bruxelles a programmé la fin des droits de plantation pour 2015. En réaction à cette déroute annoncée, la levée de bouclier est générale. Elle s'est concrétisée le 16 mars dernier au Conseil régional de Bourgogne où toutes les régions viticoles de France étaient représentées pour dire «Non» au projet de la commission européenne et défendre une certaine idée de la viticulture française.
Par Anne-Marie Klein
L'€™appel à la résistance
L'appel de la Bourgogne à l'union sacrée contre la disparition des droits de plantation a été largement entendu par les régions viticoles de France qui ont fait le déplacement à Dijon pour signer le manifeste.
Ce n'est pas tant [I]«l'appel de Dijon»[i], que l'appel de la Bourgogne à contrer le vent de libéralisation qui menace les droits de plantation, qui a été entendu le 17 mars dernier au Conseil régional de Bourgogne. En ouvrant cette réunion solennelle, François Patriat , président du Conseil régional, s'est fait le porte-parole de tous ceux qui s'insurgent contre la fin programmée des droits de plantation.

[INTER]Non à l'industrialisation de la production[inter]
Et ils étaient nombreux, représentants de toutes les régions viticoles de France et des communes viticoles, à venir signer cette déclaration solennelle de résistance et l'engagement à poursuivre des actions collectives pour le maintien des droits.
80 élus des régions viticoles ont signé le manifeste (ils sont venus du Languedoc, du Roussillon, d'Aquitaine, de Champagne, des Côtes du Rhône, d'Auvergne) et quelques 1800 conseils municipaux ont marqué par une délibération leur opposition à la décision de Bruxelles, avec une même revendication : l'abandon pure et simple du projet. Un projet largement commenté, à la lumière des études diligentées pour en évaluer les conséquences. Loin du point de vue optimiste de la commission européenne, la disparition des droits de plantation semble devoir sonner le glas de la viticulture française, telle qu'elle se pratique aujourd'hui dans nos régions. L'industrialisation de la production, qui irait de pair avec l'extension des surfaces et le souci d'une rentabilité économique rapide, menace directement la qualité des vins des terroirs français, la typicité de nos vignobles, l'intégrité des territoires et des paysages. Avec des conséquences économiques sévères pour le tourisme et l'image des vins et des vignobles.

[INTER]Des raisons d'espérer[inter]
La messe n'est pas tout à fait dite et les différents intervenants se sont voulus plutôt rassurants quant à l'avancement du dossier soutenu par la France, qui fait de plus en plus d'émules au plan européen. Mais il se pourrait aussi qu'une décision au final plus favorable de la commission européenne diverge quand même sur le fond avec la position française. C'est une raison supplémentaire selon les intervenants de maintenir la mobilisation et de défendre ces droits de plantation pour assurer l'avenir des vignobles et des viticulteurs.
«C'est une démarche consensuelle, transversale et transpolitique» a rappelé François Patriat en présentant cette union sacrée comme la dernière chance de voir les produits de nos vignes nettement identifiés à des territoires. Face aux risques de déréglementation, c'est un facteur essentiel de reconnaissance commerciale et d'identification de nos productions.

[INTER]Ne pas laisser retomber la pression[inter]
La pression doit aller crescendo jusqu'à l'automne, en veillant à ne pas laisser [I]«retomber le soufflé»[i] après juin. Les perspectives de voir réviser la position de la commission sont d'autant plus réalistes que Dacian ciolos semble avoir compris la nécessité de réexaminer le dossier en diligentant de nouvelles études. L'attente est forte désormais que le dossier des droits de plantation doit intégrer au dossier PAC. Les modèles viticoles sur lesquels la commission s'appuyaient pour justifier sa position montrent leurs limites aujourd'hui et les effets pervers d'une totale déréglementation se font sentir. Chacun en appelle donc à tirer les leçons de l'expérience et à ne pas s'engager dans un voie qui reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore, sans en avoir vraiment bien peser les conséquences économiques.