Accès au contenu
Interview de Stéphane Aurousseau

«J’ai pris plaisir à présider la FDSEA»

Après six ans à la tête de la FDSEA, Stéphane Aurousseau a cédé sa place à Emmanuel Bernard. Retour sur ces deux mandats riches en événements et en combats syndicaux.
Par Propos recueillis par Théophile Mercier
«J’ai pris plaisir à présider la FDSEA»
La venue de Xavier Beulin (troisième en partant de la droite) au congrès de la FNB à Nevers en 2017, fut l’un des moments forts du mandat de Stéphane Aurousseau.
L’entretien a eu lieu dans les locaux de la FDSEA le mardi 2 juin quelques heures avant un conseil d’administration au cours duquel Stéphane Aurousseau a présenté sa démission. Initialement prévue en avril dernier cette passation de responsabilités avait été décalée en raison du Covid 19. Devant l’impossibilité de tenir une AG élective avant septembre et confronté à la question de cumul de mandats, Stéphane Aurousseau a souhaité clarifier rapidement la situation. Il nous a livrés ces moments forts, les acquis syndicaux et les points sur lesquels le syndicat doit encore travailler.

- Quel bilan faites-vous de votre mandat ?
Stéphane Aurousseau : « Lorsque je suis arrivé à la FDSEA, j’avais fixé plusieurs ambitions. La première consistait à faire évoluer notre syndicat vers une structure toujours plus professionnelle. Nous sommes dans un contexte où les démarches administratives sont de plus en plus complexes, en témoigne la PAC. Dans le même temps, les agriculteurs sont eux-mêmes de plus en plus pointus, la FDSEA se doit donc d’être plus experte qu’eux. Je crois que sur ce sujet nous avons progressé même s’il y a toujours mieux à faire. La seconde ambition devait porter la FDSEA à la hauteur des nouvelles attentes des agriculteurs et être à l’écoute de l’ensemble des productions, je pense en particulier à la viticulture, aux circuits courts, aux grandes cultures, à l’aviculture. Fort de ce travail, nous sommes aujourd’hui un peu moins considérés comme étant un syndicat d’éleveurs bovins comme ce fut le cas par le passé, nous sommes finalement un syndicat rassembleur. Enfin la dernière ambition a été pour ma part de renforcer les fondamentaux de la FDSEA. Nous avons besoin d’un syndicat qui se projette dans l’avenir et qui n’a pas peur du lendemain. Je tiens à souligner sur ce point le travail réalisé par le service administratif sur les relances syndicales car rien n’est jamais acquis et il est primordial que nous nous remettions en question en permanence. Fort de ce travail, nous avons aujourd’hui un budget propre de cotisations qui est correct, tout ceci dans un contexte de diminution du nombre d’exploitants, ce qui n’est pas rien. Nous sommes situés parmi le tiers des FDSEA les plus dynamiques alors que l’on n’attend pas forcément la Nièvre sur ce point tant on a l’image d’un département extensif avec peu d’agriculteurs, réalisant peu de valeur ajoutée ».

- Avez-vous néanmoins des éléments sur lesquels vous avez des regrets ?
S. A. : « Oui il y a un point de fragilité qui se situe au niveau de l’engagement des adhérents. Dans mon action, j’ai toujours été suivi par mon bureau, un peu moins par mon Conseil d’administration et très peu par mes adhérents. L’engagement n’est pas véritablement développé chez eux et je le déplore. On ne vient pas dans un syndicat pour être défendu mais pour se défendre. La réussite passe à la fois par des ressources financières mais aussi humaines. C’est un élément sur lequel la FDSEA va devoir se pencher plus précisément ».

- Quels sont les moments forts de votre mandat ?
S. A. : « Il y a dans un premier temps le congrès de la FNB, en février 2017 avec la venue de Xavier Beulin pour qui ce fut quasiment la dernière intervention publique puisqu’il est décédé quelques jours plus tard (le 19 février 2017, ndlr). Ce congrès a été un moment fort pour notre département. Ensuite, il y a la participation de la FDSEA au Téléthon qui nous a permis de réaliser une belle opération de communication. Toujours au chapitre communication, la Fête des Moissons que nous organisons chaque été est une réussite à tous les niveaux. Que ce soit du côté de la presse, que des agriculteurs qui ouvrent leurs portes, cet événement plaît énormément. Un peu moins drôle mais tout aussi marquant, il y a eu les manifestations en 2014 qui ont marqué le début de mon mandat. Lorsqu’on laisse le centre-ville de Nevers tels que nous l’avions laissé, c’est à ce moment-là que vous vous rendez compte de l’importance de vos responsabilités. Et puis, l’un des derniers faits marquants ce fut récemment la venue de Christiane Lambert dans le cadre des élections à la Chambre d’agriculture ».

- Y a-t-il des personnes que vous souhaiteriez remercier ?
S. A. : « Oui en premier lieu Stéphane Lafranchise l’ancien directeur. C’est un homme très loyal avec qui il était facile de travailler. On pouvait même s’interroger parfois si ce n’était pas lui le président tellement son engagement fut total (rire). Par ailleurs, je remercie l’équipe administrative pour son engagement durant ces six ans et en particulier pour sa disponibilité durant ce confinement durant lequel les conditions de travail n’étaient pas optimales. Enfin, je me félicite du recrutement de Blandine Caruel, notre nouvelle directrice, qui a pu déjà prouver son professionnalisme. Avec elle, la FDSEA est armée pour les prochaines années ».

- Avez-vous un message à passer aux agriculteurs ? 
S. A. : « J’aimerais leur dire qu’il faut croire en leur métier et ne pas donner trop d’importance à l’agribashing car le grand public est bien au-dessus de ça. Les consommateurs l’ont massivement prouvé en faisant confiance, durant le confinement, aux agriculteurs engagés dans les circuits courts. Par ailleurs, nous sommes dans un département où des opportunités sont possibles mais il faut savoir les saisir. Ensuite, sur le plan syndical, les agriculteurs doivent être attentifs à leur organisation de représentation syndicale, la seule digne de ce nom. C’est la FDSEA ou rien. Dans les départements où les FDSEA sont affaiblies, personne n’a pris leur place. Ils devront s’appuyer sur leur fédération pour se saisir de ce défi qui sera celui d’une génération, celui de la contribution de l’agriculture à la lutte contre le réchauffement climatique. Enfin le dernier message est celui de l’engagement, car l’individualisme ne mène à rien. S’engager oblige à se dépasser. Lorsque vous recevez des personnalités d’envergure nationale comme le (ou la) président de la FNSEA, de la FNB, vous êtes obligés de sortir de votre zone de confort. Cet engagement vous procure une vie personnelle plus épanouie. En résumé, prenez votre destin en main et ne restez pas isolé, ça ne mène nulle part ».