Interview d’Emmanuel Bernard, président de la FDSEA
« Il faut trouver un modèle économique viable et rémunérateur »
Emmanuel Bernard a succédé le 5 juin dernier à Stéphane Aurousseau à la tête de la FDSEA. À 49 ans, l’éleveur déjà engagé à la FNB et à l’Institut de l’Élevage, se lance dans un nouveau défi. Pour l’heure, il s’agit d’une présidence par intérim dans l’attente de la tenue de l’assemblée générale probablement en septembre.

- Quel est votre sentiment au lendemain de votre nomination à la présidence de la FDSEA ?
Emmanuel Bernard : « La première réaction c’est bien entendu de remercier Stéphane Aurousseau pour ce qu’il a fait pour la FDSEA et les adhérents, un travail effectué avec sérieux et professionnalisme. Ensuite, il faut souligner le binôme qu’il a formé avec Stéphane Lafranchise qui a très bien fonctionné. Désormais pour nous, la priorité est de travailler au renouvellement du bureau. Il n’y a pas de révolution mais il nous faut nécessairement rajeunir les membres ».
- Justement, quelle vision avez-vous pour la FDSEA pour les trois prochaines années ?
EB : « Les fondamentaux sont connus : il faut défendre le métier des agriculteurs et en particulier des adhérents, c’est notre cœur de métier avec toute la palette de référents que l’on peut avoir, aussi bien en interne qu’en externe, avec des accompagnements individuels ou collectifs. C’est aussi faire le lien entre ce qui se décide au niveau national et la cour de ferme mais également de sentir les préoccupations qui sont grandissantes. Deuxième élément : l’adaptation. Nous sommes nécessairement dans une adaptation permanente dans l’offre proposée par la FDSEA à ses adhérents. Les difficultés climatiques, les évolutions législatives, les attentes des consommateurs obligent tout un chacun à s’adapter. Enfin, dernier élément, le besoin de formation des agriculteurs qui est primordial et sur lequel nous devons travailler ».
- Quels sont les dossiers prioritaires ?
EB : « Premièrement la ligne politique reste inchangée, c’est important de le préciser. Le dossier principal, c’est le revenu des agriculteurs. Aujourd’hui, une personne qui s’installe en agriculture doit vivre de son métier. Qu’il y ait des aides ou non, l’objectif est d’avoir un modèle économique viable et rémunérateur. Je n’ai pas de scrupule à voir l’industrie agroalimentaire se réformer en raison de l’évolution des modes de consommations, pour peu que ça nous fasse vivre. Si ces changements doivent passer par moins de valeurs ajoutées et la destruction de certains emplois dans ce secteur, il faut le faire, je n’ai pas de problèmes avec ce sujet. Peut-être faut-il simplifier les itinéraires ? Il ne faut rien s’interdire ».
- Quelles sont de votre point de vue, les filières à privilégier dans les prochaines années ?
EB : « Je pense tout d’abord que dans la filière céréales il y a urgence à se réinventer. La pépite colza que nous possédions est en voie de disparition. Ce n’était certes par l’eldorado mais ça nous donnait au moins une assurance. Force est de constater que cette assurance devient compliquée à obtenir. Par conséquent pour remplacer le colza, il faut se poser la question de la culture qui s’intègre le mieux dans le projet économique de son entreprise et ne pas produire une culture pour répondre à la demande d’une filière en particulier. Aujourd’hui, le fait que nous ayons dans le département de la surface fait qu’il peut y avoir des opportunités mais il faut regarder exploitation par exploitation. Ce qui est certain, c’est que nous n’allons pas développer le photovoltaïque au sol pour tout le monde par exemple. Aujourd’hui, l’enjeu est individualisé, il peut y avoir des projets collectifs mais ce n’est pas nécessairement avec les voisins. Les exemples récents de projets photovoltaïques se sont faits à l’échelle du département par exemple. Et puis après il y a la démarche de projets dans laquelle des personnes peuvent s’engager mais pas forcément en adhérant à la FDSEA. Il faut que nous soyons force de propositions ».
- Quels sont les chantiers de cette nouvelle mandature ?
EB : « Clairement, nous avons du travail pour faire évoluer nos statuts. Les adhérents peuvent penser que ce n’est pas essentiel pour eux, mais c’est important pour la vie de la structure. Même si la FDSEA doit s’adapter à cet environnement mouvant, la structure doit rester à l’échelle départementale ».
- Comment allez-vous gérer vos différentes responsabilités d’élus ?
EB : « C’est compliqué, il ne faut pas se le cacher et le cumul fait toujours parler. En même temps, les adhérents m’ont vu à l’œuvre et j’ai très humblement réussi à faire parler de la Nièvre au niveau national. J’ai donc d’un côté la difficulté de gérer l’emploi du temps mais j’ai aussi le réseau qui va sans doute me permettre de régler des dossiers plus facilement. Après, j’ai senti plutôt une volonté de travailler avec moi donc je ne pense pas qu’il y ait de débat à ce niveau-là ».
- Pour terminer, comment voyez-vous l’été qui se profile ? Pensez-vous que l’on aille vers une troisième sécheresse consécutive ?
EB : « Nous sommes sur la corde raide depuis quelques jours. Le pire n’est pas encore sûr, pour, autant sur mon secteur, nous n’avons pas d’eau. Je pense que malgré tout, nous avons devant nous les traces du changement climatique. Il faut donc que les agriculteurs aient assez de recul pour faire les stocks nécessaires. Et puis il va falloir voir comment faire pour reprendre un peu plus de sérénité. En attendant, je pense que nous allons déchanter au niveau des rendements de fourrage. Je suis par exemple à 70 % de ce que je fais d’habitude à la fenaison. Mais je voudrais adresser un mot pour les agriculteurs : il faut être convaincu que nous avons un beau métier, à la fois indispensable et intéressant. Et puis ne pas se désespérer car il y a toujours une solution qui vient souvent des exploitants eux-mêmes ».
Emmanuel Bernard : « La première réaction c’est bien entendu de remercier Stéphane Aurousseau pour ce qu’il a fait pour la FDSEA et les adhérents, un travail effectué avec sérieux et professionnalisme. Ensuite, il faut souligner le binôme qu’il a formé avec Stéphane Lafranchise qui a très bien fonctionné. Désormais pour nous, la priorité est de travailler au renouvellement du bureau. Il n’y a pas de révolution mais il nous faut nécessairement rajeunir les membres ».
- Justement, quelle vision avez-vous pour la FDSEA pour les trois prochaines années ?
EB : « Les fondamentaux sont connus : il faut défendre le métier des agriculteurs et en particulier des adhérents, c’est notre cœur de métier avec toute la palette de référents que l’on peut avoir, aussi bien en interne qu’en externe, avec des accompagnements individuels ou collectifs. C’est aussi faire le lien entre ce qui se décide au niveau national et la cour de ferme mais également de sentir les préoccupations qui sont grandissantes. Deuxième élément : l’adaptation. Nous sommes nécessairement dans une adaptation permanente dans l’offre proposée par la FDSEA à ses adhérents. Les difficultés climatiques, les évolutions législatives, les attentes des consommateurs obligent tout un chacun à s’adapter. Enfin, dernier élément, le besoin de formation des agriculteurs qui est primordial et sur lequel nous devons travailler ».
- Quels sont les dossiers prioritaires ?
EB : « Premièrement la ligne politique reste inchangée, c’est important de le préciser. Le dossier principal, c’est le revenu des agriculteurs. Aujourd’hui, une personne qui s’installe en agriculture doit vivre de son métier. Qu’il y ait des aides ou non, l’objectif est d’avoir un modèle économique viable et rémunérateur. Je n’ai pas de scrupule à voir l’industrie agroalimentaire se réformer en raison de l’évolution des modes de consommations, pour peu que ça nous fasse vivre. Si ces changements doivent passer par moins de valeurs ajoutées et la destruction de certains emplois dans ce secteur, il faut le faire, je n’ai pas de problèmes avec ce sujet. Peut-être faut-il simplifier les itinéraires ? Il ne faut rien s’interdire ».
- Quelles sont de votre point de vue, les filières à privilégier dans les prochaines années ?
EB : « Je pense tout d’abord que dans la filière céréales il y a urgence à se réinventer. La pépite colza que nous possédions est en voie de disparition. Ce n’était certes par l’eldorado mais ça nous donnait au moins une assurance. Force est de constater que cette assurance devient compliquée à obtenir. Par conséquent pour remplacer le colza, il faut se poser la question de la culture qui s’intègre le mieux dans le projet économique de son entreprise et ne pas produire une culture pour répondre à la demande d’une filière en particulier. Aujourd’hui, le fait que nous ayons dans le département de la surface fait qu’il peut y avoir des opportunités mais il faut regarder exploitation par exploitation. Ce qui est certain, c’est que nous n’allons pas développer le photovoltaïque au sol pour tout le monde par exemple. Aujourd’hui, l’enjeu est individualisé, il peut y avoir des projets collectifs mais ce n’est pas nécessairement avec les voisins. Les exemples récents de projets photovoltaïques se sont faits à l’échelle du département par exemple. Et puis après il y a la démarche de projets dans laquelle des personnes peuvent s’engager mais pas forcément en adhérant à la FDSEA. Il faut que nous soyons force de propositions ».
- Quels sont les chantiers de cette nouvelle mandature ?
EB : « Clairement, nous avons du travail pour faire évoluer nos statuts. Les adhérents peuvent penser que ce n’est pas essentiel pour eux, mais c’est important pour la vie de la structure. Même si la FDSEA doit s’adapter à cet environnement mouvant, la structure doit rester à l’échelle départementale ».
- Comment allez-vous gérer vos différentes responsabilités d’élus ?
EB : « C’est compliqué, il ne faut pas se le cacher et le cumul fait toujours parler. En même temps, les adhérents m’ont vu à l’œuvre et j’ai très humblement réussi à faire parler de la Nièvre au niveau national. J’ai donc d’un côté la difficulté de gérer l’emploi du temps mais j’ai aussi le réseau qui va sans doute me permettre de régler des dossiers plus facilement. Après, j’ai senti plutôt une volonté de travailler avec moi donc je ne pense pas qu’il y ait de débat à ce niveau-là ».
- Pour terminer, comment voyez-vous l’été qui se profile ? Pensez-vous que l’on aille vers une troisième sécheresse consécutive ?
EB : « Nous sommes sur la corde raide depuis quelques jours. Le pire n’est pas encore sûr, pour, autant sur mon secteur, nous n’avons pas d’eau. Je pense que malgré tout, nous avons devant nous les traces du changement climatique. Il faut donc que les agriculteurs aient assez de recul pour faire les stocks nécessaires. Et puis il va falloir voir comment faire pour reprendre un peu plus de sérénité. En attendant, je pense que nous allons déchanter au niveau des rendements de fourrage. Je suis par exemple à 70 % de ce que je fais d’habitude à la fenaison. Mais je voudrais adresser un mot pour les agriculteurs : il faut être convaincu que nous avons un beau métier, à la fois indispensable et intéressant. Et puis ne pas se désespérer car il y a toujours une solution qui vient souvent des exploitants eux-mêmes ».