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Désherbage mécanique

Herse étrille : faire son expérience au champ

Des céréaliers se sont prêtés à des essais d’utilisation de la herse étrille avec la Chambre d’agriculture de l’Yonne.
Par Chambre d’agriculture de l’Yonne
Herse étrille : faire son expérience au champ
Les conditions climatiques et l’état du sol de la seconde semaine de novembre ont permis le passage de l’outil sur des adventices peu développées et encore sensibles à l’arrachement et au recouvrement.
La herse étrille n’est pas un outil nouveau. Pourtant, son utilisation en grandes cultures conventionnelles est anecdotique. Les raisons sont multiples mais le réglage et le positionnement de l’outil restent les principales difficultés et causes d’échecs. Aujourd’hui, elle suscite à nouveau l’intérêt. Entre volonté de réduire les phytosanitaires, nécessité de maîtriser des adventices résistantes et d’intégrer de nouvelles techniques à sa stratégie, certains agriculteurs s’interrogent pour lui faire une place dans leurs itinéraires techniques.

Une plate-forme d’essais au champ pour mieux appréhender l’utilisation de l’outil
C’est le cas d’un groupe d’agriculteurs de l’Auxerrois et de Germain Philbe, qui a accepté de consacrer une parcelle à des essais de plein champ. Proposée par la Chambre d’agriculture de l’Yonne, cette démarche a pour objectif d’aller plus loin que le simple réglage de la machine. Il s’agit d’appréhender son utilisation en conditions réelles et réfléchie dans le cadre d’une gestion globale des adventices. Cette nécessaire démarche d’accompagnement vient en synergie de la mise à disposition de l’outil assurée par l’Association pour la qualité de l’eau potable.

Un outil complémentaire au raisonnement agronomique et au désherbage chimique
La herse étrille est donc considérée comme «une pièce du puzzle». Sur la plate-forme d’essai, elle est utilisée sur différentes façons culturales (zone labourée, zone en travail superficiel), emblavée à différentes dates (semis de blé du 15 octobre et du 9 novembre) et appuyée d’un désherbage chimique de rattrapage au printemps. Elle est utilisée avec différentes stratégies : en préventif avec l’objectif de réaliser un faux semis ; en curatif pour détruire de jeunes adventices, en pré-levée (passage «en aveugle») puis en post-levée par passages successifs à l’automne et/ou au printemps. Mais il ne s’agit pas là d’une recette ; le protocole d’intervention est sans cesse adapté aux conditions de la campagne.

Une adaptation permanente
L’utilisation de la herse étrille reste délicate parce que les fenêtres d’intervention sont étroites et variables d’une année à l’autre. En moyenne, il faut compter l’équivalent d’une petite quinzaine de jours disponibles sur la campagne pour réaliser les interventions. Le stade des adventices pilote le positionnement de l’intervention. Trop développées, elles résistent à l’outil et rendent son passage inutile. Mais l’état de surface du sol, les conditions climatiques et le stade de la culture décident de son déclenchement. Un sol suffisamment ressuyé, bien nivelé, avec peu de résidus en surface, une journée ensoleillée asséchante avant et après le passage de l’outil et un stade de la culture résistant sont des conditions de réussite de l’intervention. Il faut donc être réactif et s’adapter en permanence.

Observer et prendre des repères pour effectuer les réglages
Enfin, l’utilisation de la herse étrille reste délicate parce que les paramètres de réglage interagissent entre eux et qu’il est donc difficile de rationaliser l’opération. La modification du terrage de l’outil, de la position des dents et de la vitesse d’avancement influent sur l’agressivité de la machine. Il est nécessaire d’observer la profondeur de travail, l’effet sur les adventices et la culture pour affiner les réglages. Au final, ils seront forcément le résultat d’un compromis entre efficacité sur les mauvaises herbes et sélectivité sur la culture.
Pour gagner du temps sur cette phase, il est déterminant de prendre des repères (exemple longueur des chandelles de relevage et du troisième point pour assurer l’horizontalité de l’outil).

Des expériences à partager, des résultats à venir !
Le rendez-vous «bout de champ» du 16 novembre consacré au réglage de la machine a démontré l’importance de partager les expériences et savoir-faire. Le passage de l’outil ne doit pas être réalisé si les conditions ne s’y prêtent pas. L’intervention a finalement eu lieu le lendemain. La plate-forme est installée jusqu’à la récolte et les résultats et enseignements devraient être nombreux. N’hésitez pas à nous solliciter.

Contacts :
Marjorie Lautier au 06 77 75 30 28
ou m.lautier@yonne.chambagri.fr
Richard Wylleman au 06 07 81 46 45
ou r.wylleman@yonne.chambagri.fr

L’avis de Germain Philbe, agriculteur à Vallan en système conventionnel sur petites terres à cailloux

J’étais curieux de tenter le désherbage mécanique d’une culture sur mon exploitation. Après avoir constaté des échecs en désherbage chimique, la disparition de matière active et m’être engagé dans une MAE avec un objectif IFT désherbage inférieur à 1,6 sur l’exploitation, je souhaitais tester le désherbage mécanique et notamment l’utilisation d’une herse étrille. Mis à disposition par l’Association pour la qualité de l’eau potable, j’ai utilisé cet outil avec l’appui de la Chambre d’agriculture sur une parcelle de blé selon différentes modalités et avec différents objectifs. À première vue, l’outil paraît simple… mais une fois dans la parcelle, les choses deviennent vite plus compliquées. Les questions sont nombreuses : stade du blé, développement et profondeur d’enracinement des adventices, agressivité des dents de la herse étrille, vitesse d’avancement, humidité du sol… le doute s’installe.
Une chose est sûre, une fois le passage réalisé, il ne faut pas regarder la culture. Elle donne l’impression d’avoir disparu sous la terre et les cailloux. Mais rien ne vaut un comptage précis avant et après le passage de l’outil. Il permet de lever les angoisses, de se rendre compte du nombre de pieds restants et des adventices détruites. Il ne faut pas se fier à l’effet visuel !
Je constate que plus le stade des mauvaises herbes est jeune plus les adventices sont bousculées par les dents de la herse étrille. Pour l’instant l’expérience est très intéressante et mérite d’être poursuivie. Elle nous permettra de tirer des enseignements nécessaires pour aller au-delà d’un simple essai.
Des comptages réguliers sont effectués par la Chambre d’agriculture. Vous en saurez plus bientôt.