Gaec Gandillet au Miroir : bâtiment tout confort pour les animaux et les éleveurs !
Fin 2024, le Gaec Gandillet mettait en service un tout nouveau bâtiment pour 130 vaches laitières traites au robot. Pour ce nouvel outil de travail, les associés n’ont pas lésiné sur le confort des animaux et l’ergonomie, intégrant aussi le réchauffement climatique à la conception.

Arrivée au Miroir en 1918, la famille Gandillet s’est mise à développer la production laitière à partir des années soixante. En 1983, la tuberculose obligeait à remplacer la totalité du cheptel, provoquant un nouveau départ pour l’élevage. En 1993, un Gaec était créé avec l’installation de Didier et la référence laitière était portée à 250.000 litres. Un an plus tard, Sylvie, l’épouse de Didier devenait conjointe collaboratrice et en 1995, les associés investissaient dans une stabulation de type Richème (aire paillée + aire d’exercice extérieure) avec salle de traite 2X4 en tandem. En 1996 et 2004, les parents de Didier prenaient respectivement leur retraite tandis que Sylvie devenait associée. L’exploitation poursuivait sa spécialisation dans la production laitière pour atteindre 150 ha et 673.000 litres de lait en 2021. Titulaire d’un BTS, Antoine rejoignait à son tour le Gaec en 2022. Désireux de poursuivre sur la voie tracée par ses aïeux et alors que la fromagerie Milleret (70) leur attribuait des litrages supplémentaires (jusqu’à 1,3 million), le jeune éleveur lançait un projet de bâtiment.
Logettes, caillebotis
Pour leur nouvel outil de travail, les associés ont opté pour des robots de traite et des logettes/caillebotis. Antoine avait effectué un stage dans une exploitation équipée de robots avec des vaches en pâturage. Et les problèmes d’épaule de sa maman l’avaient convaincu de robotiser la traite des quelque 125 laitières.
Le nouveau bâtiment mesure 86 m de long sur 22 m de large. Un couloir latéral de 5 m de largeur dessert 120 places de cornadis. Pour loger les vaches lourdes et productives du troupeau, les associés ont opté pour 122 logettes (+ 6 d’isolement) de 120 cm de largeur par 2,60 m de profondeur (en tête-à-tête) ou 3 m. Pour un confort optimal des animaux, les logettes sont tapissées de matelas à eau avec des genouillères à l’avant. Auparavant en aire paillée, « toutes les vaches se sont parfaitement adaptées au nouveau bâtiment », se félicite Antoine. Les laitières évoluent sur des caillebotis recouvrant une fosse de 2.500 mètres cubes. Un robot racleur assure le nettoyage derrière les logettes. À l’achat, le système logettes sur caillebotis revenait trois fois plus cher qu’une aire paillée, conviennent les associés, mais l’investissement se retrouve en économie de fonctionnement. La consommation de paille a été divisée par trois ou quatre, fait valoir Didier.
Dôme éclairant, ventilation naturelle
La famille Gandillet a fait appel au constructeur breton Arcanne Construction (22) qui leur a proposé un bâtiment à charpente bois supportant une couverture en fibrociment. La hauteur au faîtage atteint 8 m 50 et 5 m 95 au niveau des longs pans. Pour limiter le rayonnement solaire en période chaude, la couverture est dépourvue de tôles translucides. Au niveau du faîtage, un dôme éclairant large de plusieurs mètres assure une grande luminosité. C’est aussi là que l’air ressort pour la ventilation. Cette dernière se fait de manière naturelle — plus économe qu’une ventilation mécanisée — grâce à deux longs pans ouvrables par un système de filets commandés électriquement de la marque Agrotel. Ces parois brise-vent amovibles s’ouvrent par le haut ou par le bas, ce qui permet aux éleveurs « de créer des courants d’air » à leur guise et de « réguler la vitesse d’air » en fonction de la température dans la journée, explique Didier. Toute la façade du pignon sud s’ouvre également ce qui permet de maximiser l’aération du bâtiment en cas de forte chaleur. Les portes d’entrée en filet brise-vent sont actionnées par télécommandes évitant aux associés de descendre des tracteurs.
Côté ouest, un débord de toit de 1,50 m limite l’entrée des rayons du soleil.
Pas d’obstacle à la circulation de l’air
Situés à l’une des extrémités du bâtiment, les deux robots de traite sont recouverts d’une sous toiture et de parois en panneaux sandwichs (aluminium sur cadre galvanisé). Ce bardage intérieur protège les machines du gel en hiver. Les éleveurs le démontent à la belle saison, permettant aux courants d’air de ventiler aussi les robots.
Pour optimiser la circulation de l’air à l’intérieur de la stabulation, aucun mur ne dépasse 1,50 m de hauteur.
Une salle de réunion et une cuisine aménagée !
À proximité des robots, la famille Gandillet a fait aménager un vaste local technique. Il comprend une laiterie de 45 mètres carrés, une seconde petite laiterie pour le colostrum. Les vêlages et les génisses sont sur l’autre site de l’exploitation (à 400 m de distance) ce qui suppose un transfert des vaches vêlées et du colostrum vers le site d’élevage des veaux. Les associés ont fait construire un vaste « bureau » de 64 mètres carrés comprenant salle de réunion et une cuisine aménagée ! Peu commun dans un élevage, ce local impeccablement entretenu ressemble plus à ce que l’on voit dans une PME que dans une ferme… C’est un atout indéniable pour le confort de travail, tant pour les associés que pour les stagiaires, salariés éventuels ou même commerciaux, techniciens…
La propreté saute aux yeux !
En entrant dans le vaste bâtiment, la clarté, la fonctionnalité et la propreté sautent aux yeux. Les passages d’hommes sont nombreux facilitant le travail des éleveurs, de l’inséminateur… Le réseau de couloirs est conçu de sorte que les parties sales (en contact avec les caillebotis) soient bien séparées des parties propres. Des douchettes sont omniprésentes pour le lavage des bottes, ce qui contribue à la propreté permanente des lieux.
Les bétons du couloir d’alimentation ont un aspect lissé digne d’une résine de sol. Les associés en ont confié la réalisation à des maçons « dallagistes » professionnels. Ces bétons sont « coupés » pour éviter les fissures liées à la dilatation et traités pour résister à l’acidité des rations, confie Didier.
Les associés ont également soigné l’alimentation en eau du bâtiment. Chaque abreuvoir est alimenté par son propre tuyau et tout le réseau est enterré en-dessous de la fosse à lisier et remonte vers les abreuvoirs à travers les murs.
Au total, le nouveau bâtiment a généré un investissement de 1,54 million d’euros comprenant robots, silos, etc. Sur ce montant, le Gaec devrait bénéficier d’une aide de 120.000 €. Le coût du seul bâtiment revient à 250.000 €.
Conception des plans en 3D
Pour concevoir l’ouvrage, Antoine a dessiné ses plans lui-même à l’aide d’un logiciel d’architecte en 3D, outil qui a permis aux associés de visualiser les aménagements en amont. Dans leur réflexion, ils se sont fait conseiller par des experts dont Tanguy Morel de l’Idele. La famille Gandillet a également apprécié la réactivité du constructeur du bâtiment qui, bien qu’implanté à 800 km de là, a permis « des délais de réalisation remarquables », rend hommage Didier.
Avec ce bâtiment novateur, l’objectif du Gaec d’optimiser à la fois « le confort des hommes et des animaux » est atteint. Et Didier Gandillet de conclure : « délocaliser un bâtiment comme nous l’avons fait n’est finalement pas si terrible que cela. D’ailleurs, ce que nous n’avions pas pensé, c’est que nos animaux gagneraient en tranquillité. En effet, ils ne sont plus constamment dérangés par les allées et venues des tracteurs et autres véhicules dans l’ancienne cour de ferme ».
Trier les vaches sans qu’elles ne s’en rendent compte !

Les deux robots de traite sont associés à un système de tri très précieux pour les associés du Gaec Gandillet. Les vaches de l’élevage passent en effet par ces portes de tri intelligentes à chaque fois qu’elles se rendent aux robots pour se faire traire. Grâce à cet équipement, les éleveurs peuvent facilement séparer des vaches à échographier, à inséminer, boiteuses… Il suffit de le programmer à l’aide d’un smartphone, apprécie Didier. Le tri peut ainsi s’effectuer sans avoir à déranger les vaches. Les animaux mis de côté sont orientés vers deux cases de tri, l’une équipée de six logettes, l’autre en aire paillée. Dans la journée, elles conservent l’accès libre aux robots qui les reconnaît.
Séchage en grange, Simmental, distribution en Cuma…
Sur son exploitation du Miroir, au pied du Revermont jurassien, la famille Gandillet a toujours eu le sens de l’innovation. En 1973, Robert et Josiane Gandillet (parents de Didier) introduisaient le séchage en grange au retour d’une visite au Salon de l’agriculture. Le foin séché en grange continue aujourd’hui de nourrir les génisses. Après avoir perdu tout leur troupeau suite à la tuberculose de 1983, les Gandillet achetaient leurs premières Simmentals, là encore suite à une découverte au salon parisien, raconte Didier. Les 130 Simmentals en production aujourd’hui descendent toutes des dix premières vaches acquises à l’époque. Ces laitières ont une ration à base d’ensilage de maïs et d’ensilage d’herbe avec 1 kg de tourteau au robot. Pour la distribution, le Gaec est adhérent de la Cuma La Gizia qui possède une mélangeuse automotrice pour six exploitations et près de 1.000 vaches laitières. La production moyenne par vache est proche de 8.800 kg de lait par an à 43,9 de TB et 35 de TP.
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