« Faire sortir les gens de la route »

C'est devant une zone industrielle laissée à l'abandon que nous retrouvons Mathias Bounon et ses quatre associés. Un lieu chargé d'histoires pour cet Icaunais, car « en 2004, j'ai commencé à travailler dans cette concession de matériel agricole », confie-t-il, avec un regard nostalgique. Effectivement, jusqu'en 2008, « je 'étais agent commercial dans ce domaine et au sein de cette entreprise ». Mais être salarié, ce n'est pas ce qui plaisait à Mathias Bounon, alors il ouvre sa propre entreprise « BC Technique », spécialisé dans le matériel de désherbage. « Au cours des dix années d'existence, nous sommes passés de neuf à onze personnes, on travaillait bien. Mais j’ai souhaité m'ouvrir à d'autres secteurs, et donc en 2017, on a également ouvert une usine à Arcy-sur-Cure, « Phoenix Agro System » qui proposait des matériels de désherbage mécanique avec beaucoup plus de technologie », liste-t-il. « On est devenu le n° 1 en France, en moins de 24 mois », confie-t-il, sourire aux lèvres. Aujourd'hui, Mathias Bounon et ses quatre associés ont souhaité repartir à zéro. « En 2023, on a vendu les deux structures, BC Technique et Phoenix Agro System », déclare-t-il. Tout cela est parti du fait que « nous avons appris que la zone industrielle de Nitry était en friche », constate-t-il, avant d'ajouter que, « nous avons donc pour objectif de redynamiser la zone de 2 ha sur 15 ans ». Assis devant la structure en travaux, Mathias Bounon explique que d'abord il préfère « utiliser ce qui est déjà existant ». Après avoir lancé sa marque de bières, Gentleman Farmer, en mai dernier, l'investisseur icaunais veut voir plus loin. « Avec Gabriel Mihu, l'un de mes associés et ami, avec qui on lance tous nos projets ensemble, on avait envie de faire de la bière et on voulait que ce soit une bière qui incarne le monde agricole », avoue-t-il.

Être fier que ce soit français

Les deux associés ont donc pris la décision de faire fabriquer une bière en Bourgogne, et plus précisément à Beaune, en sourçant la chaîne de transformation « jusqu'à la parcelle ». Amateur dans le domaine, « nous avons fait appel à Ludovic Delage, zythologue, afin de concocter trois recettes distinctes de bières qui nous correspondaient », explique l'Icaunais. Après un travail de longue haleine, Mathias Bounon a donc « proposé trois bières : une IPA, une blonde et une aux fruits rouges », aux « brasseries que nous avons sélectionné en fonction de leurs recettes », car « je préfère sous-traiter ». Mais il n'a donc « pas de point de vente pour les particuliers ». L'âme de la bière résulte d’une volonté de « garder le côté populaire » en affichant des prix « de 2,50 euros pour 44 cl ». Afin de résoudre cette problématique, « nous avons décidé d'ouvrir une brasserie, qui incarnera la marque de la bière, au sein de la zone industrielle de Nitry », annonce-t-il. C'est dans une ambiance à la « Peaky Blinders », que Mathias Bounon souhaite inviter les « gens à sortir de l'autoroute » et leur proposer « une cuisine traditionnelle ». L'objectif est de « proposer des plats typiques, tels que du jambon au chablis, bœuf bourguignon, etc. », liste-t-il. Et si les plats sont typiques, les produits, eux, sont locaux. Fils d'agriculteur, il en profitera pour « mettre en avant l'huile et la farine que produit ma famille ». En ce qui concerne la viande, « nous allons faire un partenariat local issu du Morvan », quant au poisson, « nous allons collaborer avec une pisciculture locale ». Les fromages viendront directement « de la Fromagerie du Lac » et « nous avons également réalisé un partenariat avec la Chablisienne pour le vin », convient-il. En se baladant dans le lieu chaleureux, il informe que « du lundi au vendredi, le restaurant sera ouvert tous les midis » ; « que le vendredi, il y aura des soirées à thème afin de rendre la zone attractive » et que le samedi « le restaurant pourra être mis à disposition pour de grands événements ». La brasserie « L'Arcadia », a prévu d'ouvrir ses portes en février prochain et a la volonté « d'être mise à disposition en faveur des producteurs locaux », conclut-il en dégustant sa bière avec le sourire.