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Chambre d’agriculture

Encore loin du compte

Les sujets de préoccupations étaient nombreux, vendredi, à la session de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or.
Par Aurélien Genest
Encore loin du compte
Vincent Lavier a notamment abordé les dossiers des ZDS et du Mercosur.
La première session 2018 de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or s’est déroulée le 23 février au lycée de Plombières, deux jours après l’action syndicale à Dijon et 24 heures avant l’ouverture du salon de l’agriculture. Plusieurs dossiers d’envergure ont fait l’objet de discussions avec, en premier lieu, celui des zones défavorisées simples.

Des communes des Hautes-Côtes et de la vallée de l’Ouche ne figurent toujours pas dans le zonage des ZDS, alors que ce dernier semble «quasiment bouclé». «L’activité viticole fausse les données économiques de cette petite région. Nous avons apporté l’ensemble des éléments techniques au plus haut rang pour justifier cette incohérence», rappelle Vincent Lavier, «le ministre Travert avait semblé comprendre cette problématique en août, quand nous l’avions rencontré à Paris. Aujourd’hui, malgré de nombreuses relances, nous sommes dépités de ne voir aucune évolution dans ce dossier. Les régions concernées font partie des plus pauvres du département, elles sont peu productives. L’ICHN trouve tout son sens dans ces secteurs». Une très faible marge de manœuvre existerait encore pour les 35 exploitations agricoles concernées. L’implication des députés François Patriat et Didier Paris reste stérile pour le moment. Le ministre de l’agriculture serait «assailli de toutes parts» dans ce dossier des ZDS, avec des pressions venant de toute la France.

Bien légiférer
Le président de la Chambre d’agriculture a ensuite abordé les États généraux de l’alimentation, en partageant son inquiétude sur leur future application : «les négociations commerciales qui se déroulent actuellement entre les industriels et la grande distribution ne nous rassurent aucunement. Ces transactions se passent aussi mal que les années précédentes, les acteurs concernés ont pourtant signé la charte des bonnes pratiques à l’automne. Nous voulons que la loi qui découlera de ces États généraux soit verrouillée du mieux possible car, pour la grande distribution, une loi est souvent faite pour être contournée».

Trouver les meilleurs compromis
L’accord Mercosur a alimenté plusieurs interventions lors de cette matinée. Vincent Lavier s’est insurgé devant l’hypothèse d’importer plusieurs dizaines de milliers tonnes de viandes d’Amérique du sud :  «nous ne pouvons pas laisser entrer des marchandises qui ne sont pas produites selon les mêmes standards ni les mêmes cahiers des charges que chez nous. Le raisonnement va bien plus loin que ce seul Mercosur. Je ne prendrai qu’un seul exemple: celui de notre production de cassis, sujet à des restrictions de produits phytosanitaires. Nous n’avons plus de solution pour maitriser la cochenille, qui pose un réel problème pour le cassis grain aujourd’hui en Côte-d’Or. Des agriculteurs abandonnent déjà la production... Quelle solution aurons nous si nous ne sommes plus capables de produire du cassis en France ? Aller le chercher en Allemagne ou en Pologne ? Ces deux pays ont encore des possibilités phytosanitaires et peuvent encore maitriser la cochenille. Quel est la meilleure issue ? A vouloir toujours faire mieux dans les pratiques, nous prenons le risque de mettre en péril certaines productions, pout devoir aller chercher leur équivalent ailleurs. La France doit trouver les meilleurs compromis».

Autres dossiers
Les récentes inondations ont aussi été abordées lors de cette session: «l’état de catastrophe naturelle a déjà été reconnu dans 277 communes françaises. Plusieurs en Côte-d’Or le méritent fortement : ce dossier doit être examiné ensemble pour faciliter les démarches des sinistrés auprès de leurs assureurs». Dans un tout autre domaine, celui des animaux en déshérence, Vincent Lavier a là encore prôné le travail collectif pour trouver une solution : «nous demandons une réunion en préfecture en présence des parlementaires, car nous butons encore et toujours sur le transfert de droit de propriété des animaux. Nous ne sommes pas armés législativement. Il y a urgence car de plus en plus d’agriculteurs décrochent dans le monde de l’élevage».

Parmi les interventions

François-Xavier Lévêque : «Un problème dans ce pays»
Le président des Jeunes agriculteurs est revenu sur l’action syndicale du 21 février : «La mobilisation du réseau JA a été exemplaire, les jeunes se préoccupent de leur avenir. Macron nous a donné une partie des réponses à nos questions dès le lendemain : le dossier des ZDS semble malheureusement classé. Pour celui du Mercosur, il sera visiblement signé mais encadré... Il y a vraiment un problème dans ce pays : pour les ZDS, tout le monde s’était pourtant mobilisé, la Chambre d’agriculture, les JA, la FDSEA, les députés, le Conseil départemental, le Conseil régional, la DDT, la Draaf.... La décision semble pourtant avoir été prise dans un bureau à deux avec Travert et Macron... Je me demande à quoi sert l’assemblée nationale. Je regrette aussi la façon dont nous avons été reçus à la préfecture. Il y eu de l’écoute mais strictement rien derrière. On nous a mis dehors comme des malpropres car une botte de paille était en feu au milieu de la rue, c’est n’importe quoi. Dans la foulée de ce rendez-vous, nous avons rencontré la présidente de région. Les discours semblent évoluer. Pour être constructifs, nous allons monter un groupe de travail avec l’Yonne, la Nièvre et mettre en avant les filières».

Pascal Martens : «Le cadre législatif ne convient pas»
Le président du GDS a abordé le dossier de la tuberculose bovine et celui des animaux en déshérence : «environ 60% de la prophylaxie sont aujourd’hui effectués et un seul foyer est à déplorer pour le moment. Les voyants sont plutôt au vert pour la tuberculose bovine, nous devons tenir bon et continuer le travail entrepris il y a plusieurs années. Cela dit, je m’inquiète de l’importante pression pour rétablir l’agrainage. Nous avons des endroits en Côte-d’Or où il reste beaucoup de sangliers et de cervidés. Le deuxième point que je souhaite aborder est celui de la gestion des troupeaux où l’élevage devient critique. Le cadre législatif ne convient pas aujourd’hui pour se sortir de ce genre de situation. Il faut faire évoluer les lois, tout le monde doit se réunir autour de la table».