Des haies autour des bâtiments pour réduire les aléas climatiques
Les haies d’arbres offrent de multiples services quand elles sont implantées intelligemment autour des bâtiments d’élevage. Elles permettent par exemple d’éviter la surchauffe en période de fortes chaleurs, de briser les vents dominants, de clôturer un lieu ou de fournir du fourrage.

La fréquence des périodes caniculaires augmentant, la question du confort des animaux dans les bâtiments va se poser de manière encore plus forte dans les années à venir. On sait par exemple que sur un troupeau laitier, de forte chaleur entraîne une baisse de la production de lait estimée entre 10 et 20 % par l’Institut de l’élevage. Le confort des animaux et des hommes réside par le maintien d’une température en dessous de 30 °C à l’intérieur des bâtiments. Il existe de multiples façons de réduire la température dans les bâtiments (ventilation, arrosage, brumisation, etc.). On y pense peut-être moins, mais la haie d’arbres brise-soleil est aussi un très bon moyen d’abaisser la température dans les bâtiments. « La haie bioclimatique concerne autant l’humain que le bâti », explique Bernard Farinelli, auteur du livre Planter des haies de biodiversité, édité en 2019 chez Terran. « Les constructions paysannes traditionnelles et leur environnement immédiat tenaient compte des haies et de leurs propriétés. On redécouvre aujourd’hui les bienfaits des haies avec les changements climatiques en cours ». La haie apporte ainsi de nombreux services tels que la réduction des odeurs et des poussières, des vents, le maintien des sols, la production de nectar pour les pollinisateurs, le gîte et le couvert pour les oiseaux et une faune nombreuse. De plus, elle peut être valorisée via du bois énergie ou du bois d’œuvre. Dans le cas d’une haie brise-soleil, elle sera souvent implantée au sud et/ou à l’ouest du bâtiment en fonction de l’orientation de celui-ci pour protéger du soleil aux heures les plus chaudes. À l’ombre d’une haie, la température dans un bâtiment peut être inférieure de plus de 10 °C par rapport à un bâtiment en plein soleil. « Il convient de gérer l’ombre et la chaleur en jouant sur la densité de feuillage (petites et grandes feuilles), les hauteurs pour s’abriter du soleil et de la canicule, souligne Bernard Farinelli dans son ouvrage. Les essences à feuilles caduques remplissent un double office : protéger de trop d’ensoleillement l’été grâce à leur feuillage et ne pas empêcher le faible ensoleillement hivernal ».
Bien implanter une haie
Une haie d’arbres est établie pour longtemps, son implantation doit donc être réfléchie avec soin, de préférence un an avant sa plantation. Déterminer le lieu précis de son emplacement constitue la première étape de l’implantation d’une haie. En fonction du rôle que l’on souhaite lui donner - créer de l’ombre sur le bâtiment et/ou atténuer certains vents dominants - il faut tenir compte de l’orientation du bâtiment, de la distance entre la haie, le bâtiment et le chemin d’accès, la proximité du terrain voisin, la présence de réseaux souterrains ou de fossés et drains, de l’espace disponible.
Pour qu’une haie brise-soleil joue son rôle d’ombrage aux heures les plus chaudes de la journée, il faut qu’elle soit assez proche des bâtiments (moins de 10 mètres) ou que les arbres adultes atteignent une hauteur importante. Le calcul de l’implantation peut être réalisé avec un paysagiste ou un conseiller de Chambre d’agriculture. Il convient également de prendre en compte les éventuels dépôts de feuilles sur les toitures ou dans les systèmes d’évacuation d’eau pluviale. Pour les haies brise-vent, les arbres doivent être orientés perpendiculairement aux vents dominants. Elle doit se situer à environ 30 mètres des bâtiments. À cette distance, la protection est idéale lorsque les arbres atteignent une hauteur de 15 m, car les bâtiments se trouvent dans la zone de réduction maximale de la vitesse du vent, soit entre 2 et 4 fois la hauteur de la haie. La haie doit également être plus large de 30 à 60 m que le bâtiment à protéger pour éviter que les vents qui contournent la haie sur les côtés ne l’atteignent.
Planifier des travaux
Plusieurs étapes sont à réaliser avant d’implanter une haie. D’abord, il convient de réaliser une préparation du sol pour l’ameublir sur 15 à 20 cm et éliminer les végétaux concurrents. En cas de terrain compacté, un sous-solage est vivement conseillé pour permettre aux arbres de s’enraciner profondément. Dans les terres cultivées, la fertilité des sols est généralement suffisante pour assurer une bonne croissance des végétaux ligneux. Si un amendement est nécessaire, il est conseillé l’application de compost. Il est également recommandé de mettre en place un paillis végétal sur la largeur du sol préparé pour lutter contre la compétition des herbacées et garder l’humidité. Ce paillis, composé de bois déchiqueté, de paille ou d'autres matériaux biodégradables, va, en se décomposant, nourrir le sol, laisser passer l’eau et servir ainsi au développement de la haie. Pour réduire les coûts de la haie, il est possible de préparer soi-même, un an auparavant ses semis d’arbres. On peut également passer commande auprès d'un pépiniériste quelques mois avant l’implantation.
Les avantages d’une haie
Les haies bioclimatiques et paysannes ont de nombreux avantages cumulatifs :
- réduction des odeurs,
- diminution des coûts de chauffage pour les haies brise-vent,
- diminution des coûts de ventilation pour les haies brise-soleil,
- protection des animaux contre les fortes chaleurs ou les vents froids,
- atténuation des bruits,
- réduction des temps de déneigement autour des bâtiments ou le long des chemins,
- valorisation et embellissement du paysage,
- réduction des gaz à effet de serre par l’immobilisation de 300 tonnes de CO2 par km de haie au bout de 40 ans,
- interception de 40 à 50 % des poussières,
- augmentation de la biodiversité végétale et animale,
- fourniture de fourrage en cas de sécheresse.
Quel entretien ?
Le travail d’entretien d’une haie n’est pas très chronophage. Le long du paillis, il convient de réaliser un fauchage des mauvaises herbes. Le remplacement des arbres morts est l’opération la plus contraignante car elle demande d’acheter de nouveaux plants et de procéder aux remplacements des sujets n’ayant pas réussi à s’implanter. La taille n’est pas obligatoire, cela dépend de la largeur que l’on accorde à la haie. « Dans le cas des haies brise-vent, elle doit conserver une densité à tous les étages, détaille Bernard Farinelli dans son livre. Il est ainsi nécessaire de couper presque à ras de nombreux arbustes ou arbres pour qu’ils repartent du pied et s’étoffent. Le recépage stimule la pousse de l’arbre. Pour obtenir une haie dense du bas, il convient de recéper dès la deuxième année, à la fin de l’hiver, avant le redémarrage de la sève ».
