Accès au contenu
Production laitière

Des économies en vue

Côte-d’Or Conseil Élevage vient d’organiser ses journées d’échanges autour de l’alimentation.
Par Aurélien Genest
Des économies en vue
La visite du Gaec de la Tille, chez Christian Girard et Florence Pelletier à Til-Châtel, était proposée mercredi 15 novembre.
Une cinquantaine d’éleveurs laitiers ont récemment participé aux journées « Galacsy/Bouts de silos » proposées par Côte-d’Or Conseil Élevage. Les rendez-vous étaient donnés à l’EARL Jacquin (Chamblanc), au lycée La Barotte (Châtillon-sur-Seine), au Gaec de la Tille (Til-Châtel) et au Gaec de Jugny (Bligny-le-Sec). Des échanges technico-économiques en salle et en matinée ont précédé une visite des exploitations l’après-midi. La qualité des fourrages 2017 -et notamment celle du maïs- a alimenté les discussions.

Une bonne nouvelle
Le maïs récolté ces dernières semaines serait crédité d’une bonne note. «Sa qualité apparaît meilleure que l’an passé, fort heureusement» fait remarquer le technicien Franck Lavédrine. Les récoltes 2016 n’avaient pas été propices à une bonne production laitière. Une digestibilité «très modeste» du maïs, couplée à des fourrages d’herbe «déplorables», avaient engendré des chutes de production de 500 kg/lait en moyenne par vache sur l’ensemble de la campagne. Une meilleure digestibilité annoncée pour le nouveau maïs laisse augurer des économies en compléments alimentaires. Les fourrages d’herbe n’ont également rien à voir avec ceux de la précédente récolte. «La production du mois d’octobre retrouve déjà des couleurs et pourra être directement liée à ces meilleures récoltes» poursuit le technicien de Côte-d’Or Conseil Élevage, «nous sommes revenus au niveau de 2015, qui est en quelque sorte notre référence. Entre l’été 2016 et juillet/août de cette année, la production quotidienne avait fléchi de 1,5 à 2kg/lait par vache. Depuis l’automne, nous regagnons ce volume perdu».

Du mieux à confirmer
Ces réunions ont permis d’évoquer la conjoncture. Les prix se ressaisissent avec une hausse d’environ 30 euros les 1 000 litres par rapport à la précédente campagne. La hausse de la production accompagnée d’un niveau de prix plus acceptable devrait permettre aux éleveurs de se «refaire une santé», «même si un seul exercice ne sera pas suffisant pour combler les pertes accumulées lors des trois dernières campagnes». Un regain de motivation doit permettre une «remise en question», selon Franck Lavédrine : «l’expérience passée des déficits fourragers doit nous faire réfléchir, nous devons viser une meilleure sécurisation des systèmes». La conjoncture peu favorable des productions céréalières devrait inciter les éleveurs à consacrer davantage de surfaces fourragères dans leur assolement. Si la qualité du lait s’est nettement améliorée lors de la dernière décennie, un léger «tassement» est à déplorer ces derniers mois et le technicien invite à «bien conserver le bon niveau actuel». Autre idée développée par Franck Lavédrine : «la volonté de produire plus doit s’accompagner par un raisonnement sur la maîtrise des coûts. Nous ne pouvons pas produire à n’importe quel prix. Les éleveurs du Gaec de la Tille, avec une problématique de fourrages de qualité modeste, se sont récemment tournés vers le tourteau de soja. Acheter des matières premières est un moyen comme un autre pour limiter ses coûts. Cet exemple concret, présenté lors de notre journée à Til-Châtel, peut donner des idées».

Le début du renouveau ?

Guy Buntz, président de Côte-d’Or Conseil Élevage, voit forcément d’un bon œil la dernière récolte de fourrages et la hausse du prix du lait : «Tout n’est pourtant pas parfait dans le maïs et nous sommes encore loin du compte pour les prix. La situation tend malgré tout à s’améliorer et cela doit nous remotiver. Est-ce le début du renouveau, la fin de cette longue crise ? Nous l’espérons tous. Les difficultés durent depuis trop longtemps. Quoiqu’il arrive, il faudra bien plus d’une année correcte pour pouvoir boucher les trous de ces trois dernières campagnes». Le président se réjouit de la tenue de ces quatre journées «Galacsy/Au bout du silo» : «tout le monde se connaît, chaque rendez-vous est instructif et très convivial. Nous comparons nos propres chiffres et avançons ensemble. Nous ne repartons jamais bredouilles de ce genre de réunions». Invité à donner son avis sur la pénurie de beurre dans la grande distribution, Guy Buntz dément d’emblée certaines idées  : «ce que je lis ou j’entends ne me laisse pas indifférent car il n’y a pas de pénurie de beurre. Le seul problème vient des grandes surfaces qui ne veulent pas mettre le prix pour remplir leurs rayons. En conséquence, les industriels exportent leur beurre, voilà tout. Le consommateur ne comprend pas grand chose dans tout ça».