Cassis
Cochenille du mûrier, la guerre est déclarée
L’insecte ravageur fait de gros dégâts dans le cassis côte-d’orien. La lutte est acharnée.

Petite mais costaude. Malgré ses deux millimètres de diamètre, la cochenille du mûrier est une réelle menace pour la production de cassis fruits dans le département. «Sa pression a considérablement augmenté ces dernières années, c’est une vraie problématique», déplore Fabrice Écalle, conseiller cassis à la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or. Quelques exploitants ont déjà réduit leurs surfaces dédiées au cassis fruits. Plus de la moitié des producteurs de cassis fruits du bassin, soit environ une vingtaine, sont aujourd’hui touchés par la cochenille du mûrier. Le val de Saône et la plaine beaunoise sont les secteurs les plus touchés, avec un contexte pédo-climatique qui semble favorable à l’insecte.
Une plante épuisée
La cochenille du mûrier est une espèce très polyphage, présente dans le monde entier. En France, on la retrouve notamment sur les pêchers et, malheureusement, sur les cassissiers. «Cet insecte ravageur épuise la plante en se nourrissant de la sève», explique Fabrice Écalle, «les sensibilités de la plante augmente, comme celles au gel, à la sécheresse et aussi à la coulure, qui est un problème récurrent de la variété Noir de Bourgogne, très présente en Côte-d’Or. Impactée, la plante peut ne pas donner de fruits. Une forte infestation peut même engendrer la mort de la plante». Fabrice Écalle cite une première difficulté dans la lutte contre cette cochenille: «au vu de ses surfaces, le cassis reste une production mineure qui n’intéresse malheureusement pas les firmes phytosanitaires. Aucun produit spécifique n’est aujourd’hui développé. La filière tente de faire homologuer des produits dédiés à d’autres cultures, mais ces derniers ne sont pas toujours très efficaces».
Un bouclier à faire sauter
Les cochenilles sont dotées d’un bouclier qui réduit considérablement l’effet des insecticides. «Les produits de contact ne sont utiles que lors de l’essaimage. Celui-ci se déroule en mai et en août, dans un laps de temps assez limité» apprend le conseiller, «les applications de mai induisent des risques de présence de résidus. Une application post-récolte, en août, est possible mais loin d’être satisfaisante car elle nuit fortement aux auxiliaires». La voie de la pulvérisation n’a pas l’efficience escomptée, le produit ne pouvant être correctement projeté sur toutes les faces des rameaux. Un espoir réside dans les produits systémiques, absorbés par la plante puis diffusés par la sève : «l’un d’entre eux est en cours d’homologation et pourrait nous apporter de réelles avancées» poursuit Fabrice Écalle, pour qui la lutte contre la cochenille du mûrier ne doit pas, quoiqu’il arrive, s’arrêter aux seuls insecticides.
Une lutte globale s’impose
La «première des priorités» consiste à ne plus implanter de parcelles avec des boutures infestées. Fabrice Écalle a lui-même mis au point une méthode de traitement des boutures à l’eau chaude (45 minutes à 30°C) avant leur implantation dans la parcelle. «Le protocole a été diffusé auprès des producteurs, pour une mise en application dès cet hiver. La technique fonctionne et tue les insectes sans nuire au développement de l’appareil végétatif. Il y a toutefois une contrainte de taille avec le coût et l’organisation que cette procédure demande». Le technicien affine un autre protocole de traitement des boutures, cette fois-ci à l’eau froide, pour des bains prolongés qui pourraient être réalisés plus facilement et au sein même de chaque exploitation. La propagation des larves par le matériel utilisé pendant les essaimages est également un risque à prendre en compte lors des interventions culturales. Si la cochenille impacte directement le cassis fruits, le cassis bourgeons est lui aussi concerné. «Il peut représenter un important réservoir pour ce ravageur. En conséquence, l’ensemble de la filière doit s’imprégner du sujet et adopter au mieux les différentes préconisations» souligne Fabrice Écalle.
Travailler avec les auxiliaires
Favoriser la présence d’auxiliaires dans les parcelles de cassissiers est une autre priorité. Certaines petites guêpes sont d’ailleurs très utiles pour lutter contre la cochenille du mûrier : «elles pondent dans le bouclier et leurs larves viennent se nourrir de la femelle cochenille. On ne peut pas trouver mieux» décrit Fabrice Écalle. Le choix des produits phytosanitaires doit prendre en compte la préservation de ces auxiliaires. Les huiles de paraffine appliquées en sortie d’hiver ont déjà fait leurs preuves dans ce domaine, avec un produit recouvrant puis asphyxiant la cochenille sans perturber d’autres êtres vivants. L’arrivée d’un larvicide plus sélectif, sans impact sur les auxiliaires adultes, est également espérée par les producteurs. Des discussions pour une future homologation sont actuellement en cours avec la DGAL. Devant toutes ces caractéristiques, Fabrice Écalle veut rester optimiste : «aujourd’hui, nous connaissons mieux le ravageur et les raisons de son développement. Nous sommes donc mieux positionnés pour mener une lutte globale efficace. En additionnant des méthodes de lutte partiellement efficaces, nous pourrons sans doute obtenir une pression acceptable. Mais il va falloir encore un peu de temps, assurément».
Une plante épuisée
La cochenille du mûrier est une espèce très polyphage, présente dans le monde entier. En France, on la retrouve notamment sur les pêchers et, malheureusement, sur les cassissiers. «Cet insecte ravageur épuise la plante en se nourrissant de la sève», explique Fabrice Écalle, «les sensibilités de la plante augmente, comme celles au gel, à la sécheresse et aussi à la coulure, qui est un problème récurrent de la variété Noir de Bourgogne, très présente en Côte-d’Or. Impactée, la plante peut ne pas donner de fruits. Une forte infestation peut même engendrer la mort de la plante». Fabrice Écalle cite une première difficulté dans la lutte contre cette cochenille: «au vu de ses surfaces, le cassis reste une production mineure qui n’intéresse malheureusement pas les firmes phytosanitaires. Aucun produit spécifique n’est aujourd’hui développé. La filière tente de faire homologuer des produits dédiés à d’autres cultures, mais ces derniers ne sont pas toujours très efficaces».
Un bouclier à faire sauter
Les cochenilles sont dotées d’un bouclier qui réduit considérablement l’effet des insecticides. «Les produits de contact ne sont utiles que lors de l’essaimage. Celui-ci se déroule en mai et en août, dans un laps de temps assez limité» apprend le conseiller, «les applications de mai induisent des risques de présence de résidus. Une application post-récolte, en août, est possible mais loin d’être satisfaisante car elle nuit fortement aux auxiliaires». La voie de la pulvérisation n’a pas l’efficience escomptée, le produit ne pouvant être correctement projeté sur toutes les faces des rameaux. Un espoir réside dans les produits systémiques, absorbés par la plante puis diffusés par la sève : «l’un d’entre eux est en cours d’homologation et pourrait nous apporter de réelles avancées» poursuit Fabrice Écalle, pour qui la lutte contre la cochenille du mûrier ne doit pas, quoiqu’il arrive, s’arrêter aux seuls insecticides.
Une lutte globale s’impose
La «première des priorités» consiste à ne plus implanter de parcelles avec des boutures infestées. Fabrice Écalle a lui-même mis au point une méthode de traitement des boutures à l’eau chaude (45 minutes à 30°C) avant leur implantation dans la parcelle. «Le protocole a été diffusé auprès des producteurs, pour une mise en application dès cet hiver. La technique fonctionne et tue les insectes sans nuire au développement de l’appareil végétatif. Il y a toutefois une contrainte de taille avec le coût et l’organisation que cette procédure demande». Le technicien affine un autre protocole de traitement des boutures, cette fois-ci à l’eau froide, pour des bains prolongés qui pourraient être réalisés plus facilement et au sein même de chaque exploitation. La propagation des larves par le matériel utilisé pendant les essaimages est également un risque à prendre en compte lors des interventions culturales. Si la cochenille impacte directement le cassis fruits, le cassis bourgeons est lui aussi concerné. «Il peut représenter un important réservoir pour ce ravageur. En conséquence, l’ensemble de la filière doit s’imprégner du sujet et adopter au mieux les différentes préconisations» souligne Fabrice Écalle.
Travailler avec les auxiliaires
Favoriser la présence d’auxiliaires dans les parcelles de cassissiers est une autre priorité. Certaines petites guêpes sont d’ailleurs très utiles pour lutter contre la cochenille du mûrier : «elles pondent dans le bouclier et leurs larves viennent se nourrir de la femelle cochenille. On ne peut pas trouver mieux» décrit Fabrice Écalle. Le choix des produits phytosanitaires doit prendre en compte la préservation de ces auxiliaires. Les huiles de paraffine appliquées en sortie d’hiver ont déjà fait leurs preuves dans ce domaine, avec un produit recouvrant puis asphyxiant la cochenille sans perturber d’autres êtres vivants. L’arrivée d’un larvicide plus sélectif, sans impact sur les auxiliaires adultes, est également espérée par les producteurs. Des discussions pour une future homologation sont actuellement en cours avec la DGAL. Devant toutes ces caractéristiques, Fabrice Écalle veut rester optimiste : «aujourd’hui, nous connaissons mieux le ravageur et les raisons de son développement. Nous sommes donc mieux positionnés pour mener une lutte globale efficace. En additionnant des méthodes de lutte partiellement efficaces, nous pourrons sans doute obtenir une pression acceptable. Mais il va falloir encore un peu de temps, assurément».
Les fruits à destination des liquoristes, des bourgeons transformés en absolu
Fabrice Écalle assure la fonction de technicien spécialisé cassis à la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or depuis 2008. Une convention avec Socofruits Bourgogne et Les Coteaux Bourguignons lui permet d’intervenir auprès des 85 adhérents de ces deux coopératives, pour une production fruitière destinée à rejoindre essentiellement la liquoristerie. Quant aux bourgeons, ils sont transformés principalement par les industriels de la région de Grasse qui obtiennent un absolu utilisé en parfumerie. Fabrice Écalle assure un conseil technique collectif et plusieurs expérimentations sur un secteur comprenant la Côte-d’Or, la Saône-et-Loire et certains cantons limitrophes du Jura, de la Haute-Saône et de l’Yonne.