Rhum arrangé
L'alambiqué : la vie en bouteille

Chloé Monget
-

Laura Lablanquie, 48 ans, a créé L’alambiqué l’an dernier. Basée à Saint-Amand-en-Puisaye, elle propose un exotisme certain avec ses rhums arrangés faits maison.

L'alambiqué :  la vie en bouteille
Retrouvez toute l'actualité de L'alambiqué sur la page Facebook dédiée : https://www.facebook.com/Lalambique58/

C’est une histoire de famille qui est à l’origine des rhums arrangés de L’alambiqué, créé par Laura Lablanquie, l’an dernier. « Le rhum a toujours fait partie de ma vie, depuis toute petite. Pour moi, c’est synonyme de joie, de discussions, de saveurs… tout ce qui compose la vie » détaille cette neversoise.

Saveurs d’enfance

« Mon père a toujours fait de la gnôle maison. Puis, lorsque j’avais 11 ans, ma maman s’est remariée avec un Réunionnais. Et, c’est sa mère qui m’a appris à faire du rhum arrangé. Avec cette grand-mère par alliance, baptisée Renée, nous partagions un moment de complicité, de calme et d’échanges. L’alcool n’a jamais été tabou dans notre famille, bien au contraire, il faisait partie de notre vie, et c’est une des raisons pour lesquelles il n’y a jamais eu d’excès à ce niveau-là. Le rhum arrangé a toujours été un breuvage de famille, comme le thé peut l’être pour d’autres ; une culture différente et étonnante qui reste dans le cœur ».

Mille et une vies

L’enfance passée dans la Nièvre, Laura devient monitrice d’auto-école pendant 15 ans et déménage en Bretagne. « À un moment donné, je voulais une vie plus proche de la nature, plus libre… j’ai alors décidé de devenir potière. Je suis passionnée par ce métier qui allie création artistique et praticité ». Elle revient donc dans la Nièvre pour sa formation à Saint-Amand-en-Puisaye et ouvre sa boutique. 5 ans plus tard, fière de son parcours, elle doit stopper son activité : « Mon médecin a été clair. Je n’avais pas d’autres choix que de tout arrêter net en 2019 ; ce fut un crève-cœur ». Suite à cela, Laura se fait opérer : « J’avais tout le bras droit immobilisé, et la main gauche en attelle… Clouée au canapé, j’ai commencé à réfléchir à mon avenir, à ce que je pouvais faire. Ce fut une période assez difficile ». Après mûres réflexions et une soirée décisive, elle commence ses recherches.

Idée de soirée

« Durant toute ma vie, je n’ai jamais arrêté de faire du rhum arrangé. Je le concoctais par plaisir, pour des amis, pour moi… Je faisais environ 3 à 4 litres par an. Et, alors que mon activité de potière venait de s’arrêter, je suis allé chez des amis. Comme à mon habitude, j’ai ramené une bouteille de rhum de ma composition. Après quelques instants festifs, l’un de mes amis m’a dit : tu devrais le commercialiser. Et, là, il m’a ouvert une porte que je n’aurai pas envisagée – et je ne l’en remercierai jamais assez. Je me suis alors enquis de la marche à suivre via internet – toujours avec le bras droit immobilisé et la main gauche en attelle… ce fut long et fastidieux, mais j’ai réussi ».

Vivre d’amour et de rhum

« J’ai été aidé par la BGE pour établir la viabilité de mon projet. Et, comme cela était en plein confinement, la banque ne m’a pas suivi pour un prêt. J’ai donc dû tout financer moi-même. Heureusement que les copains étaient là pour m’aider, en achetant du rhum par exemple… Mais, cela reste ma plus belle aventure professionnelle, car elle est chargée d’humanité et d’amitié. Et, encore maintenant, quand je fais les marchés, c’est le visage des gens qui me comble, avec leurs sourires et leurs rires ; le rhum arrangé a cette faculté à rassembler et à créer du lien entre les gens, sans distinction ».

Des goûts multiples

Aujourd’hui, Laura est « une artiste des saveurs ». Elle propose environ 13 variétés de rhum arrangé : « Le procédé de macération est long et va de 2 mois à 1 an. Il faut donc prévoir ». Son secret pour une saveur incomparable est simple : « je ne le dirais pas sinon ce n’est plus un secret » sourit-elle avant d’ajouter : « C’est probablement un mélange entre le souvenir de Renée, ma grand-mère par adoption, l’amour de ce qui est bon et la passion… ». Si « celui qui met tout le monde d’accord est le citron gingembre, miel », le chouchou de Laura est issu d’une recette de Renée à base de feuille de Combava, de fèves de Tonka, de cannelle et vanille : « C’est un véritable voyage imaginaire vers la Réunion ». Même si elle n’y est jamais allée, elle rêve un jour de faire le déplacement « pour renouer avec ce qui est, finalement, une partie de moi ». Elle sera présente sur le 27 mai sur le marché de Chaulgnes ainsi que les 28 et 29 mai sur le marché du terroir de Corbigny. Renseignements : Laura Lablamquie à lalambique58@gmail.com ou au 06 95 16 88 11.

Un label

L'alambiqué est estampillé La Belle Nièvre (voir TDB n°1622 ) : « C'est un label qui permet de rassembler les producteurs. Elle les met en avant et, par la même occasion, la Nièvre également. Cela nous rend visibles et c'est bienvenu ! » détaille Laura Lablamquie. 

Rhum et épices
Laura Lablamquie a dessiné son étiquette elle-même.

Rhum et épices

« Mon rhum vient directement de Guadeloupe et se nomme le Montebello. Pour les épices, qui viennent de Madagascar, je me fournis auprès de l'association Comptoir Ylang Ylang qui assure un salaire décent aux producteurs. Sinon, côté fruits, je me les procure au maximum chez les producteurs du coin notamment pour les fraises, framboises ou encore les pommes » détaille Laura.