Biodiversité
Des passages de surveillance

Chloé Monget
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Afin de faciliter les déplacements de la faune sauvage, la Fédération départementale des chasseurs de la Nièvre a entrepris des travaux sur le canal du Nivernais et le canal latéral à la Loire. 

Des passages de surveillance
Un chevreuil sortant du Canal latéral à la Loire (aménagements de Fleury-sur-Loire). Crédit photo : FDC 58.

Cela fait un an que la Fédération départementale des chasseurs de la Nièvre (FDC 58) a opéré les aménagements sur le canal du Nivernais et le canal latéral à la Loire en partenariat avec l’opérateur national des Voies navigables de France (VNF). Le projet est financé par le Plan France Relance, dans le cadre du fond éco-contribution. « Grâce à cela la circulation naturelle des cervidés ou autres mammifères est facilitée tout en réduisant le nombre de noyades de ces animaux dans le canal » souligne Romane Boismenu, technicienne FCD 58 en charge des dossiers formations et éco-contribution, avant d’ajouter : « autrefois nous avions plus de 25 animaux noyés en une année, aujourd’hui nous sommes bien au-dessous de la dizaine ».

En détail

Au total, il existe 20 aménagements réalisés en deux ans. « Le projet court sur 3 ans. La 1ère année, l’investissement fut de 8 640 euros pour 6 aménagements sur le Canal latéral à la Loire (Fleury sur Loire). La 2ème année 15 500 euros ont été débloqués pour 14 aménagements : sept à Sermoise-sur-Loire, trois à Chevroches et quatre à Champvert. Pour la création d’un nouvel aménagement (découpage des palplanches, creuser, aplanir, et empierrer) , l’investissement est de 1 200 euros environ. Pour de la réhabilitation d’anciens aménagements, cela s’élève à 700 euros » explique Romane Boismenu. Positionnés en quinconce ou en face-à-face, tous les 200 m environ, ces aménagements sont « piégés » avec des caméras installées aux abords.

Click and collect

« Grâce aux vidéos de 30 secondes, environ, nous pouvons pointer les animaux qui passent par ces passages et voir leurs comportements. Ainsi, nous avons pu constater que ces aménagements sont majoritairement empruntés par des chevreuils. Nous avons aussi vu un chat forestier, des blaireaux. Les pièges vidéos nous permettent également de récolter des données sur les espèces passants sur les chemins (en dehors des aménagements), grâce à cela nous avons observé un raton laveur. Pour les cervidés, nous avons également pu constater que les déplacements se font principalement entre avril et juin, période à laquelle ils cherchent un territoire. Bien évidemment, cela reste à confirmer puisque le projet d’observation n’est pas encore arrivé à son terme ». Pour rappel, les appareils se déclenchent à chaque mouvement détecté et une vision infrarouge permet d’avoir des images nocturnes. « En 2 ans, nous avons obtenu 30 photos/vidéos de chevreuils sortant d’un des canaux par nos aménagements » spécifie Rosane Boismenu.

Premier pas

Romane Boismenu conclu : « La Nièvre est un des premiers départements de Bourgogne-Franche-Comté à avoir fait ces aménagements. Au même moment la Côte d'Or s’engageait aussi sur ce terrain, mais avec d’autres aménagements. Cette année, c’est la Saône-et-Loire qui nous emboîte le pas. Nous sommes fiers d’avoir trouvé une solution pour la noyade, espérons qu’elles seront de moins en moins fréquentes pour la biodiversité de nos campagnes. Et, les vidéos nous permettent de collecter des informations très précieuses sur les comportements – une vraie mine d’or ».

 

Benjamin Gauthier, technicien en charge des dossiers « Petit gibier », « Piégeage » et « Jachères », explique : « Dans les années 90, il y avait déjà une prise de conscience sur la mortalité importante d'animaux sur le canal. Pour y palier, des échelles métalliques avaient été positionnées. Cela n'avait pas eu d'impact majeur sur le recul des noyades. Je pense qu'avec les «plages » empierrées, nous avons une solution viable pour éviter lesdites noyades ».