Fermoscopie 2023

Fermoscopie 2023 : le lait BFC maintient de bons résultats économiques

Lait de plaine ou lait AOP du Massif jurassien : c’est en collectant des données sur ces deux secteurs bien différents que les Cerfrance de Bourgogne Franche-Comté (BFC) réalisent chaque année un bilan économique de l’élevage laitier. La dernière version était présentée à Dijon dans le cadre de Fermoscopie. Le contexte dans lequel les « laitiers » ont évolué en 2023 s’est caractérisé par des prix en France qui n’ont pas encore diminué contrairement à ce qui est observé dans d’autres pays européens. La France réagit-elle avec retard par rapport à une tendance de fond inquiétante ? Doit-on s’attendre à un recentrage des laiteries ? Autant d’hypothèses qui étaient soulevées par Mathilde Schryve, responsable des études économiques chez Cerfrance BFC. Ce qui est avéré, c’est que les laiteries sont de plus en plus exigeantes et que les éleveurs doivent se positionner par rapport à ces attentes. À court terme, il faudra peut-être négocier avec ces laiteries, pour une prise en charge des surcoûts liés à la prise en compte d’exigences en hausse…

Une collecte marquée par la déprise

Sur le contexte de production, les élevages laitiers de BFC ont pu compter sur une belle pousse de l’herbe au printemps, qui s’est ajoutée à des prix d’aliments en baisse, permettant de faire face à l’inflation avec plus de marge de manœuvre. Il faut néanmoins constater que la collecte de lait, en plaine, est marquée par la déprise. Plus surprenant : les livraisons de lait sont aussi en baisse dans le secteur AOP. Sur ce cas de figure, il s’agit d’une dynamique d’adaptation de la filière qui a pris en compte les effets de l’inflation sur les ventes de fromage. La filière a donc demandé une modération de la production : on serait, en 2023 sur une baisse de 4 % des livraisons de lait AOP. Au total (plaine + AOP) la collecte de lait en 2023 aura quasiment toujours été en deçà des niveaux observés ces cinq dernières années. Malgré tout, en lait de plaine, les données Fermoscopie montrent un résultat économique satisfaisant, mais marqué par la hausse des charges. Bien qu’en baisse, le résultat courant / Utaf atteint encore 29 700 euros (44 800 euros en 2022). L’Excédent brut d’exploitation (EBE) régresse de 80 300 euros en 2022 à 62 316 cette année. On note une orientation des flux vers la rémunération et la trésorerie des exploitations. Dans ce contexte, les conseillers de Cerfrance soulignent le fait que la maîtrise accrue de l’alimentation reste déterminante dans le résultat économique des exploitations. Ce poste représente un tiers du coût de production. Ils appellent aussi les producteurs à la vigilance sur les volumes produits d’année en année : il ne faudrait pas risquer un décrochage.

Un œil sur les prix du Comté

Du côté du lait AOP du Massif jurassien, la rentabilité se maintient à un excellent niveau avec un résultat courant / Utaf en légère baisse (31 400 euros en 2023 contre 33 100 euros en 2022) et un EBE à 75 700 euros, contre 78 000 euros en 2022, qui laisse une grande place aux prélèvements privés et au règlement des annuités. Dans cette situation, chez Cerfrance, on conseille de modérer le renouvellement de matériel et de prévoir d’éventuels investissements sur des dispositifs de réserve d’eau. Le tout, avec un œil sur l’évolution des prix de vente moyens du Comté par les entreprises d’affinage, qui sont aujourd’hui au-dessus de 10 500 euros / tonne, alors qu’ils se situaient plutôt à 9 500 euros en 2021. Une hausse continue mais qui ne pourra sans doute pas durer éternellement…