Chiens truffiers
Des chiens qui ont du flair et un caractère dévoué

Marine Martin
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Au départ, ce n’était qu’un loisir mais Myriam Oddon, éleveuse de chiens truffiers de race lagotto, est vite devenue passionnée par l’éducation de ces boules de poils laineux au point d’en faire une activité à part entière. Rencontre.

Des chiens qui ont du flair et un caractère dévoué
Myriam Oddon fait sentir une truffe avant de lancer ses chiennes dans la recherche. (Crédit photo M. Martin/AAA)

« Tous les chiens peuvent chercher de la truffe, mais au départ on voulait un chien pour les enfants, nous avons choisi le lagotto, car il ne présente pas d’agressivité », affirme Myriam Oddon, éleveuse de lagotto et productrice de vinaigre balsamique à Saint-Julien-en-Saint-Alban.

Au commencement, Myriam Oddon cherchait des truffes sur son exploitation, avec pour compagnon un chien de race Braque allemand. « Il tirait dans des endroits escarpés, cela devenait dangereux », se souvient-elle. Loin de se décourager, la jeune éleveuse se dirige alors vers la race lagotto réputée pour sa loyauté, mais aussi sa capacité à exceller dans le cavage (recherche de truffes). « C’était une évidence ». Malgré le coup de cœur pour la race, l’éleveuse passe quantité d’heures à ne pas trouver ce précieux champignon. « Les truffes étaient de plus en plus petites, ce qui entraînait une frustration pour le maître et le chien, alors j’ai décidé de me former, et j’ai eu l’idée de dresser des chiots. C’était une découverte ».

Portée par la passion de l’éducation, l’ancienne enseignante devenue agricultrice n’a pas pour autant délaissé le volet pédagogique de sa vie d’avant. Avec ses chiots, elle passe ses journées à les initier au cavage grâce à des méthodes sous forme de jeu, avec des groupes d’enfants (scolaires, centres aérés). L’éleveuse possède désormais trois chiennes, dont une est à la retraite. Les deux chiennes font chacune, une portée par an, de six à dix chiots.

Une éducation au poil

« Pour entraîner les chiots, l’important, c’est de leur faire sentir l’odeur de la truffe pour qu’ils apprennent. Je leur fais manger un bout de truffe et les incite à chercher, en appuyant sur des mots-clés ». Mais élever des chiens truffiers n’est pas de tout repos. « C’est une quantité de temps d’éducation monstrueuse. Les femelles ont 7 mamelles et parfois 10 chiots, je les nourris au biberon toutes les deux heures, puis les masses pour la digestion. L’éducation se fait tous les jours ». L’éleveuse tient à préciser une notion importante concernant la posture de l’éducateur : « Le chien fera ce que l’on veut, si l’on devient son dominant protecteur : il faut lui apprendre ses droits et devoirs ». Elle ajoute, « le Lagotto aime creuser la truffe naturellement. De plus, il n’aime pas les animaux sauvages ». Afin de valoriser ses qualités, l’éleveuse dévoile une évidence quelques fois oubliée et met en garde : « Si le maître aime quelque chose, le chien va l’aimer aussi, mais il ne faut pas croire que le chien est la poule aux œufs d’or. Il faut du travail et de la persévérance pour trouver des truffes ».

Des acheteurs triés sur le volet

Ses chiots, Myriam Oddon les vends « dès la première semaine où ils sont nés ». Bien sûr, ils restent le temps nécessaire avec leur mère avant d’être restitués à leur nouveau propriétaire. L’éleveuse se dit très attentive aux clients potentiels. Pour elle, ce n’est pas envisageable de vendre ses chiots à de futurs maîtres qui vivraient en appartement. « Il faut que je sache que les chiens se sentent bien, car j’en suis responsable », lance-t-elle, catégorique. « Je vends en général à des professionnels de la truffe. La vente se fait pour un quart à l’étranger, surtout en Suisse, Angleterre, parfois en Roumanie et une fois en Géorgie. Les papiers sont faits en France. Les futurs propriétaires peuvent venir voir les chiots quand ils veulent et je fais un suivi sur WhatsApp », détaille l’agricultrice, qui encourage les futurs propriétaires à faire des cours d’éducation avec le chiot.

Au sujet de la génétique, Myriam Oddon essaie de privilégier des références génétiques très demandées : la couleur abricot ou chocolat, avec un poil bien bouclé.

Dans son élevage, le secret pour trouver des truffes, n’est pas tant de compter sur les qualités innées du chien et son légendaire flair, mais surtout de mettre l’accent sur une éducation équilibrée, où chien et maître apprendront à devenir un véritable binôme pour mettre toutes les chances de leurs côtés et trouver le précieux champignon.

Ses chiots, Myriam Oddon les vends « dès la première semaine où ils sont nés ». Bien sûr, ils restent le temps nécessaire avec leur mère avant d’être restitués à leur nouveau propriétaire. (Photo Myriam Oddon).