Salon international de l'Agriculture
Au-delà de la fête, une exigence élevée

Berty Robert
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Dans le contexte de fortes tensions agricoles de ces dernières semaines, en France et en Europe, le Salon de l’Agriculture, qui ouvre ses portes le 24 février à Paris tiendra, plus que jamais, son rôle de chambre d’échos médiatiques. La vitrine que représente l’évènement aura du mal à dissimuler le niveau d’attente du monde paysan.

Au-delà de la fête, une exigence élevée
Comme en prévision d'un possible contexte tendu lors du Salon de l'Agriculture, les organisateurs ont développé une communication allant dans le sens d'une priorité donnée au dialogue.

La 60e édition du Salon international de l’Agriculture qui va se tenir à Paris, Porte de Versailles, du 24 février au 3 mars, se revendique comme la grande fête de l’agriculture et il le sera encore cette année. Mais l’évènement est aussi une extraordinaire chambre d’écho médiatique. Ce sera plus que jamais le cas pour cette édition qu’on devine soumise à de fortes tensions. Les agriculteurs scrutent avec impatience les avancées du Gouvernement sur de nombreux dossiers : la simplification législative et réglementaire, le Plan Élevage (lire encadré), Écophyto, et bien d’autres. « L’attente est forte », a rappelé le 19 février au micro d’Europe 1/CNews, Arnaud Rousseau le président de la FNSEA. « La colère est toujours là. Ce n’est pas parce que les agriculteurs sont repartis sur les exploitations que le sujet est terminé », a-t-il ajouté, envoyant un signal au Gouvernement pour qu’il accélère le travail dans ses administrations, notamment au sein des ministères de l’Économie, de l’Agriculture, de la Transition écologique pour réussir la simplification promise et tant attendue.

Risque de reprise des actions

De leur côté, les syndicats ont émis leurs propositions et attendent le retour du Gouvernement. Si ce dernier n’est pas au rendez-vous, « les agriculteurs feront alors le constat qu’on se moque d’eux, et j’imagine que les actions reprendront », a prévenu Arnaud Rousseau. Sur le terrain, les tensions restent toujours vives car de nombreux secteurs d’activité agricole souffrent aujourd’hui d’une crise économique sévère : la viticulture où les ouvertures de guichet se multiplient, les fruits, légumes et céréales avec les impasses techniques et la chute des cours ; l’élevage « où la situation est explosive », remarquent quatre associations d’éleveurs, qui estiment que « les pouvoirs publics ne donnent pas de réels signaux d’aboutissement suffisants ». Les trésoreries sont exsangues, et pour beaucoup « le compte n’y est pas ». C’est le message que les présidents de la FNSEA et des JA, Arnaud Rousseau et Arnaud Gaillot ont fait passer au chef de l’État le 20 février à l’Élysée. Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, sera au rendez-vous. Emmanuel Macron, qui inaugurera le SIA le 24 février ne pourra pas dire qu’il n’a pas été prévenu. « C’est un salon où le Président de la République devra d’abord dire ce qu’il entend faire, entendre l’agacement […] et personne n’imagine qu’il puisse, comme tous les ans, défiler dans les allées sans avoir eu un propos fort, clair et être à l’écoute du monde agricole », a affirmé Arnaud Rousseau le 19 février sur Europe 1.

Moment politique attendu

Pour ce dernier, il ne faut pas confondre « ce qui est la vie du Salon, la mise en valeur de nos produits et de nos animaux, avec ce qu’est le moment politique qui est attendu, qui ne sera pas un moment comme les autres et sur lequel il y a un niveau d’exigence élevé. On attend des réponses très concrètes ». Autrement dit, le Salon de l’Agriculture sera une fête même si « ça ne sera pas un salon de l’agriculture comme les autres, c’est évident », a concédé Arnaud Rousseau. Des manifestations pourraient, selon certaines sources, se tenir à proximité de la Porte de Versailles, la veille et le jour même de l’inauguration du Salon. En attendant, le Premier ministre, Gabriel Attal, a tenu une conférence de presse le 21 février, uniquement consacrée à la crise agricole afin de répondre (en partie) aux revendications des agriculteurs.

 

L'impatience des éleveurs

Dans un communiqué commun, les éleveurs bovins, ovins et caprins, regrettent que le Gouvernement n’ait pas encore clarifié les grandes orientations du futur plan de souveraineté de l’élevage. « Un cap clair doit être donné » au travers de ce plan qui doit traduire « des décisions nettes, des moyens forts et un changement de logiciel », ont indiqué la FNB, la FNPL, la FNO et la FNEC le 19 février dans un communiqué commun. Les quatre associations spécialisées de la FNSEA ont fait part de leurs propositions. L’objectif est de « redonner une perspective, enrayer la décapitalisation, restaurer une dynamique de renouvellement ». Ce qui passe en particulier par « une ne juste rémunération, fondée sur des lois Égalim contrôlées et renforcées, pour un prix sur la base du coût de production, la mise en avant de la production française, des mesures de soutien public efficientes et des réglementations cohérentes ».