Porcs
Une filière inquiète pour ses abattages

Berty Robert
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Interporc Bourgogne a fait le point sur les sujets d’actualité qui préoccupent la filière, à l’occasion de son assemblée générale, le 5 juin à Bretenière, en Côte-d’Or. La question des capacités d’abattages locales est une vraie préoccupation.

Une filière inquiète pour ses abattages
Le maillage régional des outils d'abattage et la création de nouveaux débouchés locaux sont des axes majeurs pour la filière porc de Bourgogne.

Si l’élevage porcin français bénéficie actuellement de cours plutôt favorables, le contexte du moment est néanmoins marqué par des inquiétudes concernant le maillon « abattage » de la filière. Emmanuel Thiéry, éleveur côte-d’orien, administrateur de la coopérative Cirhyo et président d’Interporc Bourgogne, insistait sur cet aspect, à l’occasion de l’assemblée générale de l’association de producteurs, le 5 juin à Bretenière, en Côte-d’Or. Depuis la fermeture de l’abattoir de Beaune, en 2020, le nombre de porcs abattus sur notre zone géographique est passé de 50 000 à 30 000 par an. Aujourd’hui, les animaux sont abattus à Autun, en Saône-et-Loire, Châtillon-sur-Seine, en Côte-d’Or, ou Luzy, dans la Nièvre. « En fait, précisait Emmanuel Thiéry, 95 % des porcs charcutiers produits en Bourgogne sont abattus hors zone, en Auvergne, à Orléans ou à Valdahon, dans le Doubs. La disparition de Beaune est d’autant plus dommageable que cet outil était situé dans une zone de débouchés importants pour la viande de porc, entre Dijon, Dole et Chalon-sur-Saône ».

Moins d’élevages, mais plus grands

Deux éléments pourraient néanmoins jouer en faveur d’un avenir meilleur pour ces outils essentiels à la filière : la Stratégie abattoir, lancée il y a un an par le ministère de l’Agriculture, et pour laquelle Interporc Bourgogne fait remonter au national les besoins des abattoirs locaux, et d’autre part, le projet alimentaire de la métropole dijonnaise, qui souhaite intégrer de la viande de porc locale. Des perspectives potentiellement porteuses pour la filière, à condition que, dans le cadre du développement d’un marché plus local sur la métropole dijonnaise, la problématique d’une valorisation des carcasses entières soit prise en compte : c’est souvent le principal écueil auquel se heurtent les producteurs. Début 2023, Interporc Bourgogne a aussi choisi d’adhérer à une nouvelle association des interprofessions porcines qui fédère les régions à faible densité d’élevages (on compte un peu moins de 300 producteurs en Bourgogne). Une action qui s’intègre dans un contexte général où, ces 20 dernières années, la France a perdu la moitié de ses producteurs de porc, mais pas la moitié de sa production, ce qui signifie que les élevages ont eu tendance à grossir. Il faut pouvoir faire entendre sa voix face à cette évolution. Dans un registre similaire, qui consiste à faire connaître les élevages de porcs locaux, Interporc intervient depuis plusieurs années auprès d’étudiants de filières agroalimentaires de l’université de Bourgogne. Des interventions précieuses, aux yeux d’Emmanuel Thiéry, pour battre en brèche les nombreuses idées préconçues et a priori que ce public peut avoir vis-à-vis de l’élevage porcin.

Se préparer à la démarche « Le Porc Français »

Interporc Bourgogne sensibilise ses adhérents à l’entrée en vigueur prochaine de la nouvelle démarche « Le Porc Français » (LPF). Celle-ci est porteuse d’exigences plus élevées que le label « Viande de porc français » (VPF) qui imposait que l’animal soit né, élevé et abattu en France. LPF conserve ces critères mais y ajoute des notions de bien-être animal et des mesures de biosécurité dans les élevages. Au niveau d’Interporc Bourgogne, on craint que les abatteurs ne soient pas toujours en mesure de gérer les nouvelles contraintes qui arrivent. « Les structures ont besoin d’un peu de temps, constate Emmanuel Thiéry, face à des normes qui ne sont pas toujours adaptées à leurs outils ». Alors que ces nouveaux critères doivent entrer en vigueur au mois de juillet, Interporc Bourgogne a demandé de décaler cette évolution pour la fin 2024.