Réunion publique à Tannay
Échanger pour avancer

Chloé Monget
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Le 5 avril, à Tannay, la FDSEA 58, en partenariat avec les JA 58, proposait une réunion publique afin de faire le point sur les conséquences des manifestations agricoles du début d'année.

Échanger pour avancer
Une vingtaine de personnes a fait le déplacement pour assister aux échanges le 5 avril à Tannay.

Depuis quelques semaines, la FDSEA 58, en partenariat avec les JA 58, organise des réunions publiques afin de faire le point sur ce que les manifestations agricoles du début d’année ont pu faire évoluer. Ainsi, une de ces rencontres s’est déroulée le 5 avril à Tannay, en présence de la Direction départementale des territoires et d’élus : Christophe Deniaux suppléant de Nadia Sollogoub (excusée) et Jean-Luc Gauthier, conseiller départemental, ainsi que Patrice Perrot, député, qui annonce : « je vous entends sur nombre de revendications ».

Divers sujets furent abordés via cinq axes : une politique agricole claire et chiffrée, une rémunération stable et juste, une facilitation des installations, des dispositifs de soutiens efficaces, des mesures adaptées à chaque filière.

Rémunération et approvisionnement

Romaric Gobillot, président de la section bovine de la FDSEA 58, pointe : « il y a des incohérences sur les normes environnementales, sociétales et sociales entre les membres de l’Union Européenne (UE) ainsi qu’entre l’UE et les autres pays… Il faut que tout le monde ait les mêmes normes ». Pour l’exemple, la filière ovine a été citée par la salle : « en France c’est 24 euros du kg, contre 8 euros du kg pour de la viande venant de Nouvelle-Zélande… La filière a été sacrifiée depuis des années dans l’hexagone, et là c’est le coup de grâce ». Dans cette lignée, la responsabilité du consommateur a été évoquée : « il faut que la population ait conscience de l’impact d’un achat ». Pour Romaric Gobillot, si ceux-ci ont bien un « pouvoir », ils ne les concentrent pas tous : « c’est à l’État de faire respecter la loi Égalim et climat. Si cela est fait, cela sera déjà bien ». Pour l’approvisionnement des collectivités, il rappelle que l’outil « Ma cantine » est disponible en ligne pour vérifier, notamment, la provenance des produits notamment : « il faut s’en servir pour nous rapprocher des établissements qui pourraient s’améliorer ». Sur ces éléments d’approvisionnement et d’importation, la DDT 58 pointe : « les manifestations ont fait bouger les choses car au niveau de l’Europe il y a un travail qui est entrepris pour faire plus de contrôles ». Plus localement en France, la DDT 58 présente que « concrètement le mouvement a modifié l’approche dans ce domaine avec une simplification demandée par le gouvernement (comme pour la dérogation pour la taille des haies) avec un retour du pouvoir au niveau départemental pour d’autres éléments. En parallèle, il faut redonner au contrôle sa dimension pédagogique et cela passe par une transformation juridique : en passant du judiciaire à l’administratif. Cela peut sembler anecdotique mais cette modification – qui devrait être signée le 22 avril – a toute son importance ».

Modifications des curseurs

Patrice Perrot ajoute : « Je pense que les manifestations ont aussi permis de remettre l’alimentation au même niveau que l’environnement car ces deux éléments sont intimement liés ». Emmanuel Bernard rebondit : « On s’engage à baisser l’empreinte carbone sans baisser le cheptel ! La recherche génétique peut nous aider à trouver les leviers, si elle aussi obtient un soutien ». Dans l’idée de faire changer l’avenir, les échanges se sont ensuite portés sur la transmission, Emmanuel Bernard stipule : « il faut un renouvellement dans nos métiers et rapidement car sinon, il n’y aura plus d’agriculteurs et donc quid de la souveraineté alimentaire ou encore de l’entretien des paysages ? Grâce à la mobilisation de début d’année, une partie de la population a compris qu’il était nécessaire de remettre les priorités sur agriculture. Maintenant, nous travaillons pour que la loi reconnaisse cela aussi ». Cette question de la transmission des exploitations et du renouvellement des générations semble d’autant plus urgente que durant la réunion la situation précaire de certains exploitants a été mise en lumière. Emmanuel Bernard développe : « nous avons de plus en plus d’agriculteurs en grande détresse… et ce peu importe les systèmes, de zone géographique ou d’âge. Cette situation est très préoccupante et on a l’impression de revenir en 2016. Aujourd’hui, il y a environ 20 % des agriculteurs de la Nièvre concernés par des dettes inquiétantes (MSA notamment) ». S’en est suivi les questions d’aléas climatiques avec la révision des outils tels qu’Airbus jugé peu efficace dans l’analyse des données. Puis, en matière d’élevage, une demande d’établir une règle précise par type de maladies a été formulée afin d’éviter les arrêts des échanges commerciaux. Parmi les autres sujets, la prédation fut évoquée avec là encore une demande de simplification de procédure. Pour Emmanuel Bernard, ces échanges ont été de « grande qualité, avec des points soulevés par les exploitants d’une grande pertinence. Les contradictions sont enfin révélées de manière objective, maintenant il faut des actes ».

Retrouvez la vidéo sur : agribourgogne.fr