Références économiques agricoles de la Nièvre
Des décisions à prendre
Le 24 septembre, le Cerfrance Alliance Centre présentait, comme tous les ans, ses références économiques agricoles de la Nièvre.
« La conjoncture est encore une fois atypique, devenant presque une norme pour la Nièvre, et les chiffres présentés sont les témoins de ce contexte » introduit Arnaud Bertrand, administrateur, référent du territoire de la Nièvre au Cerfrance, lors de la présentation des références économiques agricoles pour ce département, le 24 septembre à Nevers. Étienne Villemont, responsable du territoire viticole et service acquisition de l'information au Cerfrance, insiste : « Pour la présentation nous utilisons les échantillons dont l'exercice comptable est clos entre le 08.2023 et le 12.2023 et les rendements collectés auprès des exploitants ».
Grandes cultures
Plus spécifiquement, Jean-François Le Pironnec, directeur Doctrine, Méthodes Conseil et Références chez Cerfrance Alliance Centre, développe pour les grandes cultures : « Les emblavements et les récoltes sont problématiques en 2024, avec des conditions climatiques complexes et des tendances de rendements en diminution depuis 2000. En parallèle, les prix de vente sont en nette baisse comparés à 2022, et même si ceux de certains intrants ont diminué, en particulier les engrais, ils ne chutent pas aussi rapidement. Ce contexte est allié à des charges de structures en hausse… Au final, et au vu des chiffres des exploitations de l'échantillon, nous avons un résultat courant / UTAF négatif sur la campagne 2023, et qui semble se reconduire pour 2024… L'estimation est d'environ – 9 000 euros ; une situation ressemblant à 2016. Cela étant, pour les grandes cultures, il y a toujours une grande diversité de situations, avec 27 % des entreprises ayant un revenu disponible / UTAF négatif, 62 % avec un revenu compris entre 0 et 80 K (avec une concentration de 40 % des entreprises comprise entre 0 et 40 K), et le restant (soit 11 %) supérieur à 80 K. Les situations financières des exploitations en grandes cultures se dégradent en 2023. Les investissements en 2023 restent soutenus. Ces différents éléments de conjoncture posent des questions sur les incidences possibles pour les années à venir ».
Bovins viande
Ensuite, le panorama des bovins viandes fut dépeint par Jean-François Le Pironnec : « La décapitalisation du cheptel se poursuit en Bourgogne Franche-Comté, avec une baisse de 5 % des naissances entre 2013 et 2023 pour les naissances et – 9 % pour le nombre de vaches à viande sur la même période. Depuis 2023, les prix du maigre se maintiennent à un niveau au-dessus de la moyenne, soit environ 4 €/kg pour les broutards et les laitonnes. Pour le gras, les prix plafonnent à environ 5,50 euros / kg. Les résultats courant / UTAF 2024 semblent être dans la tendance de 2023 et 2022, restant au-dessus de la moyenne sur 10 ans pour s'établir à environ 30 000 euros / UTAF en 2024. Ce dernier chiffre est à nuancer pour les résultats des structures en polyculture-élevage qui sont impactées par la situation explicitée précédemment pour les grandes cultures. Pour les systèmes bovins viandes, on note également une grande disparité de situations pour le revenu disponible / UTAF avec environ 12 % des entreprises avec un revenu négatif, 77 % comprises entre 0 K à 80 K (avec une concentration de 27, 5 % dans la tranche 20 k – 40 K), et le restant avec un revenu supérieur à 80 K€. La situation financière tend à se consolider avec malgré tout 30 % des entreprises qui restent en situation tendue ».
Quelles solutions ?
Pour les préconisations, Jean-François Le Pironnec est clair : « chaque situation est unique, l'analyse doit donc se faire au cas par cas ». Pour lui, certains leviers peuvent être activés pour envisager l'avenir d'une structure : « Il est nécessaire d'établir un panorama factuel de la situation, en réalisant notamment un budget prévisionnel, pour prendre des décisions et raisonner les investissements en cohérence avec les besoins de l’entreprise. Pour les situations favorables, il est nécessaire d'anticiper la fiscalité et les prélèvements ». Parmi les autres leviers, il évoque également la mise en place d’outils de sécurisation de revenu comme avec les assurances récoltes. D'après les déclarations PAC Cerfrance Alliance Centre, les assurés récolte passent de 28 % en 2022 à 42 % en 2023. Il conclut : « Il n'y a pas un seul modèle vertueux, mais une multitude d'actions possibles, toujours mise en place sur décision du chef d'exploitation ». Les échanges avec les participants ont ensuite été nourris autour de divers sujets comme la recherche de plus-value notamment pour les bovins en privilégiant l'engraissement. Ces discussions ont découlé sur la recherche obligatoire d'un revenu digne afin d'attirer les jeunes à reprendre des exploitations, ainsi que sur l'avenir des filières toutes entières si les exploitations disparaissent…