Complètement déconnectée du réseau EDF, la ferme du Terray, à Dagneux, près de Lyon, fonctionne grâce à un champ de panneaux solaires photovoltaïques.
« J’ai été dans l’obligation de délocaliser mon élevage parce que le tracé du projet de contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise (CFAL) traverse le territoire de mon ancienne exploitation. Cela m’empêchait de m’agrandir pour me mettre aux normes » explique Jean-Christophe Peguet, de la ferme de Terray à Dagneux (Ain). « Le site choisi pour notre nouvelle exploitation, très isolé, n’avait ni eau, ni électricité. Avec mes fils, Jérémy et Clément, associés et responsables respectivement des cultures et du magasin de vente directe, nous avons choisi de relever ce défi et de transformer ce déménagement obligatoire en opportunité. Nous nous sommes décidés lorsque nous avons constaté que l’investissement nécessaire pour être autonome était équivalent au coût du raccordement au réseau d’électricité situé à 2 km, soit 90 000 euros » poursuit-il. « Pour le même montant nous devenions autonomes avec la perspective d’économiser l’abonnement, le prix du KWH et de diminuer notre bilan carbone ».
Passés par un bureau d’études
C’est en 2018 qu’ils ont commencé à travailler sur le dossier. Après avoir obtenu toutes les autorisations nécessaires, le père et les fils ont aménagé les 7 ha de la ferme, réalisés les conduites pour l’alimentation en eau. Pour bâtir, le projet de ferme autonome en énergie, ils se sont adressés à un bureau d’études, la société Zest d’Ambérieu-en-Bugey (voir encadré). L’installation est entrée en fonction en octobre 2021. « Notre exploitation n’est pas encore finalisée car nous sommes adeptes de l’auto-construction pour faire des économies, donc ça va moins vite » explique Jean Christophe Péguet. La ferme du Terray cultive 72 ha de céréales pour son auto-consommation. Elle pratique l’élevage extensif. « Nous avons installé 10 tunnels de 15 m2 et nous disposons de deux hangars pour le stockage des céréales et des fourrages » décrit-il. « Nous élevons en liberté 100 à 150 porcs par an sur 45 ha. Nos volailles disposent de 8 m2 de parcours en herbe chacune. Nous faisons aussi des lapins, des canards, des dindes, des pintades, des oies ». Toutes les productions de la ferme sont vendues en direct dans le magasin « La ferme du Terray » de Balan.
Réduction des consommations électriques
Après quelques mois seulement de fonctionnement en autonomie, notre éleveur reste prudent. Il se risque toutefois à quelques constats. « Nous étions un peu inquiets par rapport aux périodes d’hiver. Nous avons constaté pendant les longs épisodes de brouillard de décembre et janvier, que le groupe électrogène ne fonctionnait finalement qu’une heure par jour pour recharger l’ensemble des batteries » décrit-il. « Dans notre projet, nous avions réduit au maximum nos équipements électriques pour minimiser nos consommations. Par exemple, pour l’élevage, nous n’avons pas automatisé de crainte de manquer d’électricité. Aujourd’hui, en cette fin de printemps, nous avons trop d’électricité, nous cherchons des idées pour « faire de l’argent avec le soleil » se réjouit-il et quelles machines nous pourrions faire tourner pour utiliser cette énergie. Nous avons déjà un moulin à farine, un abattoir pour la volaille, une plumeuse… Enfin, nous avons évalué que l’absence de facture d’électricité nous fait économiser 400 euros par mois ».
Depuis 2016, Zest propose des solutions photovoltaïques, en autoconsommation ou en autonomie. La ferme du Terray est le premier projet agricole qu’elle accompagne. « Pour bien dimensionner une installation comme celle-ci, nous avons étudié les besoins en énergie en listant tous les équipements consommateurs d’électricité (professionnels et personnels) » explique Alexis Legrand de la société Zest. « À partir de ces données on a pu évaluer la consommation d’une journée type pour déterminer la puissance maximale demandée. On multiplie ensuite cette valeur par les temps d’utilisation, ce qui indique l’énergie journalière dont on aura besoin ». L’installation de la ferme du Terray est un champ solaire de 40 panneaux soit 15 KWc (incliné à 60° pour maximiser la production en hiver). Elle comprend 5 régulateurs pour optimiser l’énergie solaire, 3 onduleurs qui convertissent l’énergie solaire DC en courant alternatif, 20 batteries soit 40 kWh qui donnent une autonomie de 3 jours. Sachant que les panneaux rechargent les batteries en une journée. L’installation est complétée par un groupe électrogène de secours qui prend le relais automatiquement.
