Les assemblées générales cantonales de la FDSEA de l'Yonne sont en cours dans le département. L'occasion pour le syndicat agricole majoritaire d'aller à la rencontrer de leurs adhérents pour leur parler de l'actualité agricole du moment et des enjeux importants pour l'avenir, comme les élections de la Chambre d'agriculture de l'Yonne.

Les assemblées générales cantonales de la FDSEA de l'Yonne sont toujours un moment fort de l'année pour le syndicat, l'occasion pour lui d'aller à la rencontre de ses adhérents pour parler de l'actualité agricole, comme cela est aussi le cas lors des réunions moissons ou encore l'assemblée générale départementale. Et ce qui anime l'actualité agricole, depuis déjà plusieurs mois, ce sont les mobilisations agricoles.
Fin 2023 et début 2024, sous l'impulsion de la FNSEA et des JA, le monde agricole s'était rendu dans la rue et sur les autoroutes pour des mouvements d'ampleur devenus historiques. À la fin de l'année dernière, alors que le gouvernement tardait à répondre à de nombreuses demandes des agriculteurs, ces derniers sont une nouvelle fois sortis. Dans l'Yonne, cela s'est traduit par des feux de la colère contre le Mercosur à Auxerre, Avallon et Sens ; le bâchage des panneaux d'entrée des communes et retrait de ceux de sortie ; et une mobilisation dans les rues d'Auxerre avec paillage de la DDT et dépôt des panneaux de sortie des communes devant la préfecture où les agriculteurs ont pu s'adresser au préfet de l'Yonne Pascal Jan. Un autre temps était prévu, pour dénoncer le manque de revenu dans les cours de ferme, mais celui-ci a été annulé (ou repoussé) suite à la dissolution du gouvernement Barnier le 13 décembre. Des rencontres avec les députés de l'Yonne ont cependant eu lieu.
De vraies urgences
La FDSEA le rappelle : « nous nous battons pour plusieurs choses urgentes : les trésoreries des fermes mises à mal avec les crises sanitaires et des récoltes catastrophiques ; une simplification des normes et des règles qui nous étouffent au quotidien et entravent notre travail ; une souveraineté alimentaire européenne que complexifie l'Europe en signant des accords de libre-échange ; et un avenir où nos politiques ne nous abandonneraient pas, avec des lois pour la croissance changeant le logiciel des politiques agricoles ».
Comme le souligne Franck Pouillot, secrétaire général de la FDSEA : « Pendant qu'Ursula von der Leyen (présidente de la Commission européenne) signait l'accord du Mercosur, des contrôles avaient lieu au même moment dans l'Avallonnais pour voir s'il n'y avait pas d'hormones sur les animaux. Des hormones interdites en France depuis plusieurs décennies. Ces mêmes hormones utilisées sur des animaux que le Mercosur permettra d'importer en France ». Un exemple montrant bien une certaine incohérence vis-à-vis des décisions politiques pour l'agriculture française et européenne.
Les acquis syndicaux
S'il reste encore beaucoup de choses à acter en faveur du monde agricole pour que celui-ci bénéficie d'un vrai soutien de la part des politiques, les diverses mobilisations ont tout de même permis d'obtenir un certain nombre d'acquis syndicaux, à l'image du changement de cap concernant la détaxation du GNR, le calcul des retraites, la suppression de certaines taxes, des mises en place de prêts à court et moyen terme à taux réduits, des aides financières en soutien aux crises sanitaires comme la FCO, l'augmentation des contrôles sur l'origine France pour faire respecter la loi Egalim, une simplification concernant l'entretien des fossés, ou encore des cadres concernant l'agrivoltaïsme et le stockage de l'eau… Entre autres.
Lors des assemblées générales cantonales, la proposition de loi Duplomb Ménonville (des sénateurs Laurent Duplomb et Franck Ménonville) visant à lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur, est également présentée. Cette loi prévoit six grands points pour soutenir l'agriculture. Avec le premier, sur la séparation de la vente et du conseil des produits phytopharmaceutiques, la proposition de loi rendrait le CSP facultatif et interdirait les remises, rabais et ristournes à l'occasion de la vente de produits phytopharmaceutiques. Le deuxième accorderait au ministre de l'Agriculture le pouvoir de suspendre, dans certaines conditions, une décision de l'Anses en matière d'homologation de produits phytopharmaceutiques. La loi autoriserait également, conformément au droit européen, l'usage de drones pour la pulvérisation de produits phytos. Et permettrait d'abroger les dispositions relatives aux produits phytos contenant des NNI pour en revenir à l'application stricte du droit européen.
Le troisième point consisterait à simplifier le régime français des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE). Le quatrième à mettre en place des modalités effectives de recours en cas de contestation des évaluations des pertes de récolte ou de culture, lorsque celles-ci sont fondées sur des indices. Le cinquième à faciliter les projets de stockage de l'eau présentant un intérêt général majeur et à ajuster la hiérarchie des usages de l'eau figurant dans le code de l'environnement, ainsi qu'à préciser la définition des zones humides afin de réduire l'insécurité juridique des agriculteurs en revenant à la définition de la zone humide qui prévalait jusqu'en 2019 (issue de la loi sur l'eau de 1992 qui précisait qu'une zone humide était une présence cumulée de deux facteurs à savoir le terrain hydromorphe et la végétation hydrophile).
Et le sixième préciserait la mission de délégué territorial de l'OFB, confiée au préfet. Ce dernier serait tenu d'inviter l’OFB à privilégier la procédure administrative pour éviter au mieux des procédures judiciaires dès lors que les faits poursuivis relèvent d'une primo-infraction ou d'une infraction ayant causé un faible préjudice environnemental.
Enfin, un focus a été fait sur les élections à venir des Chambres d'agriculture. La FDSEA a rappelé l'importance d'aller voter car, bien plus que des élections, c'est le cap territorial agricole des départements qui est défini à travers les résultats.
« Pourquoi cotiser à la Fédé ? »
« Pourquoi cotiser à un syndicat ? C’est pour agir, mais avant cela pour s’informer, comprendre et se retrouver entre nous. Un syndicat dépend beaucoup de ceux qui le constituent. Lorsque j’étais au JA, j’ai vraiment pris comme leitmotiv : « nous avons le droit de ne pas être d’accord, mais il faut trouver une solution ». Oui, heureusement que nous pouvons exprimer nos désaccords. Mais le débat, le consensus, la recherche de solutions réalisables est la meilleure issue.
À la Fédé, tout comme à la FNSEA, il y a des équipes de salariés, de responsables, qui sont dans la recherche de solutions. On peut estimer que cela représente un coût, mais ce qui est sûr, c’est que l’on obtient des avancées, qui peuvent déjà être une atténuation de projets gouvernementaux désastreux. Ce qui reste le plus important, c’est faire des propositions et les pousser » - Luc Jacquet, agriculteur à Fouronnes.
Allez voter !
Lors des assemblées générales cantonales, il a été rappelé aux adhérents de la FDSEA l'importance des élections à la Chambre d'agriculture et la nécessité de voter. « Ces élections, qui ont lieu tous les 6 ans, apportent un poids politique à notre syndicat, ce qui nous donne une force et une capacité à négocier avec les pouvoirs publics », indique la FDSEA de l'Yonne. Le syndicat ajoute que : « ces élections sont déterminantes pour l'agriculture icaunaise. Elles sont plus qu'un vote, c'est un choix de direction à prendre pour l'agriculture locale, celle de la responsabilité et l'engagement dans la durée ».
Pour rappel, les votes sont ouverts depuis le 15 janvier et ce jusqu'au 31 janvier. Il est possible de voter directement en ligne sur le site jevoteenligne.fr/chambres-agri2025 ou par courrier à l'adresse indiqué dans le matériel de vote reçu à vos domiciles.