Élevages porcins
Le juste prix

AG
-

L'exploitation d'Emmanuel Thiery, près de Nuits-Saint-Georges, vient d'accueillir des représentants de l'enseigne Lidl. La hausse des coûts de production était notamment au programme.

Le juste prix
Emmanuel Thiery et Philippe Chanteloube, administrateur et directeur de la coopérative Cirhyo, le 7 septembre à Agencourt.

C’est une affaire qui roule depuis 2018. Lidl France s’engage avec les éleveurs porcins de la coopérative Cirhyo et l’abattoir Tradival au travers de contrats tripartites pour enrichir son offre de boucherie-charcuterie. Dans ce contexte, une journée de rencontres, d’échanges et d’informations est organisée tous les ans entre différents acteurs du Grand Est de la France : le rendez-vous 2022 vient justement de se dérouler. « Nous avons visité les locaux des Salaisons du Mâconnais, avant de nous rendre sur la ferme d’Emmanuel Thiery à Agencourt, en Côte-d’Or », relève Philippe Chanteloube, directeur de Cirhyo, coopérative basée dans l’Allier représentant 500 éleveurs pour une production de 2 500 porcs par semaine.

+ 40% ? On augmente

Les acheteurs de chez Lidl étaient notamment de la partie. « Ils se déplacent régulièrement dans les élevages pour discuter avec les producteurs », poursuit le directeur de la coopérative, « différents sujets sont évoqués avec une totale transparence, notamment les difficultés qui peuvent être rencontrées dans les exploitations. La hausse des coûts de production avec la flambée des cours des céréales est d’ailleurs à l’ordre du jour, en ce moment, tout comme les coûts de l’énergie avec l’électricité et le gazole ou encore le prix des matériaux dans le cadre de l’entretien et des rénovations des bâtiments. L’approvisionnement en protéines est aussi un questionnement ». Ces sujets ont fait l’objet de discussions dans la cour de ferme d’Emmanuel Thiery. La politique de prix de Lidl, qui prend pleinement en compte les coûts de production des éleveurs, a été mise en avant à cette occasion. « C’est une belle satisfaction pour nos adhérents », souligne le directeur de Cirhyo, « ces coûts ont pris 40 % en peu de temps, ils sont passés d’1,30 euros/kg de carcasse à plus de 2 euros. Nos bonnes relations et nos discussions très objectives avec Lidl nous ont permis de répercuter cette hausse de charges dans nos prix de vente, dans les mêmes proportions. Des renégociations de prix sont d’ailleurs programmées à deux reprises chaque année avec eux, selon les besoins. Tous les distributeurs n’opèrent pas de cette manière ».

Quid de la protéine

Emmanuel Thiery a présenté son exploitation à une cinquantaine de personnes. Cet administrateur de Cirhyo élève une quarantaine de truies en système naisseur-engraisseur. En introduction, le Côte-d’orien a mis un bémol sur le terme « hors-sol », qualifiant souvent les élevages porcins comme le sien : « Ce n’est pas le meilleur qualificatif selon moi pour décrire nos élevages. Au contraire, nos exploitations sont très liées au sol. L’élevage évolue en parfaite harmonie et autonomie avec le territoire, les synergies sont nombreuses entre les céréales qui sont transformées pour nourrir les animaux. De l’autre côté, les effluents sont ensuite revalorisés sur certaines cultures comme la moutarde, le colza, le sorgho ou encore le tournesol ». Emmanuel Thiery a ensuite abordé l’actualité des élevages : « nos coûts de production ont explosé depuis un an, voire un an et demi, entre la hausse des cours des céréales et les ressources devenues très chères en protéines. Pour ce dernier point, le différentiel entre le tourteau de soja OGM et non OGM explose lui aussi. Il était auparavant de 80 euros/t, il est désormais à 250 euros/t… Personnellement, je l’ai retiré de ma formule alimentaire, je ne travaille plus qu’avec du tourteau de colza, qui a aussi un coût en augmentation L’approvisionnement en protéines est un problème pour beaucoup d’éleveurs, d’autant que sur nos territoires, la récolte de soja sera très décevante cette année. Trouver de la protéine économiquement viable pour les élevages porcins est un grand défi qui est devant nous ». Plusieurs interventions ont suivi sur le même thème, et notamment celle de Christophe Richardot. Le directeur de Dijon Céréales a notamment évoqué l’important travail entrepris depuis deux ans au niveau régional sur le plan protéines, avec la participation d’une quinzaine d’organisations professionnelles. Cette problématique protéines est pleinement prise en compte, avec la volonté de structurer une filière vertueuse dans ce domaine.

Des éleveurs bovins de la société Sicarev, étroitement liée à Tradival, participaient également à ce rendez-vous.

2e photo
Plusieurs interventions étaient proposées, dont celle de Christophe Richardot, directeur de Dijon Céréales.