Lait conventionnel
Les prévisions de revenus pour 2022

Inosys Franche-Comté - Galacsy.
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Les équipes Inosys Réseau d'Élevage bovin lait Franche-Comté et Galacsy pour la Bourgogne se sont associées pour effectuer un travail de prévision de revenus des exploitations laitières pour l’année 2022.

Les prévisions de revenus pour 2022
Selon les systèmes, le produit d’exploitation progresse de 12 à 15 %.

Quels revenus pour l’année en cours ? Les équipes Inosys Réseau d’Élevage bovin lait Franche-Comté et Galacsy pour la Bourgogne se sont penchés sur la question en réalisant des simulations sur trois cas types représentant les principaux systèmes en lait conventionnel de la région. Chaque année, une actualisation permet de prendre en compte l’évolution de la conjoncture (prix, productivité, effectif VL, rendements…).

Ces travaux sont issus de constats et d’hypothèses. Au-delà de chiffres précis, l’objectif est de dégager des tendances d’évolution.

L’année 2021 avait été qualifiée d’année exceptionnelle par son caractère pluvieux et par des prix agricoles à la hausse. Le même qualificatif peut être conservé pour 2022 mais cette fois en raison d’un déficit hydrique estival marqué, de prix agricoles qui ont poursuivi leur hausse mais aussi de charges qui n’ont cessé de progresser tout au long de l’année pour atteindre des niveaux jamais connus.

Selon les systèmes, le produit d’exploitation progresse de 12 à 15 %. Ce sont les prix du lait et de la viande qui dynamisent le plus cette hausse. Dans l’absolu, le prix des céréales est aussi en hausse de 20 à 30 %, mais le produit de l’atelier culture est impacté par la sécheresse qui a fortement pénalisé les rendements des cultures de printemps et des cultures fourragères, réduisant ainsi les surfaces vendues. Le volume de lait vendu progresse en moyenne de 1 % avec une progression des effectifs. La productivité des vaches ne semble pas avoir été affectée par les chaleurs estivales (les bâtiments étant de mieux en mieux équipés pour le confort des animaux), cependant la composition du lait est en retrait notamment la matière grasse par rapport à 2021 (- 0,2 g de TP et – 0,7 g de TB).

Les charges opérationnelles progressent fortement de 12 à 19 % selon les systèmes. Tous les postes sont impactés mais ce sont les aliments et les engrais qui subissent la plus nette augmentation. L’impact de cette inflation sera modulé selon les situations. Les exploitations les plus autonomes et celles qui étaient couvertes pour plusieurs mois au tarif 2021 sur les aliments s’en sortiront le mieux.
La sécheresse estivale a pu être traversée généralement sans achats massifs de fourrages grâce à des stocks conséquents constitués en 2021. Même si l’automne très clément permet des récoltes tardives, les stocks fourragers seront réduits à la clôture de cet exercice 2022 par rapport à l’an dernier.
Les charges de mécanisation explosent avec un carburant très cher qui avait déjà amorcé sa hausse en 2021 (+24 % en 2021, + 62 % en 2022). Les charges sociales soutiennent également la progression des charges de structure en intégrant dans leur calcul les bons revenus de 2021.

Malgré les fortes hausses de charges et la sécheresse, les EBE progressent de 6 % pour les systèmes avec une forte part de culture de vente et les plus sensibles au sec, jusqu’à 17 % pour les « laits spécialisés ». Par contre l’efficacité économique de ces systèmes stagne voire perd 1 à 2 points. Ainsi au cours de cette campagne, la hausse des prix agricoles (historiquement élevés) a permis de contrebalancer la hausse des charges.
Cette trésorerie dégagée sera bien utile pour financer les intrants de la campagne 2023 qui atteignent des niveaux records et ne semblent pas vouloir faiblir à moyen terme.
Du côté des investissements (bâtiment et matériel), l’inflation est également très élevée. Cette tendance, couplée à la hausse des taux d’intérêt, impacte encore peu les comptes de résultats. Mais elle va se répercuter durablement sur les niveaux d’annuités dans les mois et les années à venir.
En conclusion, l’année 2022, peut être classée dans les bonnes années pour les systèmes lait dominants et lait céréales. Mais c’est aussi l’année de tous les extrêmes. Les repères sont bousculés et il est encore difficile de mesurer tous les impacts de cette inflation. On aborde 2023 avec des niveaux de charges jamais connus qui nécessitent des prix de vente tout aussi élevés.

Note : Étude réalisée par Chloé Beliard, Alysé, Lisa Delesse, Alysé, Franck Lavédrine, Idele et Laurent Lefevre, CDA 71, en partenariat avec le service statistique de la Draaf, les Entreprises de Conseil en élevage et les conseillers des Chambres d’agriculture.

Et en bio, quelles sont les prévisions?

Dans les exploitations laitières biologiques, le prix du lait n’a pas bénéficié de la même dynamique qu’en conventionnel. En effet, la filière est encore en train d’absorber la dernière la vague de conversion, et couplé à une baisse de la consommation des produits bio depuis 1 an, une partie des volumes a dû subir un déclassement.
Pour autant, l’évolution du prix du lait entre 2021 et 2022 est très variable selon les collecteurs, certains ayant réussi malgré tout à stabiliser le prix de base, quand d’autres se sont vus obligés de le baisser de manière importante. L’effectif et le volume de lait produit par vache n’évoluant pas, c’est uniquement la variable prix qui a un impact sur le produit lait. Le produit d’exploitation ne progresse donc que de 4 %, tiré principalement par le produit viande.
Les charges opérationnelles sont en hausse de 10 %, principalement impactées par la hausse des charges alimentaires et notamment des tourteaux bio. L’automne très clément offre toutefois un pâturage de fin de saison intéressant qui permet de préserver les marges alimentaires sur cette fin d’année.
En ce qui concerne les charges de structures, les exploitations bios subissent la même hausse des charges de mécanisation que les conventionnels, avec le poste carburant qui explose à + 62 %.
Malgré une moindre dépendance aux intrants et une légère hausse du produit d’exploitation, l’EBE des exploitations laitières bio de plaine est en baisse de 5 %. L’efficacité économique de ces systèmes perd donc 3 points.
En conclusion, l’année 2022 aura été une année compliquée pour certains éleveurs bio, où l’effet ciseau baisse du produit/hausse des charges a pu fortement remettre en cause la rentabilité des exploitations. Pour ceux qui ont réussi à maintenir leur produit lait, tout se joue sur la cohérence du système et son niveau d’autonomie. Deux critères qui seront sans doute indispensables pour passer 2023, en attendant, espérons-le, un rebond du prix du lait bio.

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