Avenir de l'agriculture
Des raisons d'être optimiste... ou pas

Berty Robert
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À la suite de la présentation du rapport « Imaginer demain – Agir maintenant » qui concrétise les réflexions et les axes de développement possibles pour l’agriculture régionale à l’horizon 2040, nous entamons une série d’articles sur les idées qui en émergent. Premier épisode : le constat des agriculteurs sur leur situation aujourd’hui, et ce qu’ils imaginent pour les dix prochaines années.

Des raisons d'être optimiste... ou pas
Le monde de l'élevage, mais aussi les grandes cultures, n'apparaissent pas particulièrement optimistes quant aux évolutions attendues pour la prochaine décennie. (Crédit Réussir SA)

Avant d’imaginer ce que pourrait être l’agriculture de Bourgogne Franche-Comté (BFC) en 2040, il semble important de regarder d’où l’on part. Le rapport « Imaginer demain – Agir aujourd’hui », fruit d’un travail lancé conjointement par le Conseil régional de BFC et la Chambre régionale d’agriculture, avec de nombreux partenaires, revient sur la manière dont les agriculteurs de la région perçoivent leur situation actuelle. Sur les 1 300 personnes qui ont renseigné le questionnaire permettant d’établir une sorte d’état des lieux, la proportion entre ceux qui estiment que leur situation s’est améliorée ces dix dernières années et ceux qui considèrent au contraire qu’elle s’est dégradée est à peu près équivalente. Les points pris en compte sont relatifs à la situation économique, à la qualité de vie, aux conditions de travail, au collectif, au sens du métier et au lien avec la société. Les conditions d’amélioration de la situation économique ont pu reposer sur des investissements, du collectif, de la réorganisation, l’accès à des filières plus rémunératrices et mieux organisées. Cela a pu avoir un effet positif sur les conditions de travail et la qualité de vie. Dans le cas du sentiment d’une dégradation de la situation globale, l’économie joue aussi un rôle. Augmentation des charges, diminution des aides… Une charge de travail disproportionnée par rapport au revenu qui en découle est un fait marquant.

Dégradation des rendements, pression sociétale

Lourdeurs administratives et réglementaires sont aussi pointées du doigt. Dans un autre registre, la désillusion peut aussi venir d’un constat de dégradation sur les productions agricoles (rendements, problématiques sanitaires…) en lien avec les effets du changement climatique. Enfin, la pression sociétale et médiatique est parfois très mal vécue. Les agriculteurs qui ont répondu au questionnaire sur le constat lié à l’évolution de la situation depuis dix ans se partagent donc entre point de vue positif et négatif. C’est dans les cultures de fruits ou autres cultures permanentes qu’on trouve les constats les plus positifs. À l’inverse, les viticulteurs sont les plus nombreux à considérer que la situation s’est dégradée. Qu’en est-il pour leur vision quant à l’avenir, et notamment, sur la prochaine décennie ? Là, clairement, un certain pessimisme prévaut (59 % des répondants). Et là aussi, les critères qui nourrissent ce pessimisme sont de même nature : situation économique, mauvaise qualité de vie, surcharge administrative, diminution des rendements, aléas climatiques et rapports dégradés avec la société.

Pessimisme dans l’élevage

C’est auprès des éleveurs porcins et de volailles qu’on trouve le plus de pessimistes pour l’évolution attendue sur les dix prochaines années (71 %) alors que les représentants des cultures de fruits ou autres cultures permanentes sont, une fois de plus, relativement optimistes, pour 60 % des répondants. En grandes cultures ou en bovins viande on s’affirme plutôt pessimistes (respectivement 59 % et 58 %). C’est encore plus affirmé en bovins lait (63 %). Seuls les éleveurs bovins lait et viande combinés s’affirment majoritairement très confiants ou plutôt confiants en l’avenir, pour 56 %. Dans notre prochain épisode, nous aborderons les solutions mises en place par les agriculteurs ces cinq dernières années afin d’améliorer leur situation.