Salon international de l'agriculture
La journée de la Bourgogne-Franche-Comté au SIA

Berty Robert
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À l’occasion de la journée Bourgogne-Franche-Comté organisée, le 2 mars, au SIA, Marie-Guite Dufay, la présidente de Région, a officialisé la création d’une marque pour les produits agricoles régionaux.

Trois mots et une marque : c’est ainsi qu’on peut résumer l’approche développée par Marie-Guite Dufay, la présidente du Conseil régional, lors de la journée Bourgogne-Franche-Comté (BFC) au Salon de l’agriculture, à Paris le 2 mars. À l’occasion de cette manifestation qui faisait son grand retour, l’élue est revenue sur le paysage agricole de BFC, à la lumière de la crise sanitaire mais aussi en regard du contexte international brutalement bouleversé depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, commencée le 24 février. Les trois mots, d’abord : « sidération, transition, coopération ». Dans l’esprit de Marie-Guite Dufay, ils traduisent les états par lesquels l’agriculture est passée et passe encore. « La profession agricole, soulignait-elle, a été immensément réactive face au Covid, mais la guerre qui est à nos frontières oblige aujourd’hui à s’interroger sur les possibles conséquences pour le secteur ». Pour la présidente du Conseil régional, « il importe d’être à la manœuvre pour accompagner les agriculteurs face à ce nouveau contexte de crise » et sortir de l’état de sidération qu’il impose.

Le débouché des lycées

Il faut donc, à ses yeux, reposer quelques fondamentaux, et notamment celui de la « transition ». « Celles que vous vivez, soulignait-elle en s’adressant aux représentants du monde agricole régional réunis pour l’occasion, sont au cœur de nos préoccupations. Nous avons la volonté de renforcer tout ce qui permet à nos exploitations de s’adapter à ces transitions ». Et de citer notamment le fait que la Région compte ajouter de l’argent à l’enveloppe du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), qui a lui-même légèrement augmenté. Sur la filière bio, Marie-Guite Dufay a insisté sur le fait que la Région comptait renouveler son soutien « alors qu’elle traverse actuellement une période de doute ». Concrètement, la présidente affirmait que les produits bios et d’origine locale seraient « poussés » dans les cantines des lycées. Un argument avancé depuis longtemps mais qui semble toujours se heurter à des limites juridiques. Marie-Guite Dufay affiche pourtant un objectif clair : « 75 % de produits bios et locaux dans les cantines de ces établissements. Mais nous n’y arriverons pas seuls ! Nous comptons mettre notre centrale d’achats régionale à disposition des lycées. Nous imposerons également que les producteurs locaux soient correctement rémunérés ». Par ailleurs, un appel à projets devrait très prochainement être lancé par la Région afin d’aider les processus de mise en place de commercialisation de produits agricoles de proximité. Au chapitre de la transition, Marie-Guite Dufay n’a pas non plus oublié la question de l’installation des jeunes agriculteurs : « La Dotation jeunes agriculteurs (DJA) est à la hauteur des enjeux à traverser, mais elle doit refléter les valeurs portées par la Région. De plus, derrière l’installation se pose immanquablement la question de l’accès au foncier : nous réfléchissons actuellement à un système de partage du foncier ».

« Aussi important que l’industrie automobile »

Le troisième mot invoqué par la présidente de Région au SIA, « Coopération », devrait, selon elle, trouver sa traduction concrète dans l’aide à la structuration de toutes les filières agricoles. « C’est un souci régional aussi important pour nous que l’est l’industrie automobile. Il faudra que nous poussions les projets d’engraissement en élevage bovin et également ceux portant sur la production de protéines végétales ». Enfin, point d’orgue de cette volonté de coopération : l’officialisation de la création d’une marque régionale : « Juste et Local Bourgogne-Franche-Comté ». Le but là encore, au-delà de l’aspect « vitrine » d’une telle marque, c’est aussi et surtout d’assurer la meilleure rémunération possible aux producteurs locaux, à condition que les consommateurs mettent en accord leurs paroles et leurs actes d’achats. À condition, également, qu’ils ne se perdent pas entre les marques régionales, départementales et autres labels ou signes de qualité…

 

Les chantiers de l'État et de la Chambre régionale d'agriculture

Aux côtés de Marie-Guite Dufay, sur le stand BFC du SIA, Fabien Sudry, le préfet de Région BFC et de Côte-d’Or, et Christian Decerle, président de la Chambre régionale d’agriculture, ont aussi profité de l’occasion pour livrer leur constat sur l’agriculture de BFC. Le premier nommé a redit le sentiment de solidarité « que la nation tout entière doit ressentir envers les agriculteurs qui ont répondu présents lors du déclenchement de la crise sanitaire, mais qui ont été touchés, notamment par le gel de 2021. L’État a été au rendez-vous et près de 80 millions d’euros d’aides ont été attribués en BFC. La ferme BFC disposera aussi de plus de moyens dans le cadre de la nouvelle PAC, ce qui n’était pas gagné d’avance et qui résulte d’un important travail mené de concert par les services de l’État et les organisations agricoles ». Un constat partagé par Christian Decerle : « Sur la PAC, la coopération entre l’État, la Région et les organisations agricoles a été exemplaire et ça a été payant. C’est d’autant plus important que les chiffres du dernier recensement agricole ont montré la perte de 6 700 exploitations en BFC, en dix ans et que d’autres révèlent qu’un quart des éleveurs de races à viande de notre région sont aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Aujourd’hui, deux chantiers nous attendent : la mise en œuvre d’Égalim 2, pour laquelle le gouvernement a apporté une bonne boîte à outils afin de mieux rémunérer le travail des producteurs. Nous avons maintenant une obligation de résultat sur ce plan. Le deuxième chantier, c’est le changement climatique et la gestion de l’eau. Sur ce dernier point, il n’y a pas d’autre voie possible que le dialogue et la concertation ». Enfin, Le président de la Chambre régional a conclu sur le loup : « Je préfère l’éleveur, son troupeau et tout ce qu’il représente sur son territoire, plutôt que la biodiversité avec un prédateur. Sinon, l’élevage ovin disparaîtra… »