Stabulation
Un petit paradis pour montbéliardes

Marc Labille
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À Jouvençon, près de Tournus, en Saône-et-Loire, Lydie Lacroix s’est fait construire un bâtiment à la fois esthétique, confortable et économe en main-d’œuvre pour ses 70 montbéliardes. Une stabulation bien pensée, réalisée par une entreprise locale, dans laquelle les vaches laitières se sentent vraiment bien.

Un petit paradis pour montbéliardes
D’une surface au sol de 1 300 mètres carrés, le bâtiment mesure 48 m de long par 21 m de large, avec deux toitures monopentes de 8 m + une monopente de 5 m.

Sur son exploitation de Jouvençon, Lydie Lacroix est à la tête d’un troupeau de 70 montbéliardes produisant 620 000 litres de lait par an sous le cahier des charges Crème et Beurre de Bresse. À son installation sur l’exploitation familiale, la jeune éleveuse a fait augmenter la taille du troupeau ainsi que le niveau de production. Pour cela, elle s’est investie dans l’amélioration génétique de ses animaux tout en faisant progresser la conduite technique du troupeau dont la moyenne d’étable est aujourd’hui à 8 700 litres de lait par vache et par an. Les gains de productivité ont amené à accroître le quota de référence de l’exploitation si bien qu’à un moment donné, le bâtiment de 1993, conçu pour 35 laitières et 15 génisses, n’était plus du tout adapté. Il devait contenir une soixantaine de vaches en lactation qu’il fallait alloter dans plusieurs cases, explique Lydie. Le questionnement s’est accentué à l’approche de 2018. D’un côté, il y avait le projet de Danone (à qui la famille Lacroix livrait son lait) de réduire sa collecte dans la région. De l’autre, le classement en zone vulnérable imposait une coûteuse mise aux normes pour les effluents. Un investissement peu motivant puisqu’il ne servirait qu’à couvrir du fumier, fait remarquer Lydie. 

Du nouveau inséré dans l'ancien

Dans le même temps, un autre collecteur était intéressé par la production laitière de l’exploitation. L’option de réduire le nombre de vaches laitières était écartée et la jeune agricultrice a décidé de créer un nouveau bâtiment plus grand et aux normes. La nouvelle construction a été insérée entre l’ancienne stabulation et un hangar de stockage. Le bloc de traite 2X5 en épi datant de 1993 a été conservé. Il se retrouve désormais coincé entre l’ancienne et la nouvelle stabulation. L’entrée des vaches a simplement été changée de côté. Le nouveau bâtiment a pris la place des anciens silos d’ensilage. D’où la construction de nouveaux silos. Pour le nouveau bâtiment de ses laitières, Lydie a opté pour des logettes. La pente paillée de l’ancienne stabulation trop chargée était très gourmande en paille et générait beaucoup de fumier à exporter. Seule à la tête de son exploitation, aidée d’un salarié, Lydie a voulu tout penser pour limiter la main-d’œuvre ce qui exclut curage, paillage, etc. En outre, pour un même nombre de vaches, le logement en logettes demande moins de surface couverte et bétonnée qu’une aire paillée. Le nouveau bâtiment compte 77 logettes pour un maximum de 70 laitières et 73 places de cornadis. Un choix délibéré de la part de Lydie qui tenait à ce qu’il y ait plus de places de logettes que de vaches. Très attentive au confort de ses animaux, la jeune éleveuse a opté pour des matelas de couchage épais (deux couches de matériaux composites de recyclage). Au fond des logettes, ces tapis sont bordés de genouillères en boudins d’eau pour protéger les genoux des vaches au couchage. Trois racleurs à câbles automatisés assurent le nettoyage des deux couloirs du nouveau bâtiment et de l’aire d’attente. Ils sont programmés pour sept passages par 24 heures en hiver. Ce système logettes sur couloir raclé ne nécessite aucune botte de paille. Lydie épand tout de même de la farine de paille sur ses logettes tous les matins après la traite. Il faut compter un big bag de 800 kg par mois en hiver, indique-t-elle. Cette couche qui ne demande que cinq à dix minutes pour être épandue quotidiennement assainit considérablement les vaches. Les mamelles sont notamment beaucoup plus faciles à nettoyer à la traite, fait-elle valoir. Le lisier raclé est stocké dans une fosse de 1 000 mètres cubes. L’ancienne fosse sert de pré-fosse et le système est équipé d’une pompe hacheuse.

Clarté et ventilation

Étant donné la grande largeur du bâtiment, Lydie a opté pour un profil en forme de « toit d’usine », moins haut qu’une toiture à deux grands pans. Cette architecture en dents de scie offrait aussi davantage de plaques de translucides pour une clarté optimisée. La ventilation est fractionnée pour chaque pan de toit. L’air entre par de nombreuses ouvertures (espaces entre bardage et toiture de part et d’autre du bâtiment ; bardage ajouré : filets brise-vent…). Il ressort au niveau de la partie supérieure de chaque pan de toit par une fente de 10 cm de hauteur. Bien qu’insérée entre deux bâtiments existants, la nouvelle stabulation peut être très ouverte grâce à un jeu de portes pleines automatisées (côté nord notamment), un filet amovible mécanisé côté est… Cette modularité de l’ouverture est très appréciée de Lydie qui estime qu’il faut « le moins de murs possibles pour des vaches laitières ». Le choix d’un bardage en bois ajoute au confort du bâtiment. Esthétique, il offre davantage de ventilation grâce aux espaces entre planches et il confère une ambiance intérieure moins froide en hiver. Au total, le coût du bâtiment s’élevait à 380 000 € TTC auxquels il faut ajouter 120 000 € de silos. Dans le détail, la maçonnerie du bâtiment a coûté 106 000 € TTC, le bâtiment lui-même (charpente, toiture, bardage, portes) 124 000 € TTC, les racleurs environ 30 000 €, les tapis posés 25 000 €, les tubulaires de logettes environ 11 000 € plus 5 000 € de cornadis, 5 000 € de barrières, 2 000 € pour la saignée recevant le câble du racleur… Le chantier a débuté en mars 2020, mais le confinement a interrompu les travaux pendant trois mois. Ils ont repris en mai 2020. Les vaches laitières ont investi le nouveau bâtiment le 17 décembre 2020. « Le passage de l’aire paillée aux logettes s’est super bien passé ! », rapporte Lydie qui a eu le temps d’apprécier le gain de temps et de confort généré par sa nouvelle stabulation. « Les vaches sont bien. Elles sont paisibles. Il m’arrive de devoir les déloger des matelas tellement elles se sentent bien dans mon nouveau bâtiment », conclut avec beaucoup de satisfaction Lydie Lacroix.