Salon de l'herbe et des fourrages
Retour sur le salon de l'herbe

Sophie Chatenet
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Entre démonstrations en conditions réelles, ateliers techniques et espace conseil, le salon de l’herbe, organisé à Villefranche-d’Allier a drainé des milliers d’agriculteurs en quête de solutions pratiques pour optimiser leur conduite d’exploitation.

Retour sur le salon de l'herbe
Temps fort et apprécié du salon : les démonstrations de matériel.

Sous un soleil généreux, le salon de l’herbe et des fourrages a encore une fois fait le plein de visiteurs, la semaine dernière, du côté de Villefranche-d’Allier, dans l’Allier. Après deux ans d’absence, sur une parcelle aménagée de 40 hectares, tout avait été conçu pour répondre au mieux aux interrogations des éleveurs, venus en nombre. La part belle a été faite aux démonstrations des géants des champs, aux matériels combinant les usages promettant toujours des gains d’efficacité, mais aussi aux conseils de techniciens sur les mélanges les plus opportuns, les variétés les plus résilientes face à la sécheresse. Une sécheresse déjà bien présente, puisque l’ensemble du grand bassin allaitant, terreau du salon de l’herbe, rencontre un déficit hydrique préoccupant depuis quelques semaines déjà. À Villefranche, les parcelles de démonstration ont été irriguées à trois reprises dès la fin du mois d’avril. Force est de constater que cela n’aura pas suffi à amortir les coups de chaud des derniers jours de mai. « Plus que jamais, le salon de l’herbe et des fourrages se veut le reflet de ce que traverse le monde agricole, et à ce titre, difficile d’occulter la nécessaire adaptation au changement climatique », explique Frédéric Bondoux, commissaire général du salon et président de Profield Events, société organisatrice.

La distribution très présente

Si côté machinisme, certains constructeurs manquaient à l’appel, faute notamment de matériels disponibles à exposer, en raison des difficultés d’approvisionnement liées à la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, ceux qui étaient présents témoignaient d’une envie réciproque de renouer le contact avec les agriculteurs après deux ans chaotiques. Côté distribution, là aussi, le salon est un rendez-vous attendu. « Tous les acteurs du secteur sont présents pour référencer les produits qui seront vendus à l’automne », témoigne Frédéric Bondoux. À l’heure où l’agriculture doit composer avec de multiples défis, du sol jusqu’à la ration, les conseils sont essentiels, comme en témoigne Bertrand Daveau, l’un des soixante experts mobilisés autour du pôle Cap protéines. Il a animé l’espace variétal, avec un focus sur les méteils grains et fourragers, deux mélanges prisés pour leur robustesse face aux conditions séchantes. « C’est un bon compromis entre productivité et valeur alimentaire, en fonction de la valeur zootechnique souhaitée », témoigne l’ingénieur.

Précautions à l’ensilage

Un peu plus loin, au sein de l’espace récolte, les visiteurs ont pu constater les résultats obtenus selon les hauteurs de fauche. « Les questions récurrentes concernaient l’itinéraire technique pour l’ensilage, le groupement des andains, et le conditionnement ou non », expliquait Fabien Gayet, de la Fédération régionale des Cuma d’Auvergne-Rhône-Alpes. En effet, lorsqu’il est question de valeur protéique, certaines précautions s’imposent pour éviter la perte de feuilles au moment de la fauche. Selon le matériel utilisé, Arvalis a ainsi constaté des pertes en volumes de 10 % et de 20 % en qualité. Autant dire que cela vaut le coût d’optimiser sa conduite, et son type de mécanisation, qui plus est à l’heure où le gasoil flambe. À ce titre, si les combinés de fauche trois-en-un promettent des débits de chantier inégalés, le technicien invite à la prudence : « Sur le papier, c’est une bonne idée, mais dans sa mise en œuvre, il a ses limites, avec des superpositions d’andains qui, s’ils ne sont pas suffisamment écartés, conduisent à des problèmes de séchages voire de fermentation ».