Sortie en forêt
Une balade pas comme les autres

Chloé Monget
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Le Parc naturel régional du Morvan (PNRM) en partenariat avec le Centre régional de la propriété forestière (CRPF) proposait une excursion un peu particulière à Montigny-en-Morvan le 17 juillet.

Une balade pas comme les autres
Quentin Maréchal (ici en photo) et Clémentine Hochereau, chargés de mission au CRPF, ont présenté les différentes particularités qu'un marteloscope comme celui de Montigny-en-Morvan, peut avoir.

Afin de faire découvrir le marteloscope et plus largement le métier de forestier, une balade en forêt était organisée le 17 juillet à Montigny-en-Morvan, par le Parc naturel régional du Morvan (PNRM) conjointement avec le Centre régional de la propriété forestière (CRPF). Ainsi, c'est dans une parcelle de Pascal Boulle (exploitant agricole à Montigny-en-Morvan) que le rendez-vous était donné. Avant de s'élancer dans les layons, un point historique fut réalisé par ses soins pour dépeindre la physionomie de la parcelle.

Au fil des générations

« Cette parcelle a été achetée par ma famille en 1880 environ et conduite en futaie irrégulière depuis – comme les propriétaires précédents. Du fait de cette gestion, on retrouve, à l'image d'une famille, une cohabitation d'arbres de tous les âges. Dans ma vie, j'ai assisté à trois coupes uniquement, principalement à destination du bois d'œuvre, d'ameublement ou de construction ». Malgré cette gestion raisonnée, il déplore un invité indésirable : le houx. « La parcelle est envahie par cette essence qui fait énormément d'ombre, empêchant la régénération naturelle. Nous sommes donc obligés de retirer les pousses de houx assez régulièrement pour que les autres aient une chance ». En d'autres temps, ce houx aurait été recherché, notamment pour la fabrication de manches d'outils… preuve que les besoins évoluent. Pascal Boulle insiste néanmoins sur « le rôle primordial du subtil dosage entre ombre et lumière qui conditionne la vie sylvicole depuis les semis ou les plantations d’enrichissement, jusqu’aux arbres adultes. Enfin, la parcelle présente un sol profond de terre arable (environ 50 cm) ce qui n'est pas mal pour le Morvan, avec un PH de 5,5. Mon objectif est de pérenniser les beaux arbres, de créer une régénération naturelle permanente, car cette parcelle doit se transmettre aux générations futures, comme les anciens l'ont fait avant moi. À mon sens, la forêt concentre les grands enjeux de notre avenir, car sa gestion est très complexe, elle demande d'apprendre en permanence tout en se remettant en question ; à l'image de l'agriculture ». Après cette présentation, Sylvain Mathieu, président du PNRM et participant à la rencontre, a rappelé l'intégration de ce genre de pratique dans la Charte forestière réalisée conjointement avec tous les acteurs de la filière (1) afin : « d'apporter un avenir aux forêts du Morvan, sur tous les plans ».

Objectifs et ajustements

Avec ce panorama, les participants découvrent alors qu'une gestion précise est nécessaire pour qu'une forêt reste en bon état et perdure dans le temps. D'ailleurs, Quentin Maréchal et Clémentine Hochereau, chargés de mission au CRPF, rappellent : « on nous dit souvent que le bois mort au sol ou encore sur pieds rend les forêts sales. Mais, il faut bien comprendre que ces éléments font partie intégrante de la vie d'une forêt via les dendro-microhabitats qu'ils procurent pour la faune, la flore et les champignons. Afin de suivre ces éléments, le marteloscope a été défini ici à Montigny-en-Morvan, et c'est cette zone spécifique que nous allons découvrir ». D'une surface d'un hectare et mis en place en 2019 dans la parcelle de Pascal Boulle, cet espace permet de croiser différentes missions des forestiers : expérimentations, suivis ou encore gestion spécifique. « Le marteloscope est un des nombreux outils que l'on peut utiliser dans notre métier afin de déterminer les arbres à garder ou non (pour une gestion en futaie irrégulière) » soulignent Quentin Maréchal et Clémentine Hochereau. « S'ils sont une aide, l'essence même de notre métier reste de faire un choix. Et, à l'image des arbres qui sont tous différents, les avis des forestiers le sont aussi parfois. C'est pour cette raison qu'il est nécessaire d'avoir établi un objectif précis pour une parcelle tout en gardant à l'esprit que des ajustements seront très probablement à effectuer en cours de route, comme ce que nous pouvons vivre actuellement avec les conséquences du réchauffement climatique ». Par ailleurs, Nicolas Blanchard, chargé de mission forêt au PNRM, évoque un autre enjeu pour l'avenir : la problématique incendie. Là, il rappelle que depuis 2006, 50 incendies se sont déclarés dans le Morvan, emportant 130 ha au total dont plus de 100 ha ces cinq dernières années. « C'est cette accélération qui est préoccupante et prouve que nous devons nous adapter ». Les échanges sont allés bon train durant la rencontre pour que les visiteurs puissent entrevoir toute la difficulté du métier de forestier.

(1) https://www.parcdumorvan.org/le-parc-en-actions/la-foret-et-la-filiere-bois/la-charte-forestiere/