Formation taille du noyer
« Ne pas faire de sentiments »

Chloé Monget
-

La Chambre d'agriculture de la Nièvre organisait le 24 mars une formation sur la taille du noyer. Pour l'occasion, le formateur était Ghislain Bouvet, conseiller en production noix à la Chambre d'agriculture de l'Isère.  

 

« Ne pas faire de sentiments »
Pour une production de noyer, Ghislain Bouvet évoque une consommation d'eau de 2500 m3 par ha et par an avec une pluviométrie annuelle de 800 mml.  

Le mot d’ordre est sans appel pour l’animateur d’un jour dans la Nièvre, Ghislain Bouvet, conseiller en production noix à la Chambre d’agriculture de l’Isère : « il ne faut pas faire de sentiments lorsque l’on parle de taille ». Pour lui, le noyer est une production comme une autre, qui « doit être rentable ». Organisée par la Chambre d’Agriculture de la Nièvre sous l’égide d’Étienne Bourgy, chargé de mission énergie et agroforesteries, la formation « taille du noyer » avait deux buts : montrer les bons gestes à adopter, et revenir sur les besoins des agriculteurs ayant planté des noyers ces dernières années et présents à ce jour-là sur l’exploitation de Ghislaine et Mattew Bentley (domaine de Drémont à Anthiens) ainsi que sur celle de François-Xavier Bedu (ferme de la Ronce à Vielmanay).

Une petite chance

Lors de son intervention, Ghislain Bouvet ne fait aucune pitié en taillant un plant d’1m50 à 30 cm du sol : « il faut couper afin que les pousses repartent bien ». Il ajoute sans détour : « un plant a un à deux ans pour montrer sa capacité à pousser. S’il est trop lent, on l’arrache et on replante ; le noyer est une production qui doit produire ! ». Afin que ces plants soient le plus productifs possible, il précise qu’ils doivent être un minimum protégé du bétail et du gibier : « les animaux adorent se frotter aux troncs ou tirer sur les branches. Il faut donc les préserver avec du barbelé ou des grilles. De plus, pour le vent, je conseille d’attacher l’arbre à un bambou qui permettra de conserver l’axe tout en restant souple pour éviter la casse ».

La variété préférée

Outre la taille drastique et la protection, il évoque également les variétés : « il ne faut pas se tromper, certaines sont plus adaptées que d’autres, avec des avantages et des inconvénients, surtout si on fait le choix de ne pas irriguer. Dans ce dernier cas, je conseille d’ailleurs la Franquette ou rien ». Cette dernière est, selon lui, la variété la plus répandue en France. Rustique et avec une fructification terminale, elle a cependant le désavantage d’entrée en production au bout de 5 à 6 ans, ce qui est assez long, toujours selon Ghislain Bouvet.

Ça coule de source

Pour terminer, Ghislain alerte les exploitants sur l’irrigation sans laquelle la pousse peut devenir presque impossible : « une production de noyers représente l’équivalent d’une production de maïs en matière d’irrigation. Il faut avoir cela en tête lorsque l’on pense à se lancer dedans car sans l’irrigation engager une production digne de ce nom n’est presque pas jouable, surtout avec les années de sécheresse que l’on a connu. Sans apport d’eau régulier, il y a une forte mortalité sur les jeunes arbres et une perte de temps puisqu’ils pousseront moins vite et donc engendrant un retard dans la production. Néanmoins, une irrigation ne remplacera jamais la pluie car elle s’accompagne d’une humidité ambiante qui est inégalable ». Il termine : « le noyer peut être une réponse à diverses problématiques, mais il ne faut pas s’embarquer sur ce terrain sans avoir conscience de tout ce que cela implique ».

Craquer pour lui
Ghislaine et Mattew Bentley ont planté environ 1250 plants de noyer Franquette en 2019 et 1 000 en 2020. Malheureusement, beaucoup ont été perdus à cause du gel.   

Craquer pour lui

Les exploitants présents évoquent diverses raisons dans leur choix de planter des noyers sur leurs terres. Pour Thierry Beauvais, exploitant à Pougny, le noyer répondait à deux objectifs : « apporter de l’ombre à mes animaux l’été tout en restant et ayant une vision sur le long terme face au réchauffement climatique. Je me pose aussi la question de planter des oliviers dans le futur ». Ghislaine Bentley évoque les mêmes problématiques tout en rajoutant « le noyer est aussi une piste pour diversifier notre ferme, avec la vente de noix, même si nous avons conscience que cela ne se fera pas avant quelques années ». Enfin, Frédéric Gauche (exploitant, avec son fils Valérian, à Saint-Benin-des-Bois) pointe « au départ, nous les avons plantés afin de valoriser notre patrimoine pour les générations futures sans vraiment savoir quoi en faire. Mais, aujourd’hui, nous voulons vraiment les intégrer dans une production afin de nous diversifier, car il y a une forte demande sur ce fruit. Dans tous les cas, nous avons commencé car cela nous faisait plaisir, et nous voulons que cela continue ».