A Dijon
Regards sur les peintures germaniques des collections françaises
Les musées de Dijon, associés au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon et au musée Unterlinden de Colmar présentent, jusqu'au 23 septembre, une exposition consacrée aux peintures germaniques des collections françaises (1370-1550) réalisée en partenariat avec l’Institut national d’histoire de l’art de Paris.
À Dijon, l’exposition intitulée « Maîtres et merveilles » valorise l’exceptionnelle collection de peintures médiévales suisses et allemandes de son musée des Beaux-Arts. En grande partie le fruit du généreux legs de Marie-Henriette Dard en 1916, cette collection est reconnue à l’échelle nationale et internationale et reste sans égal dans ce domaine. Elle confère au musée dijonnais une singularité et une richesse que cette exposition se propose de faire redécouvrir au public, jusqu'au 23 septembre. Avec près de soixante-quinze œuvres issues essentiellement du fonds du Musée des Beaux-Arts de Dijon et de prestigieuses institutions françaises, cette exposition entraîne les visiteurs dans l’une des périodes les plus fascinantes de l’histoire de l’art occidental, à la découverte des usages et des particularités iconographiques, stylistiques et matérielles de ces peintures produites dans l’ancien territoire du Saint Empire romain germanique.
Entité politique mouvante
Mosaïque de principautés, le Saint Empire romain germanique est une entité politique mouvante selon les époques. Les puissances locales, tant laïques que religieuses, ont une grande autonomie par rapport à l’empereur. Dans un climat politique et social difficile – guerres, brigandage, révoltes -, les empereurs successifs peinent à garder le contrôle des provinces. L’exposition présente un fragment de cette histoire par le prisme des peintures. Le fil du parcours est thématique. Il propose des clés de lecture essentielles à la compréhension de la place de ces œuvres à la fin du Moyen Âge. Il restitue également un état des recherches récentes sur les questions de styles et d’attributions, au gré d’un cheminement entre l’enquête sur des « mains » et des maîtres souvent tombés dans l’anonymat et la découverte de ces « merveilles » rares qui continuent d’étonner et de susciter notre curiosité. Nombre de ces peintures sont des fragments de tableaux d’autels aujourd’hui démembrés et dissociés de leur contexte, ce qui empêche souvent d’en reconnaître la signification initiale.
Usages précis
Pourtant, dans la société médiévale, elles ont un usage précis. La plupart sont des présents offerts à Dieu, pour le glorifier et obtenir ses faveurs, ou à des saints protecteurs particuliers. Ces peintures, alternativement cachées ou déployées selon le calendrier liturgique, guident la prière des dévots. En suscitant l’émotion, en éveillant la terreur et en inspirant le repentir, elles aident et orientent les fidèles dans leur dévotion, par les moyens formels les plus naïfs jusqu’aux plus brutaux, et les incitent à contempler les réalités immatérielles dont elles se veulent un reflet sensible. Enfin, si ces peintures magnifient la gloire divine, elles célèbrent aussi la puissance et la richesse terrestres de leurs commanditaires religieux et laïcs. Ces derniers s’assurent ainsi que leur souvenir sera maintenu après leur mort dans la prière des vivants.