Haies
Un patrimoine à valoriser

Chloé Monget
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Le 18 octobre, une journée dédiée à la gestion de la valorisation des haies était organisée, conjointement par la Direction Départementale des Territoires, la Chambre d'agriculture de la Nièvre et la Fédération départementale des Chasseurs, au lycée agricole de Challuy.

Un patrimoine à valoriser
Afin de montrer la transformation en copeaux, la CUMA Hydraulique du Berry Nivernais et la CUMA Terr'eau ont proposé respectivement une démonstration de coupe et de déchiquetage de bois.

C’est un tour d’horizon des différentes fonctions des haies bocagères qui était proposé le 18 octobre, par la Direction Départementale de Territoires de la Nièvre (DDT 58), la Chambre d’agriculture de la Nièvre (CA 58) et la Fédération départementale des Chasseurs de la Nièvre (FDC 58), lors d’une journée au Lycée agricole de Challuy. Outre des rappels réglementaires, les participants ont pu découvrir ou redécouvrir qu’une haie peut être valorisée économiquement, (par exemple en plaquette d’autoconsommation ou de revente) ou encore permettre de conserver un réservoir de biodiversité via des haies mellifères, notamment.

Un but commun

« Les haies représentent des intérêts convergents (élevage, faune flore, énergies, lutte contre le changement climatique, etc.) », souligne Jocelyn Kerleaux, directeur de la CA 58. « Il est donc nécessaire de travailler sur un consensus avec une approche locale afin de répondre aux besoins et aux attentes du territoire dans ce domaine ». De son côté Benjamin Gauthier, en charge des dossiers « Petit gibier », « Piégeage » et « Jachères » auprès de la FDC 58, indique que « dans le cadre du catalogue agroenvironnemental 2022-2023 (soutenu par le Plan de Relance et le fonds Éco-contribution) de l’agriculture et de la faune sauvage, nous disposons de neuf mesures (1), dont la neuvième est dédiée aux haies. Ces dernières ont été maltraitées pendant des années, alors qu’elles ont des atouts indéniables (production fruitière, habitat de la faune, etc.) et cette journée était une manière d’exposer les utilités diverses qu’elles peuvent avoir aujourd’hui, avec les compétences complémentaires de chaque institution ou organisme. Nous travaillons tous dans un but commun : valoriser ces haies durablement ».

Pour Marc Séverac, directeur adjoint de la DDT 58, « la haie est un patrimoine paysager qu’il est important de valoriser et de préserver. Il est nécessaire de faire de la pédagogie afin d’expliquer leur utilité dans les systèmes de production agricole et les différentes réglementations applicables. La nouvelle Pac prendra d’ailleurs en compte cela avec les éco-régimes notamment (qui rémunèrent les pratiques agricoles favorables à l’environnement) et les exigences de la conditionnalité. Il faut aussi rappeler que tout n’est pas interdit, et, en ce qui concerne les haies, la réglementation n’est pas incompatible avec des débouchés économiques ».

Des dates à respecter

« À compter du 1er janvier 2023 : les haies relèvent, dans la Pac, de la BCAE 8 (Maintien des éléments de paysage et interdiction de taille des haies et arbres à certaines périodes) », poursuit le directeur adjoint de la DDT 58. « Dans ce cadre, la réglementation stipule que toute intervention (taille, destruction) sur les haies est interdite durant la période du 16 mars au 15 août au titre des règles de conditionnalité de la nouvelle Pac. De plus, la présence éventuelle d’espèces protégées doit être prise en compte par tous les usagers (et pas seulement les agriculteurs), avant toute intervention, en particulier entre le 16 mars et le 31 août ».

Aller plus loin

Durant ce séminaire, d’autres acteurs du territoire sont venus expliquer leurs actions, comme Bio Bourgogne, l’animateur Natura 2000 de la Communauté de communes Amognes Cœur du Nivernais (dans le cadre des projets agrienvironnementaux) ou encore le CPIE Yonne-Nièvre. Deux exploitants nivernais ont également évoqué la place de la haie et son entretien dans leurs exploitations. La Cuma Terr’Eau, la Cuma hydraulique du Berry Nivernais et le GIEE Paill’Ô Bois étaient également présents pour une démonstration d’entretien, de ré́récolte, et d’utilisation de la haie. Hervé Mouron, président de la Cuma Terr’eau, explique en outre qu’au-delà de la transformation en plaquette, « nous voudrions travailler sur une autre valorisation de la haie : la vente de décarbonation aux entreprises locales. À court et moyen terme, nous [les exploitants, industriels et acteurs du territoire] devons tous nous y mettre. Dans le même temps, il faut aussi modifier certaines manières de penser afin d’avancer. Mais, je suis persuadé que si nous présentons les intérêts économiques qu’apporte la haie (via la vente de plaquettes ou de décarbonation) cette évolution des préjugés peu aller très vite ».

(1) lien https://www.chasse-nature-58.com/uploads/Agriculture%20et%20Faune%20Sauvage%202022%202023%20v2.pdf

Reconnaissance
Le Crédit Agricole Centre Loire soutient le GIEE Paill'Ô Bois avec la remise d'un chèque de 500 euros.

Reconnaissance

Cette journée fut également l’occasion pour le GIEE Paill’Ô Bois (porté par la Cuma Terr’Eau) de recevoir le Grand prix régional de la démarche collective au titre des trophées de l’agroécologie 2021-2022. Le prix a été remis par Blandine Georjon, secrétaire générale de la préfecture, avec la participation de Guy Robail administrateur de la caisse régionale du Crédit Agricole Centre-Loire, qui a d’ailleurs remis un chèque de soutien au GIEE. Pour rappel, le GIEE Paill’Ô Bois, créé en 2015, regroupe une vingtaine d’exploitants nivernais. Anne-Lise Segaud, animatrice à la Fédération des Cuma, insiste : « ce groupement est force de propositions et travaille en continu pour trouver des pratiques innovantes ». Et d’ajouter : « les exploitants nivernais sont pris en exemple par les départements limitrophes pour ce type de conduite, cela prouve que notre territoire a une certaine avance dans le domaine et il est important de le mettre en avant ». Blandine Georjon conclut : « il est nécessaire de reconnaître et d’apprécier les efforts des exploitants pour obtenir un modèle durable avec une préservation de la biodiversité via une reconstitution et une préservation de la haie bocagère tout en expérimentant de nouveaux débouchés économiques. Ce Grand prix régional est la démonstration de cette reconnaissance ».