IGP Sapin de Noël du Morvan

Une reconnaissance globale

À l’initiative de la Préfecture de la Nièvre, une réunion publique de présentation du projet de labellisation IGP « Sapin de Noël du Morvan » était organisée le 15 avril à Ouroux-en-Morvan. Pour Yosr Kbairi, sous-préfète de Château-Chinon, « cette IGP (indication géographique protégée, ndlr) pour une filière végétale est inédite pour notre territoire et au niveau national. Cette démarche, engagée depuis environ 7 ans, arrive dans une phase décisive, il semblait donc opportun de faire un point ».

Une protection majeure

Pour mémoire, les limites de l’IGP sapin de Noël du Morvan sont celles du Parc naturel régional à quelques exceptions comme le Vézelien, car seuls les sols granitiques sont pris en compte. Pour Ambroise Sarret (Inao, en charge du dossier IGP des sapins de Noël du Morvan), « une IGP permet de lutter contre l’usurpation de qualité. Dans le cadre spécifique des sapins de Noël du Morvan, elle s’appliquera de la plantation au conditionnement. C’est aussi une manière de protéger le foncier agricole, car l’Inao donnera ou non son aval si un projet de construction est envisagé sur les terres de l’IGP ».

12 producteurs engagés

Aujourd’hui 12 producteurs de sapins de Noël sont rassemblés autour de la labellisation IGP, à l’image d’Isabelle Boussard (Aiguilles du Morvan à Champeau-en-Morvan) invitée à témoigner lors de la réunion. « Je suis engagée dans le projet car je pense que c’est une bonne manière de légitimer nos méthodes culturales. Nous sommes souvent montrés du doigt avec des accusations sévères. Il est temps que nous fassions voir la vérité de nos pratiques et ce label peut nous y aider ». Philippe Chaventon (Earl du Parc, à Dun-les-Places et participant au projet de l’IGP) acquiesce et poursuit : « avec l’IGP nous pourrons nous détacher de la concurrence française, européenne et étrangère ».

Le coût du bouclier

Mais, qui dit IGP dit forcément cahier des charges spécifique. « Il est rédigé par les intéressés et l’association Excellence végétale », souligne Ambroise Sarret. Sur ce point, Sylvie Robert, déléguée générale de l’association, en liste les obligations et interdictions. « Il faut être engagé dans une démarche écoresponsable, l’utilisation d’engrais de synthèse est interdite, la coupe doit être tardive pour assurer la fraîcheur du produit, l’utilisation de filet mailles LZ ou ficelles synthétique est interdite pour les sapins mesurant jusqu’à 3 m, distance minimale de plantation à respecter obligatoirement, fauche tardive obligatoire pour préserver la biodiversité. En fait, la majorité des producteurs fait déjà cela au niveau du Morvan. Mais, cela permettra de le mettre en avant auprès des consommateurs, avec un label de confiance ». Pour elle, cette confiance accordée passe par l’existence et la fréquence des contrôles permettant de garantir le bon suivi du fameux cahier des charges de l’IGP et de la traçabilité des produits. À cet aspect positif, les producteurs présents opposent le temps et l’argent qu’ils doivent allouer : « les sapins sont implantés pour minimum 3 ans… ils ne bougent pas alors pourquoi avoir autant de contrôles, d’autant plus en période d’activité ? » interpelle Jean-Christophe Bonoron (Sapins de Noël Bonoron). Sylvie Robert rétorque « que si l’IGP est portée par une organisation de producteurs, alors c’est elle qui sera contrôlée et non les exploitants. Mais, il est nécessaire de constituer un collectif uni de professionnels ». Marc-Henri Blarel, consultant en stratégie marketing ayant apporté son expertise dans le dossier, martèle : « avec un collectif d’exploitants, vous pourrez vous accorder sur les prix. Cette IGP offre aussi une valeur pour l’avenir avec une solidité de débouchés pouvant justifier le prix de cession ». Et de conclure : « il y aura des investissements à faire, pour certains cela sera dur… Mais, si vous vous accordez, vous en toucherez les bénéfices dans quelques années… ». Le dossier de labellisation IGP « Sapin de Noël du Morvan » devrait passer devant le comité national courant mai puis devant la commission européenne pour validation finale dans l’année.