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Crise du sucre et sécheresse

Une mauvaise année pour les planteurs de betterave

La confédération générale des planteurs de betteraves de l’Yonne (CGB de l’Yonne) a tenu son assemblée générale le 21 mai dernier pour dresser le bilan d’une année 2018 bien compliquée, entre des cours mondiaux au plus bas et des rendements impactés par la sécheresse.
Par Orianne Mouton
Une mauvaise année pour les planteurs de betterave
Didier Renoux, président de la CGB de l’Yonne
Des planteurs de betteraves en plein doute sur l’avenir de leur culture. C’est le sentiment global qui émane de l’assemblée générale de la CGB. Les problématiques se multiplient et jouent sur la production betteravière soumise à des cours mondiaux plus que fluctuants.
Sur le dossier des néonicotinoïdes interdits en traitement de semences, Didier Renoux, président de la CGB de l’Yonne, regrette, malgré la multitude d’actions et de demandes «qu’aucune dérogation n’ait été autorisée par le gouvernement français, contrairement à 12 pays européens sur les 18 qui produisent de la betterave. C’est un échec économique pour nos fermes». Les alternatives de traitements foliaires sont «au moins 2 voire 3 fois plus coûteuses.» Une belle illustration de la distorsion de concurrence qui sévit sur le secteur, liée à de grosses différences de produits autorisés et d’aides à la production entre les pays.
La campagne 2018, marquée par des cours mondiaux en chute libre, a connu de lourdes problématiques de paiement « nos deux groupes coopératifs ont renié leurs engagements en matière de valorisation de cette récolte 2018 » se désole Didier Renoux. En effet les prix annoncés à la signature des contrats n’ont pas pu être honorés et ont été revus à la baisse pour la campagne 2018. Pour la campagne 2019, les incertitudes pèsent sur le prix qui n’est parfois pas garanti ou pas annoncé dans les contrats.

Une lueur d’espoir dans l’éthanol
Avec le développement des énergies renouvelables, la production d’éthanol est une chance pour la production betteravière. L’E85 est en plein essor, dans la lignée de l’E10, et le syndicat espère que cet envol permettra une meilleure rémunération de la betterave dans un avenir proche.
Heureusement, ce n’est pas la seule lueur d’espoir pour les planteurs de betteraves, comme l’a expliqué Timothée Masson, du service économique de la CGB, au travers d’une présentation sur « la crise du sucre : la comprendre pour en tirer des conclusions. » Après avoir atteint des cours du sucre mondiaux jamais atteints depuis 10 ans, autour de 285-290 €/t en 2018, à cause d’une explosion de la production indienne qui a déstabilisé les marchés déjà bien saturés, les prévisions sont plus encourageantes. Entre le cours du réal, la monnaie brésilienne, le prix du baril de pétrole et la production de sucre roux et ses spéculations, le cours mondial du sucre connaît une volatilité conséquente. Mais en globalité, il s’annonce rémunérateur sur le long terme selon Timothée Masson, à condition de s’adapter au marché en ajustant annuellement les surfaces au marché.

Les chiffres clés 2018 de la betterave sucrière dans l’Yonne

150 planteurs
3 sucreries : Ouvré fils, Téréos et Cristal Union
2 600 ha 64,5 t à 16° sucre (moyenne 5 ans : 81,5 t à 16° sucre)
Pour la campagne 2019 :
157 planteurs sur 2 340 ha