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Bourse de Commerce Européenne

Une 53ème édition d'€™exception

Directeur du groupe Cavap Vanagri, Baudouin Delforge est également président du Syndicat Général de la Bourse de Commerce de Paris et du Consortium des Bourses Européennes. Il vient à ce titre d'€™organiser la 53e Bourse de Commerce Européenne qui s'€™est déroulée les 10 et 11 octobre à Paris
Par Dominique Bernerd
Une 53ème édition d'€™exception
De droite à gauche: Baudouin Delforge, président du Syndicat Général de la Bourse de Commerce de Paris et du Consortium des Bourses Européennes, directeur du groupe coopératif Cavap Vanagri; Jean-François Loiseau, président d'Axéréal et d'Agralys; Eric Al
Après 10 ans d'€™absence, la Bourse de Commerce Européenne était de retour cette année en France. Et un pari réussi pour le Syndicat Général de la Bourse de Commerce, maître de cérémonie de l'€™évènement, avec plus de 3400 visiteurs, venus de 50 pays différents. Un rendez-vous mondialisé, à l'€™image des enjeux de la filière céréalière aujourd'€™hui, rassemblant les professionnels des métiers des grains, de l'€™amont à l'€™aval de la production : organismes stockeurs, coopératives, négoces, transporteurs, courtiers, etc. Dépassant largement les frontières européennes, l'€™évènement représente une opportunité unique pour les acteurs internationaux de la filière d'€™échanger directement pour renforcer des relations commerciales ou développer de nouveaux débouchés. Après 1990 et 2004, c'€™était la troisième fois de son histoire que Paris accueillait la Bourse de Commerce Européenne, devenue deux jours durant capitale mondiale des céréales.
[INTER]«Toujours vouloir aller vers le mieux...»[inter]
[G]TdB : Président du Syndicat Général de la Bourse de Commerce de Paris, vous êtes également directeur d'€™un groupe coopératif dans l'€™Yonne. Cette double fonction est importante pour vous ?[g]
Baudouin Delforge : [I]«C'€™est même essentiel. Je ne peux jamais faire abstraction de mes exigences de terrain et cela m'€™a beaucoup aidé pour réaliser cet évènement. Rester les pieds sur terre empêche tout effet de parisianisme. Je conserve mes bases et tiens compte de l'€™avis de mes agriculteurs. C'€™est valable également dans l'€™autre sens, lorsque j'€™essaie de faire comprendre toute l'€™importance à montrer une belle image de notre filière à l'€™international et rappeler qu'€™en la matière, nous sommes un grand pays»[i]
[G]TdB : Cette manifestation a été avant tout un lieu d'€™échanges ? [g][I]«Carrefour stratégique d'€™échanges pour l'€™avenir du secteur, c'€™est aussi l'€™endroit où le pays organisateur peut « montrer ses muscles » et l'€™état de santé de sa filière commer ciale. C'€™est d'€™autant plus stratégique, à une période où nos clients habituels, comme les pays du Maghreb, sont extrêmement sollicités par la concurrence qui, elle aussi, vise de critères qualitatifs importants... Comme je l'€™ai rappelé au ministre : l'€™essentiel n'€™est pas tant d'€™être le meilleur, mais de toujours vouloir aller vers le mieux. Quand on est le meilleur, il faut toujours se méfier du second qui a envie d'€™être à votre place.» [i]
[G]TdB : Présent le premier jour, Stéphane Le Foll est revenu le lendemain pour l'€™inauguration : une double présence qui a valeur de symbole ? [g]
[I]«Je crois qu'€™il a apprécié cet accueil à la fois, chaleureux et professionnel, laissant de côté tout effet politique. Nous avons les mêmes objectifs, même si politiquement, il peut y avoir des différences et c'€™est cela le plus important, à la fois pour notre filière et notre pays...» [i]

Interview: Questions à Stéphane Le Foll

Déjà présent la veille lors de la première journée pour la conférence-débat d'€™ouverture, le ministre de l'€™agriculture, Stéphane Le Foll était de retour le lendemain au Palais des Congrès de la Porte Maillot, pour l'€™inauguration officielle de la 53ème Bourse de Commerce Européenne. Guidé par le président Delforge, il a fait le tour des stands, ponctuant son parcours à pas cadencé, d'€™entretiens impromptus avec de nombreux acteurs de la filière céréalière TdB : Que retenez-vous de vos différentes rencontres de la matinée avec les professionnels de la filière ? Stéphane Le Foll : «Je suis venu parce que je considère qu'€™il y a là aussi, un message à passer aux céréaliers et à l'€™ensemble du monde du végétal. Nous avons fixé avec le Président de la République à Cournon une priorité sur l'€™élevage et c'€™était important. Mais moi, je n'€™ai jamais considéré opposer des agriculteurs. J'€™ai besoin de maintenir une ambition pour l'€™ensemble diversifié de toutes les agricultures et dans cette diversité bien sûr, il y a les productions végétales, même si j'€™ai besoin de mon autre jambe qu'€™est l'€™élevage, qu'€™il faut garder et défendre... Aujourd'€™hui, ma présence est là pour dire, au vu de tous les opérateurs rencontrés, cette capacité qui est la nôtre à être présent sur les marchés internationaux, méditerranéens, africains... Etre ici, c'€™est aussi marquer l'€™attachement du ministre que je suis à cette grande filière céréalière française... » TdB : Que répondez-vous aux agriculteurs et coopératives céréalières qui se plaignent aujourd'€™hui d'€™une baisse de la qualité protéinique des blés, conséquence d'€™une diminution de l'€™apport azoté ? «Sur ce sujet est engagé une vraie discussion au niveau de FranceAgriMer et les stratégies à mettre en place. Le niveau de qualité de nos blés est un enjeu majeur sur les marchés, notamment les plus traditionnels et historiques comme ceux du Bassin Méditerranéen. Cette question de la qualité des blés est au cœur d'€™un débat et il faut voir comment répondre à cet objectif. J'€™ai entendu de la part de la profession que le taux de protéines, c'€™est l'€™azote ! Oui ! Mais en même temps, je n'€™ai pas envie de dire que pour parvenir à exporter du blé, on va arroser de l'€™azote partout ! On a besoin de l'€™azote bien entendu, mais d'€™abord, ça coûte cher et on ne plus faire comme si, derrière les hommes, il n'€™y avait pas de risque de pollution. La question aujourd'€™hui est de savoir comment on fait pour l'€™utiliser à bon escient, qu'€™il se fixe sur la plante et pas ailleurs... Mais sur ce point technique, le débat est engagé, même si on est tous d'€™accord pour dire : alerte ! Pourquoi pas un paiement à la qualité au travers des contrats ? Se pose aussi la question des semences et la sélection, peut-être n'€™avons-nous pas assez travaillé là-dessus aussi ? Il y a tout un dispositif à mettre en place, mais stratégiquement, on est tous d'€™accord... Notre grand marché méditerranéen, c'€™est avant tout le blé panifiable. Attention à ne pas en être déconnecté, d'€™autant que la concurrence est grande...»