Moissons
Un tour de moissonneuse pour le préfet
Lundi 9 juillet, le préfet de l’Yonne Patrice Latron s’est rendu chez Franck Pouillot, céréalier de Quenne, pour assister aux moissons. L’occasion de faire un premier bilan des récoltes et d’aborder plusieurs points importants pour l’agriculture icaunaise.

à mi-moisson du blé, l’agriculteur s’est octroyé quelques heures de pause pour recevoir le préfet de l’Yonne. L’occasion pour ce dernier de découvrir l’exploitation familiale de 355 ha où Franck a fait le choix de l’agriculture de conservation, avec une rotation diversifiée colza, blé, orge, pois, chanvre et sarrasin. «La moitié de l’exploitation est sur la zone de captage des Boisseaux. On s’est donc engagé en MAE en 2010 et on a reconduit avec la nouvelle version jusqu’en 2021. Cette MAE impose de réduire de 40 % les indicateurs de fréquence de traitements phytosanitaires (IFT), et on doit engager plus de 70 % de nos surfaces. On y arrive grâce à l’agriculture de conservation : le non-travail du sol et l’implantation rapide de couverts. Pour moi c’est la troisième voie, entre le conventionnel et le bio, plus vertueuse en termes d’utilisation d’intrants, mais qui reste productive. Ici, on arrive aux mêmes rendements qu’en conventionnel, avec 220 € de charges/ha, contre parfois 500 €/ha en conventionnel».
Premier point sur les moissons
Le préfet a pu prendre connaissance du premier ressenti de la récolte 2018 : une hétérogénéité bien présente sur le département, avec des secteurs hydromorphes impactés par les pluies de l’hiver et des zones plus drainantes comme les plateaux qui «s’en sortent un peu mieux» même si les conditions optimales de mai laissaient de meilleurs espoirs. Damien Brayotel, président de la FDSEA aborde les prix «Si les cours du blé se maintiennent à 160 €, ce ne sera pas exceptionnel, mais ça couvrira les charges, contrairement à l’an dernier, à 130 ou 140 € où c’était un peu juste». La plus grande préoccupation du moment reste l’engorgement des silos. «La moisson ne s’arrête pas avec ce beau temps, les silos reçoivent du grain sans arrêt ! Avec les problèmes de la SNCF, des réseaux fluviaux et le manque de camions, qui sont utilisés en masse pour le chantier du Grand Paris, difficile de faire de la place…» explique Franck Pouillot.
Les dossiers agricoles du département
Le Ministre de l’Agriculture Stéphane Travers a entamé un travail de caractérisation de «zones intermédiaires», représentant les territoires où la filière grandes cultures rencontre des difficultés, pour y envisager des mesures d’accompagnement. L’occasion pour Damien Brayotel d’appuyer au préfet l’idée que la région soit reconnue comme zone intermédiaire. «Nos sols sont peu profonds avec des réserves utiles faibles, nos rendements stagnent, au contraire d’autres régions qui gagnent en moyenne 1 quintal par an, et nous subissons des aléas climatiques récurrents. Financièrement, la situation est compliquée pour les céréaliers. Il nous faut un accompagnement économique, technique et des investissements. Par exemple, la mise en place de retenues d’eau d’irrigation serait bienvenue pour pallier au changement climatique et pouvoir diversifier les rotations. À ce sujet, il faudrait un soutien aux filières pour créer de nouveaux débouchés économiquement et agronomiquement intéressants comme la lentille, le soja non-OGM… » Autre sujet sensible, les 5 agriculteurs touchés par la réforme des Zones Défavorisées Simples. Le préfet s’engage pour leur accompagnement à long terme «Il faudra mettre en place un petit comité et les rencontrer en septembre à la DDT avec la Chambre d’Agriculture pour voir ce qu’on peut faire pour eux…» Dernier point abordé : la Pac, qui, selon certains, n’a plus grand-chose de «Commun» au vu des orientations annoncées pour 2020, laissant aux États, voire aux régions, la liberté d’en définir les mesures d’application. Les agriculteurs redoutent de nouvelles distorsions de concurrence…
Premier point sur les moissons
Le préfet a pu prendre connaissance du premier ressenti de la récolte 2018 : une hétérogénéité bien présente sur le département, avec des secteurs hydromorphes impactés par les pluies de l’hiver et des zones plus drainantes comme les plateaux qui «s’en sortent un peu mieux» même si les conditions optimales de mai laissaient de meilleurs espoirs. Damien Brayotel, président de la FDSEA aborde les prix «Si les cours du blé se maintiennent à 160 €, ce ne sera pas exceptionnel, mais ça couvrira les charges, contrairement à l’an dernier, à 130 ou 140 € où c’était un peu juste». La plus grande préoccupation du moment reste l’engorgement des silos. «La moisson ne s’arrête pas avec ce beau temps, les silos reçoivent du grain sans arrêt ! Avec les problèmes de la SNCF, des réseaux fluviaux et le manque de camions, qui sont utilisés en masse pour le chantier du Grand Paris, difficile de faire de la place…» explique Franck Pouillot.
Les dossiers agricoles du département
Le Ministre de l’Agriculture Stéphane Travers a entamé un travail de caractérisation de «zones intermédiaires», représentant les territoires où la filière grandes cultures rencontre des difficultés, pour y envisager des mesures d’accompagnement. L’occasion pour Damien Brayotel d’appuyer au préfet l’idée que la région soit reconnue comme zone intermédiaire. «Nos sols sont peu profonds avec des réserves utiles faibles, nos rendements stagnent, au contraire d’autres régions qui gagnent en moyenne 1 quintal par an, et nous subissons des aléas climatiques récurrents. Financièrement, la situation est compliquée pour les céréaliers. Il nous faut un accompagnement économique, technique et des investissements. Par exemple, la mise en place de retenues d’eau d’irrigation serait bienvenue pour pallier au changement climatique et pouvoir diversifier les rotations. À ce sujet, il faudrait un soutien aux filières pour créer de nouveaux débouchés économiquement et agronomiquement intéressants comme la lentille, le soja non-OGM… » Autre sujet sensible, les 5 agriculteurs touchés par la réforme des Zones Défavorisées Simples. Le préfet s’engage pour leur accompagnement à long terme «Il faudra mettre en place un petit comité et les rencontrer en septembre à la DDT avec la Chambre d’Agriculture pour voir ce qu’on peut faire pour eux…» Dernier point abordé : la Pac, qui, selon certains, n’a plus grand-chose de «Commun» au vu des orientations annoncées pour 2020, laissant aux États, voire aux régions, la liberté d’en définir les mesures d’application. Les agriculteurs redoutent de nouvelles distorsions de concurrence…
L’agrainage toujours au cœur des débats
- TDB : Cette visite sur une exploitation pour un préfet en exercice, le temps de la moisson était une première. Une visite qui a valeur de symbole… ?
Préfet Latron : «L’Yonne est une terre céréalière, il me semblait logique, dans une période cruciale pour les céréaliers, de venir pour voir comment ça se passe, pour comprendre et on comprend toujours mieux sur le terrain qu’en lisant des notes. Et puis, pour être à leurs côtés dans une période, j’en discutais avec l’exploitant, qui est épuisante, une période de tension, de fatigue physique… Et enfin, pour témoigner de l’intérêt et de la considération que l’on doit manifester envers une filière importante pour le département et je ferai pareil au moment des vendanges, en me rendant là aussi, aux côtés des viticulteurs…»
- TDB : Même en moisson, on vous parle encore et toujours, des dégâts de sangliers…
Préfet Latron : «J’ai pu constater aujourd’hui de visu les dégâts occasionnés dans une parcelle. Nous sommes en attente du nouveau schéma cynégétique dressé par la fédération des chasseurs. Je leur ai d’ailleurs transmis un courrier de plusieurs pages à ce sujet, en précisant les observations de l’État. Concernant l’agrainage, je serai d’autant plus vigilant, que j’ai moi-même ouvert la voie à une expérimentation, lors de la dernière AG des chasseurs, en avril dernier. Vigilant à la fois sur l’agrainage classique tel qu’il se pratique une partie de l’année et puis sur cette expérimentation allant dans le sens des chasseurs, pour un agrainage toute l’année et voir sur une saison, si on diminue la présence de sangliers ou pas… L’enjeu derrière, étant que les chasseurs parviennent à trouver en lien avec la profession agricole et l’État, des règles qui seront respectées, à savoir, un agrainage diffus, à 200 m des bordures de champs. Il en va de l’intérêt des agriculteurs aussi, de travailler avec nous, à trouver un lieu pour cette expérimentation, qui convienne à tous et que l’on pourrait surveiller. Parce que dans la réussite de l’agrainage, il y a une partie importante qui est la surveillance des lieux, afin d’éviter tout agrainage sauvage et je pense que cette discipline, c’est aux chasseurs de l’organiser…»
Préfet Latron : «L’Yonne est une terre céréalière, il me semblait logique, dans une période cruciale pour les céréaliers, de venir pour voir comment ça se passe, pour comprendre et on comprend toujours mieux sur le terrain qu’en lisant des notes. Et puis, pour être à leurs côtés dans une période, j’en discutais avec l’exploitant, qui est épuisante, une période de tension, de fatigue physique… Et enfin, pour témoigner de l’intérêt et de la considération que l’on doit manifester envers une filière importante pour le département et je ferai pareil au moment des vendanges, en me rendant là aussi, aux côtés des viticulteurs…»
- TDB : Même en moisson, on vous parle encore et toujours, des dégâts de sangliers…
Préfet Latron : «J’ai pu constater aujourd’hui de visu les dégâts occasionnés dans une parcelle. Nous sommes en attente du nouveau schéma cynégétique dressé par la fédération des chasseurs. Je leur ai d’ailleurs transmis un courrier de plusieurs pages à ce sujet, en précisant les observations de l’État. Concernant l’agrainage, je serai d’autant plus vigilant, que j’ai moi-même ouvert la voie à une expérimentation, lors de la dernière AG des chasseurs, en avril dernier. Vigilant à la fois sur l’agrainage classique tel qu’il se pratique une partie de l’année et puis sur cette expérimentation allant dans le sens des chasseurs, pour un agrainage toute l’année et voir sur une saison, si on diminue la présence de sangliers ou pas… L’enjeu derrière, étant que les chasseurs parviennent à trouver en lien avec la profession agricole et l’État, des règles qui seront respectées, à savoir, un agrainage diffus, à 200 m des bordures de champs. Il en va de l’intérêt des agriculteurs aussi, de travailler avec nous, à trouver un lieu pour cette expérimentation, qui convienne à tous et que l’on pourrait surveiller. Parce que dans la réussite de l’agrainage, il y a une partie importante qui est la surveillance des lieux, afin d’éviter tout agrainage sauvage et je pense que cette discipline, c’est aux chasseurs de l’organiser…»