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Colza

Sillon creusé, graine semée

Entre le 15 août et le 1er septembre, l’heure est aux semis de colza. Un non-événement qui revient tous les ans, mais dont la réussite tient parfois à peu de choses…
Par Hugo Albandea
Sillon creusé, graine semée
Avant de remplir les silos, il faut réussir ses semis.
Terminer les semis de colza avant la pluie. Pour Alain Renoux, agriculteur à Saint-Valérien, le défi est relevé. 150 hectares et une fenêtre d’une semaine maximum, il faut se relayer pour mettre à profit chaque instant. L’agriculteur partage le semoir avec une autre exploitation, «ils préparent la terre, je sème. Si j’avais que mes champs, j’aurais juste 40 ou 45 hectares à semer, mais là c’est 150». Les journées commencent à 6 heures 30 et finissent à la tombée de la nuit.
Jeudi 24 août, il est midi et le tracteur roule à la vitesse maximum sur une parcelle de 12 hectares à la sortie de Saint-Valérien, direction Chéroy/Nemours. La pause repas attendra. Il n’a pas plu depuis lundi, le semoir soulève un peu de poussière sur son passage. «L’alternance de pluie et de sec, c’est bon pour préparer la terre», indique Alain Renoux. Les fortes précipitations du 12 août ont tout de même posé quelques problèmes d’humidité, car le sol de la région contient une couche d’argile qui retient l’eau à une quarantaine de centimètres de profondeur. Résultat : l’humidité ressort par endroits, et la sédimentation empêche la graine de lever. À la surface, la terre est composée de limons battants froids et humides. Un sol «plutôt facile, mais qui gêne les levées s’il pleut au mauvais moment», selon Alain.
Le céréalier, qui est aussi vice-président de la Fop, devrait terminer les semis vendredi 25 août, si tout va bien. Il craint le retour de la pluie : «Le tracteur est tombé en panne hier, le temps de la réparation est peut-être celui qui va me manquer pour terminer avant les orages». Alain Renoux tient à semer suffisamment tôt pour que les colzas soient bien développés avant l’hiver et qu’ils résistent aux insectes. Une technique de lutte contre les parasites sans produits phytosanitaires à laquelle il tient : «Ici, dans le nord de l’Yonne, on a peu de résistance aux insecticides par rapport au sud. Pour éviter d’en développer, on a recours à ce genre de technique !».
Il paraît que les agriculteurs aiment la pluie. «C’est vrai, mais juste au bon moment», plaisante Alain Renoux. Les semis de l’année passé ont été plutôt bons, avec des levées régulières. Et pour cette année ? «On saura dans huit jours», lance l’agriculteur. «On sème proche de la surface, donc il faut un peu d’eau. Avec sept ou huit millimètres, ça sera bien. Si on se prend 40 millimètres en dix minutes, ça sera moins bien !».