[I]«Seule l'ambition politique dicte nos décideurs qui n'en sont plus à un mensonge ou à une promesse près ...»[i] En quelque mots, la toile est dressée et le ton donné. Car c'est dans ce climat de mécontentement et de ras-le-bol que les Anciens exploitants de la FDSEA 58 ont ouvert leur assemblée générale annuelle. Déconcertés, c'est le mot. Et force est de reconnaître que le mépris manifesté par l'àtat et tous les politiciens de bas étages qui pullulent dans les [I]«travées»[i] de l'Assemblée nationale et du Sénat, en auraient poussé plus d'un à l'expression brutale d'une colère depuis trop longtemps contenue. Comment encore tolérer dans notre pays, que plus de 50% des anciens exploitants, ayant consacré l'ensemble de leur vie au travail, perçoivent des pensions d'un montant inférieur à l'ensemble des minima sociaux ? Comment expliquer qu'après une vie de labeur, certains ne puissent retrouver dans leurs pensions de quoi assurer le minimum vital, se loger, se nourrir, se chauffer? Ceci est tout bonnement incompréhensible et comme le soulignait très justement en guise de boutade Jean Monais, président de la SDAE 58, lors de son discours d'accueil, [I]«les anciens exploitants n'auraient-ils pas du en leur jeune temps embrasser une carrière de Rmiste à la charge de la société?»[i] Autant de questions aujourd'hui sans réponses, mais qui dans les faits, ne laissent que peu de doute sur l'évidence de s'en remettre à une action syndicale rénovée pour qu'enfin nos décideurs mettent en œuvre des politiques cohérentes et fondées, en clair, totalement inverse à leur mode de fonctionnement actuel.
[INTER]Des politiques rois de la communication et du «zéro résultat»[inter]
Car si une chose est sûre c'est que depuis plusieurs années maintenant, les effets d'annonce deviennent monnaie courante. Depuis trop longtemps les politiques se gargarisent devant les médias d'offrir «LA» solution, sans pour autant que la moindre nuance ne soit perçue dans le quotidien de retraités de plus en plus précarisés. La mise en place de la Retraite complémentaire obligatoire (RCO) en est l'illustration même. Depuis qu'elle a été créée, jamais celle-ci n'a permis à un ancien exploitant d'atteindre les seuils d'objectifs que la loi avait fixé. Mais que dire du dernier plan de revalorisation des petites retraites agricoles. [I]«Grâce aux réflexions poussées de quelques intellectuels nichés du côté de Bercy»[i], des critères restrictifs ont été introduits dans les décrets d'application de la loi de financement de la sécurité sociale, réduisant de plus de moitié le nombre de bénéficiaires des mesures. Au final seulement 39% de l'enveloppe prévue pour ce plan a été consommée et de surplus, l'àtat a demandé aux caisses MSA d'avancer l'argent pour honorer ses propres engagements!!! Des faits inadmissibles dénoncés par les participants et face auxquels la MSA, représentée par Bernard Martin, s'est dite profondément indignée et solidaire des positions de la FNSEA et de ses anciens exploitants.
Les anciens exploitants exigent un rattrapage de la situation
Dans son intervention, Jean-Paul Bizien, secrétaire général de la Section nationale des anciens exploitants(SNAE), revenait par ailleurs sur les demandes formulées par la SNAE et la FNSEA à l'issue du triste bilan des revalorisations dressé par l'administration. Il a été exigé du gouvernement que l'ensemble de l'enveloppe promise (116 millions d'€) soit immédiatement utilisée et que les mesures d'accès au dispositif soit revues afin de répondre aux objectifs initiaux du plan. Tout un programme, mais il faut quoi qu'il en soit, faire en sorte de simplifier une mécanique administrative imbuvable ne permettant pas de répondre à l'urgence de la situation. Dans un contexte de crise économique et sociale où les ménages les plus précaires souffrent, nos élus semblent bien loin d'avoir pris la mesure de l'isolement vécu par de nombreux retraités de l'agriculture et cela malgré les beaux discours. D'où cette citation bien connue : [I]«Certains politiques ont l'air honnête mais lorsqu'il te serre la main il y a un réel intérêt à recompter ses doigts[i]». Tout un symbole ...
Jean Monais, président de la section départementale des anciens exploitants de la Nièvre
[G]T.D.B: àtes vous satisfait de votre assemblée générale ?[g]
[I]J.M : Notre assemblée générale était très conviviale. Nous avons eu un accueil très chaleureux de la part du lycée agricole et du Maire de Varzy. Nos interventions très riches, ont éclairé nos adhérents. Nous avons également reçu une bonne nouvelle de la part du représentant de Groupama, qui a informé l'assemblée d'une amélioration du protocole d'accord. [i]
[G]T.D.B : Que pensez vous des engagements de l'àtat concernant la revalorisation des retraites ?[g]
[I]J.M : Le montant de l'enveloppe s'élève à 116 millions d'euros. Aujourd'hui 1/3 seulement de cet argent est redistribué aux petites retraites. Mais on se demande si le reste de l'enveloppe est aujourd'hui existant et disponible. [i]
[G]T.D.B: Que demande votre section ?[g]
[I]J.M : Actuellement, nous sommes dans l'attente de réponses de la part de la MSA, pour connaître l'évolution de cette revalorisation. Nous souhaitons que tous les dossiers soient traités. Beaucoup de personnes n'ont pas reçu de courrier et n'ont à ce titre pas pu bénéficier des revalorisations auxquelles elles auraient pu prétendre.[i]
[G]T.D.B : Comment voyez vous cette revalorisation?[g]
[I]J.M : Aujourd'hui, les politiques sont basées sur du spectacle. On nous promet beaucoup de choses en maximisant les discours, mais en minimisant les actes. Nos dirigeants procèdent de cette manière.[i]
[G]T.D.B : Quels sont les projets de la section départementale des anciens exploitants ?[g]
[I]J.M : Nous nous devons de continuer à mener notre combat pour revaloriser les petites retraites, notamment celles des aides familiaux, des veuves d'exploitants agricoles et des conjointes collaboratrices. Nous aimerions également, que des jeunes retraités intègrent notre section. Nous allons effectuer notre voyage du 12 au 18 septembre au Mont-Saint-Michel et sur la presqu'île du Cotentin. Deux autres manifestations sont au programme, avec une visite des ateliers Ponge et une journée cabaret à l'automne.[i]
Propos recueillis par Jennifer Paillé
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